Une dizaine de commerçants ambulants déploient leur étal en plein-centre ville de Thorigny-sur-Marne chaque samedi matin. II y a encore quelques semaines, le marché se résumait à deux exposants : un vendeur récolteur de miel et un primeur. Magjournal a déambulé au milieu des stands, samedi 30 mai.
Primeurs, fromager, fleuristes, volailler, boulanger, traiteurs, bouchers, charcutiers et poissonnier animent désormais la rue du Moustier pour le plus grand plaisir des Thorigniens qui n’ont plus besoin de traverser la Marne pour se ravitailler en produits frais.
Chaque samedi matin, les chalands déambulent enfin dans un vrai marché. Légumes, poissons, charcuterie, presse, vêtements, fleurs, volailles… plus besoin de se rendre à Lagny-sur-Marne. Rue du Moustier, samedi, ils se ravitaillent, sur fond de musique DJ, à l’image de cette cliente, dont on devine le sourire derrière le masque : « On ne reconnait plus notre ville ! C’est sympa. Avant, il n’y avait que du miel et des légumes. Vous allez rester, hein ? » demande t-elle au poissonnier. Benny aussi est ravie : « Il y a du monde, de l’ambiance. Avant, je venais juste prendre un verre et déguster quelques accras au camion de Véro. Maintenant, on peut y faire ses courses. Ca change ! »
Les commerçants semblent aussi y trouver leur compte. Isabelle, vendeuse en maillot de bains et sous-vêtements, retrouve des clientes habituées au marché de Lagny : « Il y a une ambiance village ici et du potentiel ». Roger, le poissonnier, est tout aussi satisfait : « Les gens sont agréables et contents. On a beaucoup de jeunes parents. »
La plupart des commerçants, qui ont leurs habitudes à Bagneux, Vincennes ou encore Montreuil, ont pris leur quartier à Thorigny, encouragés par la gratuité de l’emplacement proposée par la mairie. « On arrive le matin, les tentes sont montées, on a juste à déballer », apprécie le poissonnier SAR Fish Seafood. Même écho du côté des deux artisans de la Boucherie des chênes.
Samedi, c’était une première pour les traiteurs Jens et Anja, habitants de la commune. Fabricants de saucisses allemandes artisanales, ils sont venus proposer des menus composés de saucisses végé, burger et salades à emporter. Jens, le « grillmaster » penché au dessus de sa plancha, s’étonne : « Certains clients en ont profité pour commander des repas qu’ils viendront chercher ce soir à notre domicile. Avec le confinement, nous vendons le week-end depuis la maison. » Un des clients s’étonne : « On vous voit beaucoup sur Facebook et là on vous voit en vrai sur le marché. »
Effet « confinement »
Les restrictions sanitaires et de circulation du marché voisin de Lagny ont entraîné des files d’attentes interminables qui ont eu raison de la clientèle thorignienne. C’était une aubaine pour la municipalité de Thorigny qui au même moment a proposé à ses administrés de venir acheter « local ». Thibault Guillemet, le maire, explique : « C’est l’aboutissement d’un travail amorcé depuis deux ans, avec la piétonisation du centre-ville. On peut y accueillir plus d’une dizaine d’exposants permanents, ce qui n’était pas le cas lorsque le marché était installé sur la petite place devant le bar tabac. »
Pour booster les ventes, l’équipe municipale a créé sa monnaie locale, la muse, une sorte de « bon d’achat » distribué à chaque habitant et à dépenser chez les commerçants du marché, à l’instar de Stéphane, qui est reparti avec un bouquet de fleurs aux couleurs pastel d’une valeur de 15 euros payés en billets… muse. Dans l’opposition, chez TDS (Thorigny Démocrate Solidaire), on s’étonne que le maire ait réussi à faire en trois semaines « ce que l’on attendait depuis douze ans ».