Un copain qui se fait larguer, et on lui conseille de s’inscrire sur un site de rencontres… Les célibataires, ou pas, s’ébattent sur le terrain de jeu que sont devenus les sites de rencontres sur Internet. La méthode suscite immanquablement intérêt et étonnement, parfois tantôt pour s’amuser, tantôt pour dire de l’utilisateur : « Je pense qu’il en fait trop… ». Un peu de jalousie ?
Ils ressemblent à la liberté totale mais ne sont pas toujours innocents. A part dans le domaine plan c.., les sites de rencontres peuvent quand même parfois assortir les gens et se faire former des couples. N’est-ce pas là tout ce dont on rêve ? Trouver la bonne personne ? Enfin, pas tout le monde en effet car le plan uniquement C. guette. Les protagonistes se posent quasi systématiquement la question : « Et toi, qu’est-ce que tu cherches ? »
A distance, par message écrit, tout est possible. On se cache derrière des personnalités flatteuses, on laisse libre cours à son imagination.
Enfin il n’y a que ça, on trouve de tout et l’important est évidemment de se présenter de manière à attirer les profils que l’on aimerait voir apparaître. C’est encore mieux avec une photo. Alors là, les filles manquent franchement d’imagination avec le sempiternel selfie du visage pris de haut (évidemment, elles ne vont pas prendre d’en bas vu que ça leur ferait un petit double menton) et la bouche en cul de poule (léger, pas trop pour faire genre beauté naturelle). Les garçons ne sont pas beaucoup mieux et ont recours aux même méthodes, avec parfois un peu plus de torse.
Après, on peut passer rapidement au sexe. Pas de temps à perdre, il faut rentabiliser – c’est vrai que les mecs payent leur abonnement au site –
« Et toi, tu aimes quoi ? »
« Ah moi, je suis une grosse gourmande, j’ai besoin de beaucoup… »
D’ailleurs, au passage, « C’est incroyable ce que les filles aiment la fessée… Avant j’aurais pas cru… » raconte Jérôme d’Ile-de-France (nous n’en dirons pas plus) qui n’en revient encore pas de ses dernières aventures.
Un gentil gars peut aussi rapidement se retrouver avec une nymphomane pendue à ses basques. Si si, ça existe plus qu’on ne le croit. Et elles ne savent pas forcément qu’elles sont malades. Jamais satisfaites, réveillant le pauvre mâle plusieurs fois dans la nuit, lui sautant dessus dès qu’ils se retrouvent… Au bout d’une semaine il n’en peut déjà plus… Le rêve ? Les hommes « normaux » qui sont tombés sur des filles comme ça ont revu leurs fantasmes…
Il y a aussi les allumeuses / allumeurs (ça se fait pour les deux sexes). Ils ou elles appellent rapidement au téléphone, chauffent l’autre un max, lui promettant monts et vallées et merveilles, pratiquent un peu de sexe phone, fixent même rendez-vous et… lapin !
Bref, pas si facile que ça de trouver chaussure à son pied.
Au moins 14 % des Français utilisent des sites de rencontres, d’après une première étude approfondie réalisée par l’Ined en 2015 (il faut un peu de temps pour récolter et analyser les chiffres). L’enquête révèle également qu’Internet joue un rôle modeste dans la formation des couples.
Les Français sont donc nombreux ou peu nombreux selon les affirmations des différents instituts de sondage. Ainsi l’observatoire de la rencontre en ligne de l’Ifop a publié une étude qui assure que 40 % des Français utilisent Internet à des fins romantico-sexuelles.
Reste que la pratique, surtout masculine et urbaine, est bien plus répandue qu’en 2006, date à laquelle l’Ined avait pour la première fois abordé la question dans une étude sur le contexte de la sexualité en France. Seuls 9 % des personnes interrogées déclaraient alors avoir utilisé un tel site. Les Français sont aussi plus friands de ces sites que les Américains qui ne sont que 9% à les utiliser.
L’utilisation pourrait sans doute encore être plus répandue. L’enquête n’a pas pris en compte les jeunes de 18 à 25 ans alors qu’ils sont parmi les plus gros consommateurs des sites de rencontres. « Les réponses ont été obtenues dans le cadre d’une enquête plus large sur la vie affective des Français de 26 ans et plus », rappelle l’Ined. Elle a néanmoins fait des projections à partir des résultats de 2006 (les jeunes de 18 ans avaient alors aussi été interrogés) et des tendances générales pour conclure que 18 %, au mieux, des Français entre 18 et 65 ans avaient recours aux sites.
De plus, l’utilisation des applications sur smartphone comme Tinder n’est pas non plus prise en compte. Difficile de savoir si ces solutions purement mobiles auraient substantiellement changé les résultats.
Dans moins de 9 % des cas
Les publicités qui promettent que l’âme sœur n’est qu’à un clic ignorent la réalité chiffrée. Parmi les personnes ayant rencontré leur partenaire actuel entre 2005 et 2013, moins de 9 % l’ont connu grâce à des sites de rencontres. Pour l’Ined, ils joueraient un rôle relativement modeste dans la formation des couples et surtout des premières mises en couple.
Internet arrive en cinquième position pour faire des rencontres sentimentales, après le lieu de travail, les soirées entre amis, les lieux publics et chez soi ou chez des amis. Les sites de rencontres, paradis pour amateurs de l’aventure sans lendemain ? La réalité est un peu plus complexe. Les jeunes feraient un usage récréatif de ce genre de sites alors que les personnes plus âgées, à partir de 40 ans, auraient une démarche plus volontariste de recherche d’un partenaire.
L’avantage pour tous est que les sites incitent à une attitude décomplexée. Les rencontres en ligne sont bien plus discrètes car elles ont lieu en dehors et à l’insu de son cercle social, ce qui fait qu’il y a peu d’ambiguïté. Les intentions amoureuses et sexuelles seraient claires.
Les publicités pour les sites pullulent certes à chaque coin du métro parisien, mais les Français ne sont pas encore bien à l’aise avec les sites de rencontres. Seule la moitié des personnes interrogées avouent à leur entourage leur inscription. Près d’un utilisateur sur trois refuse d’en parler et 21 % ne l’avoueront qu’à certains proches.
Les sites de rencontres ont beau exister depuis plus d’une décennie, la pratique ne serait pas encore complètement acceptée contrairement à ce qu’on pense.