L’écoquartier de Trilport, l’Ancre de lune, est la première opération de construction de logements en étages qui comprend un revêtement en béton de chanvre. Mercredi 9 décembre, le maire de la commune a expliqué le choix des matériaux « bio-sourcés ».
Les murs du bâtiment, qui constitue les logements de l’écoquartier l’Ancre de lune, sont en train d’être recouverts de béton de chanvre. Pour le maire de Trilport, Jean-Michel Morer, c’est la concrétisation d’un engagement dans les circuits courts, autrement dit une production locale pour une utilisation locale. La construction réalisée par le bailleur Le Foyer rémois, s’érige en exemple puisqu’elle constitue une première nationale pour le programme d’une hauteur de quatre niveaux, d’une surface de quatre mille mètres de plancher pour les quarante-cinq logements prévus. La technique d’isolation ancienne avec le chanvre est remise au goût du jour et n’avait été employée jusqu’ici que sur des bâtiments de moindre envergure ou comme isolant dans le cadre de rénovations.
La réalisation coûte 5 280 000 euros. C’est le premier bâtiment de l’écoquartier et il sera livré cet été. Le coût du béton de chanvre s’élève à 685 200 euros. Nicolas Richepin, responsable des opérations au Foyer rémois, explique : « Le chanvre est un peu plus cher que le béton traditionnel. Sans le chanvre, le prix aurait été aux alentours de 4,8 M€. Mais on s’y retrouve en économie d’énergie et en qualité de vie. »
Le maire, Jean-Michel Morer, indique : « Aujourd’hui à Trilport, les logements sociaux sont parmi les plus beaux logements de la ville. On a voulu vraiment travailler sur une réelle qualité d’habitat. Un écoquartier, ce n’est pas un laboratoire, mais c’est fait pour que des familles s’y installent et s’épanouissent le mieux possible. La performance de la construction est globale, il faut l’habitat de la mobilité. Là c’est le cas car on est à quatre minute à pied d’une gare. On a également travaillé sur les matériaux bio-sourcés… L’expérience menée à Trilport est un formidable démonstrateur pour une filière qui dispose de solides atouts pour permettre à la France et à la Région Ile-de-France d’entrer enfin concrètement dans l’économie circulaire. »
Des objectifs de construction décarbonée
Tiphaine Albert, responsable d’opérations chez Grand Paris Aménagement, déclare : « Le chanvre utilisé, 70 tonnes de chènevotte, est cultivé localement sur plus de 25 hectares par une centaine d’agriculteurs de Seine-et-Marne. Il est transformé à moins de 15 kilomètres du chantier. Le recours au chanvre permet de répondre à plusieurs problématiques ‘aiguës’ : sa culture contribue à l’émergence d’une agriculture plus vertueuse ; elle ne nécessite aucun produit phytosanitaire, n’appauvrit pas les sols et préserve la qualité de la ressource eau ; par ailleurs, dans la plante tout est utilisable : chènevis (alimentation animale, poissons, oiseaux, huiles alimentaires, produits diététiques, cosmétiques), fibres (pâte à papier, corderie et ficellerie, laines isolantes, matériaux composites, textile), chènevotte (litières pour chevaux, petits animaux, matériaux de construction, horticulture…). Enfin, la filière mature peut jouer un rôle moteur dans le développement d’une industrie du BTP plus durable et responsable, son bilan en émission de CO2 et en analyse de cycle de vie est exceptionnel. »
Jean-Michel Morer souligne : « Le chanvre a plusieurs vertus, d’abord économiques et sociales car c’est de l’emploi local, c’est une reconversion agricole importante et qualitative grâce à moins de phyto. On voit bien qu’on peut faire de l’habitat qui réconcilie l’agriculture avec l’environnement et qui est de meilleure qualité. L’économie circulaire, ce n’est pas un slogan, ce n’est pas une promesse, il faut que ce soit un acte concret dès aujourd’hui. On peut faire de l’économie circulaire, de l’économie durable, y compris en Ile-de-France… et surtout en Ile-de-France. »
Cinq autres bâtiments (trois R+3 et deux R+2) vont venir compléter l’offre de logements dans l’écoquartier. Les constructions, juste en face du premier bâtiment, vont démarrer au printemps. Une partie des futures réalisations sera réservée au locatif et le reste à l’accession à la propriété.
L’Ancre de lune est un projet labellisé par l’Etat et la Région Ile-de-France, initié par la Ville de Trilport, et réalisé par l’aménageur « Grand Paris Aménagement » et le maître d’ouvrage « Le Foyer Rémois ».