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L’horloge mécanique de la mairie de Chanteloup-en-Brie sonne toujours l’heure et la demi-heure depuis son installation, vers le dernier quart du XIXe siècle. Lundi 17 avril, le maire de la commune, Olivier Colaisseau, et son prédécesseur, Gérard Willaume, ont remonté l’horloge et le temps pour raconter l’histoire de l’appareil.
L’horloge de la mairie est assez capricieuse : elle sonne quand elle veut et le nombre de sonneries ne correspond pas toujours à l’heure donnée, mais elle fonctionne. Il suffit de la remonter et c’est le maire de la commune en personne qui se charge de le faire, trois fois par semaine. Après plusieurs tours de manivelle, le complexe et fascinant mécanisme de l’appareil se met en marche. Le maire, un brin plaisantin, déclare : « Remonter l’horloge de la mairie fait partie des missions d’un maire rural du XXIe siècle. »
L’horloge, installée dans les combles de la mairie, a traversé le temps – à partir de 1873 ou 1875, le poinçon de la date de fabrication a été en partie effacé – et a survécu à l’électrisation et l’informatisation des machines. Olivier Colaisseau tient à garder l’appareil : « L’horloge prend un peu de retard, cinq minutes par semaine. Elle sonne parfois et souvent pas au bon nombre de coups et on me demande pourquoi je veux la garder. Je réponds qu’en Italie, il y a une tour penchée qui ne sert à rien. Et bien, notre horloge est une vieille dame qui donne à la commune un cachet. Les visiteurs qui se mettront devant la mairie pour attendre la sonnerie ne sauront jamais à l’avance combien de coups seront sonnés. Ce qui en fait une expérience unique. » Le maire assure : « Pour son âge, la machine fonctionne bien. La partie rouage et mécanisme est impeccable. Le marteau de la cloche est juste un peu grippé. » La cloche sonne en fa, tout comme la cloche de l’église, la plus ancienne de Seine-et-Marne, qui a résisté à la fonte durant l’époque révolutionnaire.
Gérard Willaume, le maire honoraire de la commune, a toujours connu la Vieille Dame. Enfant, il vivait au premier étage de la mairie. Le bâtiment abritait l’école et le logement de fonction de sa mère qui était l’institutrice du village. Il rembobine : « Mon père a proposé ses services pour la faire fonctionner en mettant de l’huile dans les rouages et en la remontant. Elle était à l’époque dans une armoire. Une fois plus grand, ma mère m’a confié la tâche. C’était plutôt un jeu. Je m’amusais à faire sonner plusieurs fois la cloche pour perturber les gens. J’ai ensuite pris l’habitude de tourner la manivelle toutes les semaines pour faire remonter les poids du sous-sol. »
L’ancien maire (élu de 1977 à 2006), a dû résister aux tentatives d’électrifier l’horloge tout au long de son mandat : « Mon premier adjoint voulait mettre une horloge électrique. D’autres élus se sont ralliés à son idée. J’ai dit non. J’ai désigné deux personnes pour s’en occuper. Mon départ de la mairie, en 2008, a dû choquer la pendule qui a arrêté de se balancer. »
Il aura fallu attendre l’élection du maire actuel, Olivier Colaisseau, en 2020, pour remettre la Vieille Dame dans l’air du temps.
