Les six cents élèves de l’école élémentaire Henri-Caroly et du collège Nicolas-Tronchon, à Saint-Soupplets, sont ambassadeurs des nuages. Après l’observation du ciel et la participation à une chaîne humaine, ils ont envoyé une lettre à l’Onu et à l’Unesco pour demander la création d’un statut juridique international des nuages, mardi 29 mars.
Avoir la tête dans les nuages n’est pas ce qui est habituellement demandé aux élèves. C’est pourtant très sérieusement que les six cents élèves du collège Nicolas-Tronchon et de l’école élémentaire Henri-Caroly se sont allongés sur l’herbe du terrain de football de la commune pour observer les nuages, mardi 29 mars.
A qui appartiennent les nuages ? Répondre à laquestion est un des éléments du projet pédagogique de l’année des élèves. La commune a proposé à Mathieu Simonet un projet de résidence avec les élèves sur le thème de la nature sauvage et de la nature domestiquée. Le statut des nuages, chose sauvage mais que certains arrivent à capturer, lui a semblé un bon sujet.
Mathieu Simonet, avocat de formation et maintenant écrivain, s’est intéressé depuis une dizaine d’années au statut juridique des nuages. Il explique : « Il y a dix ans, j’ai découvert le travail d’un artiste, Monsieur Moo qui avait découvert que les États-Unis avaient fait pleuvoir sur leur territoire un nuage qui se dirigeait vers le Canada. Les Canadiens s’étaient plaints que les Américains leur avaient volé le nuage. » Les nuages chargés d’eau constituent en effet un enjeu géopolitique pour les régions sèches.
Le projet a abouti à deux performances qui se sont déroulées mardi 29 avec les élèves du collège et de l’école élémentaire. La première a consisté à s’allonger sur l’herbe du stade de football municipal et à observer les nuages pendant cinq minutes, puis à transcrire sur un petit bristol le résultat de l’observation. Les six cents bristols ont été recueillis et constituent ainsi une sorte de pétition en faveur des nuages. La seconde performance était une chaîne humaine, constituée par les six cents élèves, allant du collège jusqu’à la Poste, chaine dans laquelle les élèves se sont passés de main en main une lettre adressée au secrétaire général de l’Organisation des Nations unies et demandant la création d’un statut juridique des nuages.
Pour appuyer leur demande de mise en place du statut, les élèves ont écrit :
« Comme vous le savez, des expérimentations sont menées pour manipuler les nuages afin de les faire pleuvoir de manière anticipée. Cela pose trois questions fondamentales :
1) Quelles sont les conséquences de ces manipulations sur le changement climatique ?
2) Quel est l’impact sur le sol et les humains des produits jetés dans le ciel ?
3) Comment garantir que l’appropriation de l’eau des nuages ne se fera pas de manière inéquitable ? »
La lettre a été mise dans la boîte à lettres de la Poste, certainement la seule de Seine-et-Marne à avoir dû transmettre un courrier destiné au secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, à New York.
Les élèves ont reçu le titre d’ambassadeurs des nuages et la Ville souhaite devenir un observatoire international des nuages. Ils demandent que le 29 mars devienne « journée internationale des nuages ». Le projet est soutenu par la Drac (direction régionale des affaires culturelles) d’Île-de-France, le Département et le rectorat.
Face à la notoriété internationale qui attend la commune, son maire, Stéphane Devauchelle, déclare : « On va devenir célèbres. Nous restons modestes, nous sommes une petite commune à taille humaine, mais c’est un grand honneur pour nous d’avoir accueilli l’événement d’une ampleur aussi importante. Nous sommes honorés, les élus, les équipes pédagogiques, d’avoir à notre manière participé à la protection de l’environnement par les nuages ».
Une lettre semblable à celle adressée à l’Onu sera portée vendredi 1er avril à l’Unesco, à Paris, vendredi 1er avril.