Les visiteurs de l’exposition « Embarquez pour la route de la soie », à Chanteloup-en-Brie, ont découvert les techniques du peintre Tay Nguyen. L’exposition a littéralement transporté les amateurs d’art dans d’autres contrées à l’occasion de son vernissage, samedi 25 juin.
Salle Van-Dongen, la scénographie de l’exposition consacrée à la route de la soie a fait ressortir les œuvres de Tay Nguyen dans un havre de paix, un cocon blanc, où les gens pouvaient se poser sur un banc placé au centre de l’espace et contempler ou échanger sur la dizaine d’œuvres exposées. La douceur des camaïeux de l’huile sur le thème des lotus, face aux œuvres sur soie, où ressortent les éléments marins et la figure de la femme, offraient aux regards deux mondes étonnamment contrastés. Nadia, qui connaissait déjà le travail sur soie de l’artiste, a découvert ses toiles au couteau. Elle commente : « J’aime beaucoup la peinture abstraite, tout ce qui n’est pas lisse. Là, j’ai un coup de cœur avec les trois tableaux faits pendant la période du covid, qui sont une vraie respiration picturale. Le lotus est la renaissance et je trouve qu’il est un bon thème pour la période post-covid. »
Né au Vietnam, dont l’environnement océanique l’imprègne totalement, élevé en fréquentant l’atelier de couture de sa mère, véritable source d’inspiration sur la féminité et la pudeur, diplômé en architecture d’intérieur, qui lui apporte une rigueur dans la construction du dessin, Tay Nguyen dévoile un univers onirique atypique dans ses œuvres qu’il a exposées pour la première fois à Chanteloup-en-Brie.
La soie est une matière de prédilection pour l’artiste. Il a dévoilé quelques éléments techniques en débutant sur place une nouvelle oeuvre par une démonstration où sont ressorties les différentes étapes incontournables de l’acte créatif : humidifier la soie pour la tendre et la fixer au cadre, réaliser et transposer au crayon une esquisse, humidifier la soie pour peindre, superposer les couches et les couleurs pour obtenir l’effet désiré, équilibrer la création en 70/30 entre les tons chauds et froids, le plein et le vide… Le peintre a conclu : « Voilà, le cocon a créé un papillon et encore une nouvelle soie… »
Dans la salle, les visiteurs suivaient un cheminement entre les photos hautes en couleur d’un voyage fait de Brest à Brest-Litovsk, la peinture sur soie moderne ou typiquement chinoise, et les travaux des cours municipaux d’aquarelle et de sculpture. La scénographie mettait en valeur un véritable cocon blanc au centre de la salle, drapée de noir, au croisement des univers de la photographie et de l’art plastique. David, venu avec sa famille, souligne : « Le cocon est intéressant avec les deux styles de peinture différentes. D’un côté, on a des représentations au couteau, qui tranchent, par rapport à l’autre côté, plus ‘travaillé’, plus lisse. Je trouve l’approche de la route de la soie intéressante. C’est un vrai sujet, puisqu’une nouvelle route de la soie est en train de s’installer aujourd’hui. »
Les artistes ont pu largement échanger avec le public. Julien Perret, qui a suivi la route de Brest à Brest-Litovsk avec son cousin, révèle : « Je ne suis pas photographe de métier. C’est une passion que j’ai développée pendant mes études. On a profité de notre voyage pour beaucoup photographier, beaucoup filmer, afin de rapporter des images et raconter ce que nous avons vu et vécu. L’exposition est bien organisée car la scénographie permet d’avoir la représentation de trois artistes différents, avec plusieurs parties entre photographie, peinture et sculptures. Tout est assez complet pour parler des routes de la soie. »
De l’autre côté de la salle Xiao Xia Fauvel expliquait avec passion les deux façons traditionnelles de peindre à l’aquarelle en Chine, instillant un peu de poésie dans certaines de ses œuvres, comme celle les oiseaux qui ne chantent pas. Elle livre ses impressions : « Je travaille les deux techniques chinoises, sur le papier, où on voit tous les détails des coups de pinceaux, et sur la soie travaillée à la pierre d’alun, puis couche par couche. »
Olivier Colaisseau, le maire de la commune, a réussi son pari de faire voyager les Seine-et-Marnais à quelques minutes, voire quelques kilomètres de chez eux : « L’exposition est un succès par la qualité des œuvres exposées et par la qualité des visiteurs, institutionnels, représentants du monde associatif, artistes, qui viennent par curiosité échanger avec les exposants. Voir la vitalité de la vie culturelle à Chanteloup est très réjouissant. »
L’exposition a duré deux jours, sans que la salle n’ait désempli.