Courtry ► Philosophie : Est-on heureux quand on est méchant ?

 

Philosophie : Une quarantaine de participants a assisté, jeudi 16 juin, au Café de Sophie, le débat philosophique qui se tenait au cabaret jazz de l’Écoutille, rue Van-Wyngène à Courtry.

« La méchanceté est-elle naturelle chez l’homme ou résulte-t-elle de l’ignorance ? » « Quelle différence entre méchanceté et violence, agressivité et sadisme ? » Les questions feraient-elles penser à des gens qu’on connaît ?

Au Café de Sophie, les discussions ont été menées autour des idéologies, comme « le nazisme et le djihadisme sont-ils un terreau propice à la propagation de la méchanceté ? ». Daniel Ramirez, docteur en philosophie politique et éthique à l’université Paris-Sorbonne, a lancé le débat, mettant en garde sur les similitudes linguistiques, comme celle selon laquelle méchanceté signifierait manque de chance ou encore sur la notion ambivalente de l’hôte, qui peut être ami ou ennemi.

Une conception judéo-chrétienne

« Dans le monde animal, il faut remarquer que la méchanceté n’existe pas » souligne un participant. Socrate, Platon, Rousseau, Hobbes, Kant, Nietzsche ont exprimé leur avis sur la question, mais la notion du bien et du mal renvoie souvent au péché originel dans la genèse biblique. Pour Daniel Ramirez, la méchanceté poursuit un but, sert un intérêt personnel, use de manipulation. L’éducation combat la méchanceté car « elle résulte souvent de frustrations liées à la pauvretéLe bonheur est un état d’être. Être heureux, ce n’est pas éprouver un plaisir éphémère mais une satisfaction relevant d’un état. Or le méchant ne semble pouvoir accéder cela, ce qui le rend malheureux car il n’est pas accompli et reconnu aux yeux des autres » suggère-t-il.

Cruelle enfance

Les enfants s’adonnent à la méchanceté plus souvent en groupe que seuls. « Pourtant ils sont bien dans leurs baskets quand ils ont fait des vacheries aux copains » témoigne une assistante maternelle. « Il est vrai que le phénomène de groupe développe une méchanceté extraordinaire. C’est ce que l’on appelle le harcèlement, un phénomène extrêmement grave, important et répandu » réagit le philosophe invité. Il y voit un malaise de chacun d’eux, compensé par le groupe car tout être a la liberté d’arrêter s’il prend conscience de ce qu’il fait.

 Démarche artistique

Les enfants, justement, ont participé aux ateliers d’arts plastiques animés par Bruno Keip, 57 ans, peintre en résidence à Courtry. L’artiste a installé son atelier près de l’ancienne mairie. Après avoir inspiré le thème de la soirée, il a guidé tout au long de l’année les élèves CM1-CM2 de l’école Jacques-Brel pour qu’ils expriment leur ressenti sur le sujet. Leurs œuvres, soit 200 peintures et dessins, seront exposées à la médiathèque de Courtry jusqu’au vendredi 1er juillet. La médiathèque est fermée le lundi et le jeudi, l’entrée est gratuite.

Philosopher ailleurs

« A sa création, en 2006, notre but était de pérenniser la fête du livre. Également, il y avait la volonté d’organiser des réunions culturelles pour perpétuer un mouvement laïc d’éducation populaire » explique Annie Barras, cofondatrice du Café de Sophie qui en est à sa quatorzième édition. L’Écoutille avait immédiatement proposé d’accueillir les débats thématiques mais le cabaret fermera définitivement le 25 juin. « Fidèles à l’esprit qui nous anime depuis le début, on continuera à proposer des thèmes surprenants, dérangeants sûrement, mais aussi utiles pour la réflexion et l’analyse de certaines situations dans une société où la vitesse et la multitude des sources d’intérêt ou d’opinion perturbent la plupart d’entre vous » a néanmoins souligné Pascal Barras.

Pour le prochain rendez-vous philosophique, il songe à la médiathèque de Courtry.