Comestibles ► Cuillères pour l’urgence climatique : des couverts bien sous tous rapports

Voilà une ménagère bien sous tous rapports… « Les enfants, vous allez finir votre assiette… » C’est ce qu’on disait autrefois, avant de s’apercevoir que la faim n’était pas une fin en soi. Maintenant, la même phrase revient mais n’a pas tout à fait le même sens. Il s’agit de manger l’assiette elle-même… et les couverts qui vont avec. Tout ça est comestible bien sûr et plonge directement le consommateur dans un retour au XXIe siècle, style retour vers le futur. C’est futuriste rétrograde, voire régressif, dans l’air du temps, écologique, bien pensant et surtout marrant. Est-ce que c’est cher ? Ben oui, forcément un peu quand même.

Les assiettes et les couverts comestibles sont à la farine ou au son de blé, avec de l’huile de colza, du sucre glace et de l’arôme naturel d’amande pour les petites cuillères à dessert, sans additif, bio et bio dégradable… Tout ce qui va bien.

En plus, ils résistent dans l’eau chaude à plus de 65 degrés celsius. On peut touiller le café du matin sans problème ou manger une glace en bord de rivière et puis grignoter l’ustensile, en fait comme si c’était un petit gâteau d’accompagnement. Il faut juste viser la fenêtre de tir, démarrer la DeLorean et ne pas mettre trop longtemps à touiller ou à déglutir au risque de voir l’outil se gondoler sévèrement et puis se déliter dans le liquide. Mais bon, ça tient pas mal, on a testé pour vous et ça amuse les gosses et puis côté déchets, c’est zéro. Je veux dire zéro déchet, comme il faut. C’est une belle alternative au plastique, énorme source de pollution, ce n’est plus à prouver, et ça ne nécessite pas de vaisselle donc pas de produit inutile ni de déperdition d’eau.

Les fabricants planchent
sur le couteau

Chaque année en France, 4,7 milliards de cuillères en plastique sont jetées. La solution des couverts comestibles a pointé le bout de son nez en 2020, au moment de l’interdiction des objets en plastique à usage unique comme les pailles à boire, touillettes à café, gobelets dans les restos fast-food, piques à steak ou encore cotons-tiges, histoire de ne pas dire que seule la restauration est concernée.

Question goût, c’est accordable selon le contenu de votre assiette, sucré ou salé. Cuillères et fourchettes se fabriquent nature, aux herbes de Provence, goût vanille, à la fleur d’oranger. Les fabricants planchent sur le couteau, un ustensile pas facile à faire tenir suffisamment rigide pour couper. Evidemment, si la côte de porc du barbecue est un peu sèche, elle risque d’être franchement pas facile à découper, mais peut-être pas moins qu’avec un couteau en plastique qui survit aussi avec difficulté aux assauts d’une main pressée.

Question prix, à titre d’exemple, un kit de dix assiettes comestibles de vingt centimètres de diamètre coûte 5,50 euros, dix bols valent 6,50 euros, un lot de vingt fourchettes aux herbes coûte 15, 50 euros, un lot de cinquante cuillères nature coûte 24 euros. Pour comparer, un lot de cent petites cuillères jetables, en bois, biodégradables, coûte un peu plus de 9 euros, et cinquante cuillères en plastique environ 7 euros.

 

De l’entreprise
à la bonne cause

Il paraît qu’en 2003, la France, et plus particulièrement Paris qui devrait atteindre 50 degrés en été à l’horizon 2050, affichait une sorte « d’impréparation », comme l’a commenté Maud Lelièvre, conseillère de Paris, membre de la commission environnement – climat – biodiversité – propreté. Depuis, les autorités ont tenu des tas de réunions, de discussions, lancé des dossiers mais sans plan d’investissement… Ce sont les entrepreneurs qui se remontent les manches pour sauver la planète et au passage faire décoller leur petite – ou grande – activité. Le marché de la cuillère comestible a le vent en poupe.