André Moukhine-Fortier, conseiller municipal d’opposition à Meaux, n’est pas d’accord avec le projet de la mairie concernant l’ancien site du siège du Crédit Agricole, avenue Foch. Jeudi 15 septembre, il a exposé sa vision d’une autre configuration.
Le siège du Crédit Agricole Brie-Picardie a déménagé pour le Val d’Europe en 2020 et laisse derrière lui un grand bâtiment dans lequel reste une simple agence bancaire au rez-de-chaussée. Pour André Moukhine, le réaménagement du bâtiment est « une opération qu’il ne faudrait pas manquer ». Il explique : « Il n’y a pas tant d’occasion comme celle-ci à Meaux. Nous en avons déjà manqué beaucoup. Le site est bien situé, bien désservi. Le bâtiment est solide et le terrain représente 7 000 m2. C’est du domaine privé et le Crédit Agricole a vendu ça à un promoteur qui projette d’y faire un hôtel avec un toit boîte de nuit ainsi que différents aménagements dont 234 appartements. Or le quartier est déjà densifié, largement bétonné. Je pense que la Ville, ou bien la communauté d’agglomération du Pays de Meaux (CAPM) pourrait négocier avec le Crédit Agricole et préempter le terrain, rafraîchir le bâtiment qui est sain, et historique à Meaux. Il date des années 60. On pourrait prévoir d’y aménager des bureaux pour faire un pôle administratif. Actuellement les services de la mairie qui sont à l’étroit à l’hôtel de ville ont été dispersés aux quatre coins de la ville. Il serait aussi envisageable d’y installer le siège de la CAPM. L’entité qui comprend 110 000 habitants, soit 26 communes, ne possède pas de locaux propres. Tout se fait en mairie de Meaux et ça provoque une confusion pour les habitants. »
Une double peine pour les retraités et les familles
Par ailleurs, sur le terrain, André Moukhine-Fortier verrait bien un gymnase, un square arboré, et une maison de retraite municipale à loyer modéré : « L’équipement fait défaut à Meaux depuis cinquante ans. La seule qui existe est Terfaut, avec des loyers inférieurs à mille euros. Elle a été construite en 1970. Toutes les autres structures à Meaux sont privées et les loyers sont prohibitifs à 2 500, 3 000 euros, voire plus. Les familles meldoises qui n’ont pas les moyens, et elles sont nombreuses, doivent placer leurs parents dans d’autres départements. C’est une sorte de double peine parce que non seulement les parents sont éloignés de leur ville d’origine mais les enfants doivent faire des kilomètres pour aller les voir. Pour moi c’est une urgence sociale. »
Pour le conseiller, il ne serait pas trop tard pour revenir sur le projet mais il regrette le manque d’information de la part de la mairie : « Une réunion a été faite à l’intention des riverains alors que le projet était bouclé. Il aurait été plus judicieux qu’il y ait un travail de concertation en amont et avec les riverains…. Tout est négociable tant que les premiers travaux n’ont pas commencé, et on sait bien qu’avec la crise économique actuelle, l’immobilier va être ralenti… Je ne suis pas contre les constructions, mais il faut trouver un juste équilibre et penser aux équipements publics. » Le projet aurait été proposé à Jean-François Copé, lequel, selon André Moukhine-Fortier, « a balayé le dossier d’un revers de main. »
De son côté, la mairie précise : « Le bâtiment sera en partie détruit. Les niveaux de sous-sol (fondations) seront conservés. Le bâtiment est ancien il est préférable de reconstruire à neuf un bâtiment avec une haute qualité environnementale qui répondra bien mieux aux besoins de performance énergétique actuels… L’ensemble de l’emprise foncière du Crédit Agricole sera transformée avec un hôtel, des commerces, des habitations, une résidence intergénérationnelle, un working café, une salle de fitness, de la colocation de seize logements pour les seniors, un habitat adapté aux personnes en situation de handicap, une agence bancaire… La volonté était d’intégrer dans l’ensemble un hôtel en priorité, car nous manquons de nuitées sur la ville et nous le savons par les chiffres de la politique touristique qui porte ses fruits. Nous accueillons chaque année de plus en plus de touristes. Une attention particulière sera donnée à la végétalisation de l’ensemble avec des ambiances paysagères… Les enjeux du projet sont de renforcer la connexion avec la place Paul-Émile Victor, retravailler les cheminements piétons, offrir un cadre de vie qualitatif et partagé prônant l’habitat inclusif et des aménagements paysagers végétalisés, installer une mixité urbaine. »
Après la démolition des tours de Beauval, une seconde partie engageait la démolition de 1 190 logements sociaux en sept ans, jusqu’en 2025. Ces derniers revoient le jour de manière disséminée à travers la ville. Seulement 25% des logements sont ou seront reconstruits sur place, tandis que 40 % verront le jour dans la ville, principalement au sein de l’écoquartier Foch-Roosevelt. Les 35% restant seront aménagés dans les autres communes du Pays de Meaux.