Parents âgés ► Le choix épineux de l’aide à domicile : un jour on sera vieux aussi

Comment faire accepter la personne qui va venir dorénavant s’occuper de votre mère ou de votre père qui perd peu à peu son autonomie ? Pas vraiment perdus, mais pas vraiment autonomes non plus, les parents qui sont entrés dans l’âge où on a davantage un pied dans la tombe que sur le marche-pied d’un tramway attrapé au vol, deviennent un vrai problème. On ne veut pas les placer en ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), et pourtant, ce pourrait être la solution, car l’aide à domicile est un métier d’autant plus difficile que les clients ne sont pas toujours aimables, encore moins accueillants.

« C’est qui elle ? » « Allez-vous-en, je ne vous connais pas ! » C’est souvent l’accueil que réservent les personnes âgées aux auxiliaires de vie qui viennent leur rendre la visite prévue au contrat.

Michel, 66 ans, habite à plusieurs kilomètres de sa mère de 92 ans, Annette. C’est un bel âge, mais auquel on a souvent besoin d’un peu d’aide pour une petite lessive, ou d’une petite parlotte pendant le déjeuner, ou d’un coup de ménage, même de faire chauffer le plat du midi. Tous les jours, Michel prend sa voiture pour aller voir sa mère. Lui-même quelque peu usé par les suites d’un infarctus, fatigue et souffle. Impossible de prendre sur lui et il s’énerve quand sa mère oublie de manger ou de faire sa vaisselle, ou qu’elle se prend les pieds dans le tapis et chute. De guerre lasse, il a retiré le tapis et l’a caché sinon, « elle » va le rechercher et ça devient dangereux pour « elle ». Il se plaint : « Pour les médicaments, c’est l’infirmière qui s’en charge, mais le reste, c’est toujours moi. Ma sœur ne passe que de temps en temps dans le mois. Alors j’ai décidé de mettre l’aide à domicile en place, mais c’est compliqué car ma mère ne l’accepte pas. Si elle voit l’auxiliaire se diriger vers la cuisine et lui demander ce qu’elle aimerait manger, elle se met à bouder. La directrice de l’établissement auquel j’ai fait appel m’a dit que ma mère allait finir par accepter mais ça fait plusieurs mois et c’est toujours pareil. Alors je suis obligé d’aller la voir quand même parce qu’elle ne mange pas tant que l’aide est là, ce qui fait qu’elle prend son repas à 14 ou 15 heures. »

« Ma collègue
a oublié de me laisser la clé… »

Michel affronte un double problème si l’auxiliaire de vie est en congé ou en maladie. Sa mère ne reconnaît pas la nouvelle ou ne veut pas lui ouvrir car elle ne la connaît pas, ce qui est normal puisque son fils lui a répété de ne pas ouvrir aux étrangers. Dans ce cas, pour pouvoir entrer, l’employée appelle Michel au téléphone pour lui dire que sa collègue a oublié de lui laisser la clé. D’un autre côté, pas facile non plus pour les auxiliaires de vie qui sont régulièrement amenées à pratiquer des gestes quasi-infirmiers. Imaginez si la dame ne levait pas le petit doigt pour un bas de contention riboulé en bas des chevilles de leur cliente… Auxiliaire de vie, c’est aider, accompagner, être à l’écoute de la personne qui ne peut plus assumer seule les actes de sa vie quotidienne. Seulement voilà, Annette pense qu’elle n’a besoin de personne…

Et Michel se débat entre colère, abattement, désarroi et fatigue, ne sachant vers qui se tourner parce que le docteur d’Annette, les problèmes de sa patiente, ça l’intéresse moyennement et n’a pas beaucoup plus de solutions. Un jour, on sera vieux aussi et ça fiche un peu les pétoches de savoir comment on va être traités.