Charny ► Des habitants s’inquiètent du futur éco-quartier

L’éco-quartier prévu à Charny fait du bruit. Le maire a initié une réunion publique afin d’informer le village de 1 237 âmes dont certaines sont loin d’être apaisées face à l’arrivée des nouvelles constructions et des occupants qui iront avec.

Malgré les explications du cabinet de géomètre Duris-Mauger sur le projet d’éco-quartier, les habitants qui venaient chercher des réponses à la réunion publique, vendredi 8 avril, n’ont pas été vraiment rassurés.

Avant l’exposé du maire, Xavier Ferreira, il a fallu passer par la revue de détail des démarches administratives relatives à l’implantation de l’éco-quartier. Le public attendait surtout les éléments concrets, ceux qui pourraient, selon eux, changer leur vie à Charny.

Sur fond de Sdrif (Schéma directeur de la région Ile-de-France) qui réclame la densification des communes plutôt que leur étalement, une extension a été autorisée au sud du village, soit 25 ha, sous réserve d’une densité d’habitat de 35 logements par ha.

Le projet de l’éco-quartier qui vient d’être voté par le conseil municipal apportera 26 lots à bâtir et comprendra des logements individuels, des collectifs, à la location ou en accession à la propriété, ainsi que des logements sociaux. Il apportera également une maison médicale et l’assurance de la construction d’une nouvelle classe « en dur » au lieu d’un préfabriqué démontable.

Pour le moment, Charny ne possède que 1,7 % de logements sociaux. Selon la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain) et la loi Alur (Accès au logement et un urbanisme rénové) modifiée par la loi Pinel (le nom du ministre) », le seuil minimal passe de 20 à 25% des résidences principales des communes assujetties à l’obligation.

Selon le gouvernement, la loi Duflot Alur a pour objectif de « réguler les dysfonctionnements du marché, à protéger les propriétaires et les locataires, et à permettre l’accroissement de l’offre de logements dans des conditions respectueuses des équilibres des territoires ». La loi Pinel « encourage l’investissement immobilier locatif dans l’immobilier neuf au profit d’un avantage fiscal sur l’impôt sur le revenu ».

Si la mairie ne construit pas, l’Etat le fera

La loi a relevé le taux de logements obligatoires de 20 à 25 % dans les communes de plus de 3 500 habitants d’ici 2025… Le seuil est abaissé à 1 500 en Ile-de-France. Constatant que le taux minimum de logements sociaux est loin d’être atteint partout, Manuel Valls avait indiqué en octobre 2015 : « Face aux maires récalcitrants, l’Etat préemptera. Les préfets pourront délivrer des permis de construire à la place des maires dans les communes ne respectant pas la loi SRU dans ce domaine ».

Xavier Ferraira, le maire, indique : « C’est vrai, les gens sont inquiets, enfin quelques-uns, pas tous. Ils pensent que le conseil municipal exagère avec le projet d’éco-quartier mais ils ne se rendent pas bien compte qu’il faut mettre les choses en place avant que l’Etat nous les impose et qu’on ne puisse plus rien maîtriser du tout. Pareil pour la maison médicale. Il faut se dépêcher de l’installer sinon nous trouverons encore plus difficilement des médecins qui voudront venir. Déjà que ce n’est pas facile. Ils ont tendance à partir plutôt vers les plus grandes villes et la nouvelle maison médicale va s’ouvrir à Meaux ainsi qu’une à Claye. Il faut qu’on ait fini la nôtre avant eux « . 

Pour le maire qui conduit le village depuis l’année 2000, l’éco-quartier représente « le maintien de la dynamique des commerces existants ». Il permettra également « de diversifier l’offre de logements et de répondre aux besoins importants de logement à proximité des zones d’emploi de Roissy CDG et Marne-la-Vallée, de favoriser le maintien des personnes âgées dans la commune, de favoriser le parcours résidentiel des jeunes et de préserver le cadre de vie avec les liaisons douces et ses jardins partagés… »

A Charny, ce qui pose le plus de problèmes aux habitants, c’est l’afflux de population nouvelle, et les questions font débat :

  • Les gens vont-ils s’intégrer ?
  • Comment fera-t-on pour circuler en voiture ?… à pied, sur les trottoirs étroits ?
  • Est-ce que le village gardera son cadre de vie au calme ?
  • Est-ce que ça ne va pas faire trop de monde ?
  • Quel genre de population va apporter les logements sociaux ?

Vendredi, l’élu a répondu aux questions de la quarantaine de participants.

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