Finances ► L’économie française sauvée par Bruno Lemaire, un roman d’après l’œuvre de… Bruno Lemaire

Bruno Lemaire annonce qu’il a sauvé l’économie française après que Standard and Poor’s a dégradé la note de la dette française, vendredi 31 mai. Jusqu’à présent, la note française accordée par l’agence filiale de McGraw-Hill qui publie des analyses financières sur des actions et des obligations, était de AA, soit l’équivalent de 18/20. Patatras, nous voilà dans les choux. C’est à cause du sacré déficit affiché en 2023, plus important que prévu. Bercy prévoit, en 2027, une dette de… 112%, contre 97% en 2017.

Bruno Lemaire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique – oui, tout ça en même temps – affiche une confiance manifeste qui frise l’arrogance. Il s’aime, c’est incontestable, et d’ailleurs, pourquoi pas ? Son interview sur BFM, samedi 1er juin était sans
équivoque : il a, comme il dit, « sauvé l’économie française ».
Ah bon ? Pourtant Standard and Poor’s a bien noté le dérapage de la dette française. On ne comprend pas bien la démonstration qu’il avance, d’après lui, une référence à la période du covid : « Si aujourd’hui nous avons un niveau de dette élevée c’est parce que j’ai sauvé l’économie française. » Il n’hésite pas à ajouter : « La France réussit économiquement. »

Et là, on est super contents de le savoir, même si ça ne se retrouve pas dans notre porte-monnaie. C’est curieux, alors que le pays serait économiquement fort, sa population, elle, s’appauvrit. Ah mais voilà, c’est qu’il ajoute, le coquin : « J’ai sauvé les usines, j’ai sauvé les restaurateurs, j’ai sauvé les hôteliers, j’ai sauvé le monde de l’événementiel, j’ai sauvé des emplois, des compétences, la filière aéronautique… ainsi que deux grandes entreprises françaises, Renault et Air France. »
C’est vrai, pour chacune d’entre elles, des milliards d’euros de prêts ont été avancés par l’État. Et l’Etat, c’est qui ? L’argent de l’Etat, c’est celui des contribuables. Facile de faire le généreux avec l’argent qui ne lui appartient pas. Bruno Lemaire continue son explication qui sent la marée où crabes démembrés et mollusques percés moribonds se décomposent, silencieux : « Evidemment, il n’y a rien de gratuit… Quand on sauve, on paye. Quand on paye, il y a plus de dette… Quand il y a une dette, il faut engager les remboursements, c’est ce que nous faisons maintenant avec une stratégie qui est claire. »
Des politiques aux comédiens, les réactions fusent. L’humoriste, Guillaume Meurice, a lancé avec une comparaison malaisante, un trait qui fait mouche et porte : « Xavier Dupont de Ligonnès : ‘Je mène une politique familiale irréprochable’. »

Et vous trouvez ça drôle ?

La petite plaisanterie de Bruno Lemaire n’en est pas sans doute pas une. Bruno Lemaire, Coluche n’en aurait fait qu’une bouchée… « On a qu’à manger des artichauts. Les artichauts, c’est un vrai plat de pauvre. C’est le seul plat que quand t’as fini de manger, t’en a plus dans ton assiette que quand t’as commencé. »
Il disait aussi : « Je me souviens, quand on était petits, à la maison, c’était la fin du mois… surtout les trente derniers jours. »
On y est, Bruno Lemaire est dans le cadre.