Meaux ► Portrait d’un athlète en fauteuil : Philippe Baye se livre comme jamais dans « En roue libre »

Le sociétaire du CS Meaux handibasket, Philippe Baye, est une légende mondiale du basket fauteuil. L’homme attaché à la Seine-et-Marne, et bien plus à Crégy-lès-Meaux, a actuellement le cœur qui bat fort dans sa nouvelle région bordelaise. L’athlète, solide dans sa tête, a été la locomotive qui a permis au club meldois d’engranger les titres nationaux, les Coupes de France, et à Philippe de se forger un impressionnant palmarès. 176 sélections, 5 jeux paralympiques dont l’or en 1984 et deux médailles de bronze, argent au mondial, trois fois champion d’Europe, 14 titres de champion de France, 12 coupes de France… et la bagatelle de 19 378 points marqués. Qui dit mieux ?

 Le blocage sur l’enfance
Il ne manquait peut-être qu’une seule ligne mais de taille au parcours dantesque et sublime : un livre pour raconter son histoire sportive mais aussi l’homme qu’il est devenu en cachant une enfance délicate : « Il fallait que tout sorte d’un bloc. Quand j’ai eu le livre dans les mains, j’ai fondu en larmes en parlant à mon père disparu, lui qui m’a considéré comme moins que rien. La souffrance terrible que je n’ai jamais pu faire sortir de moi en la cachant à mes enfants m’a libéré. Je suis un homme neuf, heureux. Je ne souffre plus. Peut-être qu’il lira le livre là-haut où il est. »
Le livre est plus qu’une bouffée d’oxygène pour le baroudeur des parquets qui a fait de sa passion du basket sa ligne de vie. Cela lui a coûté deux mariages sans lui rapporter d’argent : « J’ai été payé seulement à Hyères en refusant des offres magnifiques de Madrid, d’Italie… » Son bonheur était simple, gagner le maximum de trophées pour les offrir aux gosses et partager la communion. J’ai tout donné jusqu’à la moindre médaille et voir les yeux émerveillés en offrant cela a été ma récompense. » Jusqu’à son dernier trophée offert au journaliste-écrivain, Olivier Crétel qui signe un fabuleux premier livre : « Je n’ai pas de mérite car Philippe est un bon client. Un plaisir partagé avec les ondes de joie mais aussi ses blessures non refermées. Philippe est un être rare, une belle personne. »
Le basket comme thérapie
Comme sur le terrain, Philou a tout donné, avec franchise et aucune retenue. Joueur fabuleux, travailleur infatigable, bête noire des arbitres pendant le match et amis ensuite à la buvette, l’homme entier a forcé son destin en ravalant sa douleur de la « patte un peu folle » Le gosse va devoir faire connaissance avec Berck, la ville qui a basé sa réputation sur l’accueil des scrofuleux, infirmes, tuberculeux. Les trente-six mois vont être les pires de toute sa courte vie de môme. « De toute ma putain de vie en fait. » Les plaies de la maltraitance ne se refermeront pas. Le basket sera son exutoire. Rien ne lui résistera dans sa marche triomphale : « Hélas mon père est parti avant que je ne sois le champion que je suis devenu. »
 
Un ch’ti au cœur d’or
Ce ch’ti au cœur aussi grand que ses mains qui ont enfilé tant de paniers se dévoile sans retenue mais une pudeur qui donne au livre un témoignage étonnant de vérité sous la plume sensible d’Olivier Crétel. On oublie totalement le handicap pour ne plus s’intéresser à la richesse morale de cet homme droit et intègre : « J’ai été un gueulard toute ma vie mais un homme au cœur tendre et toujours respectueux d’autrui. Je voue une reconnaissance éternelle à Robert Le Foll, le maire de Crégy-lès-Meaux qui m’a accueilli dans sa commune en me donnant la responsabilité du gymnase. On ne rencontre pas beaucoup d’hommes comme lui dans une vie. »
 
Philou conférencier
Avec son livre, Philippe veut faire partager à d’autres son existence de grand champion. Des conférences, des débats sont programmés et nul doute que les collégiens, lycéens tireront profit de la ligne de vie.
Fidèle à sa ligne de conduite, le grand Philippe a décidé de ne rien toucher pour les droits de son livre mais reversera les bénéfices au profit d’œuvres caritatives.
Jonathan Rohman, l’éditeur de Tas éditions a mis dans le mille pour son premier livre sorti de la nouvelle maison d’édition entièrement consacrée au sport pour tous. L’ouvrage sociétal et solidaire. Un trio magique qui a accouché d’un livre prenant sur la résilience et l’amour du basket,  ce qui a accouché d’un panier rempli d’ondes positives.344 pages, 18,90 euros, paru le 1er décembre, commandable en librairie ou TAS Editions (contact@taseditions.fr ou 06 61 69 27 60).