Les ralentisseurs ou « dos d’âne » prônés par les pouvoirs publics et mis en place à tour de bras sur les routes de France et d’ailleurs,ne seraient pas si bons que ça pour les piétons qu’ils sont sensés mettre à l’abri de la vitesse des véhicules. Ils augmenteraient également la pollution…
Les ralentisseurs sont bien là pour forcer les automobilistes à adopter une allure plus modérée et responsable à des endroits considérés comme dangereux ou particulièrement fréquentés par les piétons. Outre le fait qu’ils sont quasiment impossibles à franchir pour les bus (on les fait alors moins larges que la chaussée afin que les grands véhicules passent les obstacles avec les roues de chaque côté), certains conducteurs s’en plaignent à cause de l’inconfort procuré. Mais ça on s’en fiche : ce sont les piétons qu’on veut protéger. Cependant les dispositifs sont plus nocifs qu’on peut l’imaginer. Et il n’est pas uniquement question de l’usure de l’automobile.
L’institut national pour la santé et la qualité des soins au Royaume-Uni s’est penché sur les dos d’âne. Et les résultats poussent l’organisme à interpeller le gouvernement sur le sujet. Pourquoi ? Parce qu’un ralentisseur oblige le conducteur à freiner fortement pour ensuite accélérer à nouveau. De plus, certains dos d’âne sont placés avant un rond-point, ce qui a tendance à rendre le trafic moins fluide et même à former de petits embouteillages.
Or un trafic irrégulier et hétérogène avec des vitesses variables a tendance à aggraver la pollution. Cette dernière serait responsable de 25 000 morts par an selon l’institut, ou comment un dispositif de sécurité finit par être nocif pour la sécurité routière…
Par ailleurs, selon une étude menée par le magazine Auto Plus, plus de 30 % des ralentisseurs mis en place sur les routes de France ne seraient pas conformes à la législation.
Pour de nombreux automobilistes, les dos-d’âne, et de manière générale les ralentisseurs, sont particulièrement néfastes pour les amortisseurs. Installés pour amener les usagers de la route à lever le pied dans les zones à risques, certains font l’effet de véritables obstacles. Pire : d’autres sont mal indiqués voire même placés au mauvais endroit. À tel point, comme le souligne le magazine Auto Plus dans une enquête, que les ralentisseurs illégaux sont monnaie courante.
Pour arriver à cette conclusion, un journaliste de l’hebdomadaire a procédé à l’examen de 300 ralentisseurs répartis dans 23 communes de l’Hexagone, en se servant d’un niveau, d’une réglette et d’un télémètre laser. Résultat : au moins un tiers des dos-d’âne n’est pas conforme à ce que prévoit la législation. Par exemple, il n’est légalement pas autorisé d’installer des ralentisseurs dans les zones limitées à 30 km/h. En outre, ces derniers ne doivent normalement pas excéder 10 centimètres de haut (une marge de 1 cm est cependant tolérée).
Auto Plus a également mené l’enquête et a conclu : L’installation des ralentisseurs est proscrite sur les voies en pente, dans les virages ou encore sur les routes utilisées par les transports publics. Mais en pratique, rares sont les communes qui appliquent les bonnes mesures, prévues par le décret de 1994 régissant l’installation des ralentisseurs.
Pas moins de 18 % des ralentisseurs étudiés étaient trop hauts, trop raides ou trop courts, 22 % sont installés au mauvais endroit et 32 % sont mal ou pas indiqués du tout. Mieux encore, certains d’entre eux atteignent 17 cm de haut au lieu des 10 réglementaires. Et s’agissant des saillies d’attaque des dos d’âne, qui ne doivent en temps normal pas dépasser 5 mm, certaines excédent les 30 mm – c’est six fois plus que la limite autorisée.
Le pompon reviendrait à Charolles (Saône-et-Loire) où un ralentisseur sans panneau de pré-signalisation a été déniché sur une voie limitée à 70 km/h, au niveau de la sortie de la commune.
En pratique, contester en justice la conformité d’un dos d’âne n’est pas facile. Il faut en effet déposer une requête au tribunal administratif contre la municipalité en question, ce qui revient à la fois cher et met beaucoup de temps à aboutir. Tant et si bien que la meilleure solution, d’après Auto Plus, reste les pétitions et les mobilisations. Les élections municipales sont un moment de choix pour se faire entendre sur le sujet. On n’y est pas encore…