La Ferme des communes, à Serris, a soufflé ses vingt bougies samedi 21 septembre. Des spectacles pour toute la famille se sont succédé tout au long du week-end : spectacles pour enfants, ACThéâtre Val d’Europe et École de musique serrissienne, humour, concert, ainsi que la pièce aux quatre Molière, « La machine de Turing », de Benoit Solès, préparée à la Ferme des communes il y a six ans.
Serris était en fête le week-end du 21 septembre, pour souffler les vingt bougies de la Ferme des communes, la salle de spectacle aux deux-cent-cinquante places. Pour l’occasion, une scène extérieure a été installée à côté de la salle. Les enfants ont ri avec les clowns Wigo & Bulls, avant de partager un grand goûter. L’ACThéâtre Val d’Europe et l’École de musique serrissienne ont présenté leurs spectacles, avant un stand-up de Théo Albizzer et Blandine Alice. Le soir même, la salle était comble pour la représentation de la pièce aux quatre Molière « La machine de Turing », de Benoit Solès.
Il y a vingt ans, l’ancienne ferme briarde nichée au cœur du bourg de Serris a été réhabilitée pour devenir un centre culturel, inauguré le 15 mai 2004. Le maire de la ville, Philippe Descrouet, indique : « À l’époque, j’étais adjoint aux finances au maire de Serris, Denis Gayaudon. Nous avions inauguré l’un des premiers centres culturels du Val d’Europe, le premier de Serris, alors que nous étions quelques milliers d’habitants. »
Dominique Brunel, adjointe à la culture, aux commerces et aux animations locales, précise l’évolution de la politique culturelle depuis plus de sept ans : « Nous avons voulu permettre à tous de voir facilement des pièces de théâtre ou des spectacles d’humour de la même qualité que ceux de Paris, sans avoir à s’y déplacer. » Depuis vingt ans, la salle a accueilli plus de quinze mille spectateurs pour mille représentations.
La Ferme des communes, c’est aussi un lieu d’accueil pour des résidences, comme pour la pièce « La machine de Turing », de Benoit Solès. C’est dans la salle serrissienne qu’ont été mis en place il y a six ans la pièce et ses décors, avant de faire sa tournée à Avignon, puis partout en France, traduite partout dans le monde.
Scientifique hors norme, Alan Turing, est incarné avec humour et finesse par Benoit Solès qui met en scène le récit de l’invention, pendant la Seconde Guerre mondiale, de la fameuse « machine de Turing », l’ancêtre de l’ordinateur, qui lui a permis de réaliser une cryptanalyse du système Enigma de l’armée allemande, contribuant ainsi à sauver des vies. Dans ses répliques et son jeu, le comédien incarne, au détail près, le personnage insolite d’Alan Turin, bégayant, poussant des sons étranges dans ses rires et ses jeux de mots, et portant des vêtements ressemblant à des pyjamas. « Pourtant on n’a jamais entendu un seul enregistrement de la voix du scientifique », explique Benoit Solès. Bien que s’avouant « mauvais en mathématiques », le comédien a su donner une âme au génie décalé et incompris, et fait rire le public de bout en bout. Le personnage est également tragique, puisque le savant homosexuel a été poursuivi par la justice et finira par se suicider en croquant une pomme trempée dans du cyanure…
« C’est ma plus belle récompense »
La pièce, « La machine de Turing » a été jouée près de mille fois et obtenu quatre Molière. Philippe Descrouet ajoute : « Avec Benoit Solès, nous avons inauguré cet après-midi la rue Alan Turing dans la ZAC du Couternois de Serris, côtoyant d’autres noms de scientifiques comme Marie Curie, Christian Doppler. »
Comment la pièce au succès mondial est-elle née à Serris ? Le comédien se rappelle : « C’est grâce au programmateur Thierry Parent, mon ancien agent artistique que je connais depuis vingt-cinq ans, que j’ai rencontré l’équipe municipale de Serris et préparé la pièce à la Ferme des communes. Cela a été le début d’une histoire incroyable, on n’avait pas imaginé un tel succès. Venir la jouer six ans après, c’est une grosse émotion et qui représente pour moi un achèvement incroyable. C’est qu’aujourd’hui, les élèves, les collégiens, étudient le texte de ma pièce à l’école pour découvrir ainsi Alan Turing. Pour moi, la récompense surpasse les Molière. C’est ma plus belle récompense. »
La Ferme des communes, ce sont aussi beaucoup de souvenirs pour Benoit Solès : « C’est une salle que je connais bien, où je suis venu jouer mes autres pièces comme ‘La maison du loup’, et où j’ai créé ma toute première pièce, ‘Le secret des secrets’. C’est une salle qui est vraiment agréable car on se sent proche du public. Elle est portée par une équipe technique formidable. »
La salle de spectacle va encore évoluer. Les sièges seront remplacés par des fauteuils, et la salle accueillera des vedettes comme Anne Roumanoff et Michèle Laroque, d’ailleurs annoncées à l’ouverture de saison. Passeront également des pépites dénichées par Thierry Parent et Dominique Brunel.