Le député Jean-François Parigi réclame le développement de la méthanisation plutôt que du charbon, dans le cadre d’une éventuelle pénurie d’électricité en hiver, et a adressé une question à la ministre de la Transition écologique. Mercredi 2 décembre, pour Magjournal, il a expliqué les raisons de sa demande au gouvernement. Rencontre à la permanence du député, à Meaux.
Le député Parigi reconnaît qu’une pénurie d’électricité, l’hiver dans le pays, ne serait pas impossible, particulièrement en cas de vague de froid, comme l’a également fait remarquer la ministre de l’Ecologique, Barbara Pompili. La crise sanitaire a retardé les travaux de maintenance des centrales nucléaires et les énergies renouvelables sont encore loin de pouvoir prendre le relai.
Ainsi, durant les mois les plus froids, décembre, janvier et février, les poêles à bois, pour ceux qui en ont, pourraient être les bienvenus pour prendre le relais de l’électricité dans les foyers. Cependant, du poêle à bois aux centrales à charbon, il y a un grand pas. La France a arrêté la centrale nucléaire de Fessenheim en juin, pour raison de vétusté. Vingt-deux réacteurs nucléaires sur cinquante-six sont en maintenance, et le parc éolien n’a pas pu fournir le rendement attendu en raison d’un manque de vent sur l’Europe… Finalement, le pays se retrouve à faire reprendre du service aux centrales à charbon pour assurer la production d’électricité, et plus particulièrement en hiver en raison de l’augmentation de la consommation électrique pour le chauffage. Le paradoxe écologique se justifie par le fait que les centrales à charbon sont disponibles et rapides à remettre en route. Elles démarreraient en moins de huit heures en cas de besoin. Le système n’en reste pas moins « fortement émetteur en CO2 » comme le précise Jean-François Parigi qui s’interroge : « Le relais de production d’énergie a été pris par le charbon pour essayer de palier le manque. C’est paradoxal quant aux orientations écologiques nationales. Quel message est envoyé par le gouvernement ? »
Augmenter la capacité de méthanisation
Le député envisagerait plutôt de favoriser le développement des unités de méthanisation et d’augmenter la production d’énergie locale : « La Seine-et-Marne est pionnière en matière de méthanisation, grâce d’ailleurs aux agriculteurs dans un souci de diversification par rapport à la crise agricole. Beaucoup ont pris le parti de créer une nouvelle énergie en utilisant nos propres déchets. L’idée est formidable. Certes, nous avons l’éolien, mais tout le monde n’est pas séduit par ce mode. En plus, cette année, la production n’a pas été au rendez-vous par manque de vent. De toute façon, en Seine-et-Marne, on en a très peu et quelque part, tant mieux car nos paysages méritent autre chose que des éoliennes. Aujourd’hui, on a d’autres énergies nouvelles qui existent, comme la méthanisation. De façon intelligente, on peut appliquer le plan qui nous fera diminuer la production nucléaire. C’est un engagement qui nous emmène jusqu’à 2030, où le nucléaire, qui présente actuellement 70% de la production, doit être amené en-dessous de 50%… Il faudra qu’on trouve des substituts. »
Pour Jean-François Parigi, une ville comme Meaux avec la géothermie, s’intègre aux efforts pour la diminution du nucléaire. Pour le Pays de Meaux, l’énergie solaire est « déjà bien positionnée », même si les panneaux ont une durée de vie limitée de trente ans et qu’ils nécessitent traitement et recyclage à la fin de leur utilisation.
Pour l’environnement… et les agriculteurs
Si la géothermie à Meaux permet de chauffer un peu plus de la moitié des bâtiments de Meaux et du Pays de Meaux, elle n’a cependant pas assez de réserves pour faire face à une éventuelle pénurie d’éléctricité. Jean-François Parigi souligne : « Pour l’hiver 2020 – 2021, on ne devrait pas avoir de problèmes de pénurie, mais c’est dans deux ans ou trois ans qu’on va se trouver face aux difficultés. D’ailleurs, la ministre de la Transition écologique a été très évasive quand la question lui a été posée parce qu’il y a un réel risque, à cause de cet engagement de baisse de production nucléaire… D’un point de vue local, en matière d’environnement, nous serons dans un process vertueux car ce sont autant de déchets qui pourront être recyclés. D’autre part, vis-à-vis de nos agriculteurs, c’est quand même un complément d’activité important. »
Si tout se fait à l’échelle nationale, la Seine-et-Marne avec son importante superficie rurale devrait bénéficier de répercussions positives. Les unités de méthanisation sont en voie de développement dans le département qui comporte un douzaine de méthaniseurs agricoles et une toute nouvelle station rebours dit « compresseur intelligent » mise en service à Mareuil-lès-Meaux en août. La production locale alimente en gaz les réseaux seine-et-marnais avec 48 000 logements chauffés en biogaz. En 2030, 290 000 foyers sur 540 000 devraient être alimentés en gaz pour les usages quotidiens (chauffage et autres usages domestiques).
La méthanisation permettrait de réduire les gaz à effet de serre. En Ile-de-France, une soixantaine de projets à différents stades d’avancement se déploient.