L’antenne du centre intercommunal de santé de Plaines et Monts de France a ouvert à Saint-Pathus, rue des Sources, jeudi 1er juin. Sandra Depiro, médecin généraliste, a reçu ses premiers patients. Le président de la communauté de communes, Jean-Louis Durand, et le maire, Jean-Benoît Pinturier, ont piloté le dossier. La solution participe à la réponse à la désertification médicale qui sévit durement en Seine-et-Marne.
L’antenne médicale a été implantée à Saint-Pathus. C’est le troisième cabinet faisant partie du centre intercommunal de santé (CIS) de la communauté de communes Plaines et Monts de France (CCPMF) qui a ouvert, après Messy et Vinantes.
Le maire, Jean-Benoît Pinturier, explique : « La municipalité est devenue propriétaire de l’ensemble du bâtiment qui, à l’origine était un super marché. C’est ce qui nous a permis d’implanter la pharmacie et notre centre médical dans lequel exercent maintenant médecins, infirmières, orthophoniste, kinésithérapeute, sophrologue, podologue, sage-femme, psychologue, ostéopathe, diététicienne… des professions médicales et paramédicales en libéral. Nous attendons davantage de médecins, il n’y en a jamais trop… Nous prêtons un cabinet à l’interco et il est maintenant occupé par un médecin. »
Pour que l’ensemble soit réalisable, il a fallu procéder en plusieurs phases. Le président de la communauté de communes, Jean-Louis Durand, commente : « La première étape était d’ouvrir le centre intercommunal de santé à Fresnes-sur-Marne. Nous avons pu avoir des locaux par la commune et nous les avons aménagés. Ensuite, il fallait ouvrir les antennes dans les communes petit à petit. Nous pensons en réaliser huit à neuf sur le territoire de l’interco. La troisième étape sera d’acheter un véhicule aménagé qui va nous permettre d’aller dans les communes où on ne dispose pas de locaux. Nous devons pouvoir aussi apporter la médecine dans ces communes-là où de toute façon aucun médecin ne voudra jamais s’installer. »
L’itinérance est en effet une des particularités et un atout de Plaines et Monts de France qui apporte les services aux habitants, comme le dispositif France Service avec des permanences dans les mairies, ou encore le bus de la petite enfance qui propose des ateliers pour les assistantes maternelles.
Au CIS, les médecins sont salariés. Médecin généraliste, Sandra Depiro habite à Dammartin-en-Goële et est salariée de la CCPMF depuis avril 2020, après avoir travaillé à Sevran (Seine-Saint-Denis) dans un centre communal de santé. Elle a commencé au centre de santé à Fresnes, exerce aussi à Vinantes et dorénavant a ajouté Saint-Pathus à son arc. Elle indique : « C’est un vrai confort d’être salariée, particulièrement parce que toutes les tracasseries administratives sont prises en charge par l’interco. Tout est mis à disposition, le temps médical est vraiment dédié à l’écoute et au patient. La féminisation de la profession fait aussi qu’on souhaite avoir des horaires plus souples que les libéraux. »
Pour Jean-Louis Durand, « la médecine libérale transforme les médecins en chefs d’entreprise avec toutes les tracasseries administratives que cela comporte » : « C’est pour ça que le système de mutualisation des moyens se développe et qu’on voit de plus en plus de médecins vers le salariat. C’est réellement une manière d’exercer leur métier pour lequel ils ont étudié longtemps. On est en France et tout est compliqué, et face à ça, on a plutôt tendance à se dire, ‘ça c’est compliqué alors j’y vais pas’. Au CIS, c’est Sophie Hingand, la responsable administrative, aussi salariée de la CCPMF, et trois agents qui gèrent tout ça. »
Depuis 2008, la commune est passée
de six à deux médecins
Jean-Benoît Pinturier souligne : « Quand j’ai été élu en 2008, il y avait six médecins dans la commune. Aujourd’hui il en reste deux. Trois ont pris leur retraite, un quatrième est décédé. Les habitants ont été les premiers à tirer la sonnette d’alarme quant au manque de médecins. Si je n’avais pas ouvert le centre médical, on n’aurait plus du tout de médecins à Saint-Pathus. Il fallait mettre à moindre coût des locaux à disposition des professionnels de santé qui les louent comme avec un bailleur classique mais à des tarifs particulièrement bas. On n’a pas besoin de faire de bénéfices sur les loyers, nous faisons juste en sorte que ça ne coûte pas d’argent à la commune. A côté, le cabinet du CIS avec le salariat facilite le recrutement de médecins. Même dans nos communes où les libéraux trouvent une patientèle facilement et rapidement, ça ne les tente pas en raison des lourdeurs administratives. »
Jean-Louis Durand ajoute : « Dans les campagnes, on est encore sur l’image d’Epinal où le toubib sillonne les routes dans sa voiture, commence très tôt le matin et finit le soir très tard et passe six fois par jour chez un patient en mauvais état. C’est peut-être ce côté qui fait que les médecins ont moins envie de s’installer en zone rurale. »
Au fur et à mesure que les médecins viendront s’installer, la communauté de communes élargira le nombre d’heures d’ouverture des cabinets médicaux. Les horaires, cependant régis par l‘ARS (Agence régionale de santé) limitent à vingt heures par semaine l’ouverture d’une antenne médicale. Au-delà de vingt heures, l’antenne se transformerait en annexe et obligerait à d’autres contraintes administratives.