Des maires s’insurgent contre les décisions « inacceptables » de la préfecture en Seine-et-Marne et envisagent de former un collectif pour se faire entendre. Ils estiment que leurs communes ont subi de nombreux dégâts lors des derniers phénomènes météorologiques survenus fin mai et début juin. Or, le rapport de classement des communes en état de catastrophe naturelle paru en juillet a tronqué une partie de la reconnaissance : un autre phénomène « incroyable » pour les maires prêts à se battre pour leurs administrés.
Les orages ont frappé une partie de l’Ile-de-France en mai et juin, apportant avec eux des trombes d’eau et des coulées de boue. Routes et habitations, places et bâtiments publics ont été envahis, avec des hauteurs d’eau par endroits supérieures à un mètre. Débordement et crues, la nature des sols argileux ne facilitant pas l’infiltration, ont eu raison des possibilités d’évacuation de l’eau.
Des centaines de maisons et de bâtiments portent encore les stigmates des inondations.
Pourtant, en juillet, la décision de la préfecture est tombée et si certains des épisodes sont reconnus en catastrophe naturelle pour les communes, d’autres ne le sont pas. La préfecture de Seine-et-Marne explique que « pour établir ses classements, elle se base sur les rapports de météo France ». Or, les relevés de la région seine-et-marnaise se font à Roissy-en-France (Val-d’Oise), une commune qui n’a pas été touchée par le quatrième phénomène du mois de juin. Ainsi, tandis que le ciel s’abattait sur la tête des habitants dans certaines communes, on s’est à peine aperçu qu’il pleuvait dans d’autres…
Dans la région, les maires des communes pour lesquelles il manque « une partie de la reconnaissance » parlent de se regrouper pour agir dans l’intérêt de leurs administrés, soit des centaines de foyers sinistrés qui pâtiront du « manque de discernement de la préfecture ».
Bernard Corneille, le maire d’Othis et conseiller départemental, a indiqué à Magjournal, vendredi 3 août : « Ce qui se passe est incroyable ! La reconnaissance de nos communes en état de catastrophe naturelle ne tient qu’au seul relevé de Roissy qui n’a pas eu d’orage. Chez nous, ce jour-là, mercredi 6 juin, ça a été le quatrième épisode météorologique et le plus violent. Dès que j’ai eu connaissance de cette décision, j’ai informé immédiatement la préfecture de l’erreur de jugement ». Vendredi, Bernard Corneille a envoyé un courrier au ministre de l’Intérieur, lui demandant de « corriger au plus tôt cette situation aberrante qui laisse plus d’une centaine d’administrés dans l’incapacité de pouvoir procéder à une remise en état de leurs biens par le biais de leurs assurances respectives ».
Michel Mouton, le maire de Longperrier, commune qui a également subi d’importants dégâts, est aussi prêt à se battre pour la reconnaissance de sa commune en état de catastrophe naturelle et a confié à Magjournal, mercredi 1er août, après la publication officielle parue vendredi 27 juillet : « C’est une décision inacceptable. On va faire tout ce qu’on peut pour faire changer la décision de la préfecture et faire revoir le dossier. Ce n’est quand même pas normal que la préfecture conclue que nous n’avons pas les conditions requises selon les relevés de Météo-France… effectués à Roissy ».
Yves Albarello, le maire de Claye-Souilly, a déclaré à Magjournal, ce matin, samedi 4 août : « J’ai adressé une lettre à la préfecture pour signaler qu’il était anormal que des villes qui ont eu très peu de sinistres soient déjà classées en état de catastrophe naturelle à la première commission alors qu’à Claye, nous avons eu jusqu’à 1,80 mètre par endroits, des inondations amplifiées par les eaux de ruissellement des grandes infrasctructures nationales… J’attends de voir ce que la seconde commission va donner. En effet, si nous n’arrivons pas à nous faire entendre de l’Etat, j’envisagerai de me joindre à un éventuel collectif ».
Le sous-préfet de Meaux, Gérard Péhaut, a confirmé qu’une seconde commission aurait lieu mi-août et que les décisions de celle-ci pourraient alors inclure les communes qui se classent elles-mêmes dans les « laissés pour compte ».
Le courrier de Bernard Corneille au ministre de l’Intérieur
Le courrier d’Yves Albarello au préfet, vendredi 3 août
Le courrier d’Yves Albarello au député de la circonscription