Le site d’implantation de la ferme aquacole de gambas en projet à Monthyon, une première en France, a été choisi en fonction de sa proximité avec l’unité de valorisation énergétique. La nouvelle sorte d’élevage local impulsée par le Smitom du Nord Seine-et-Marne, valorisera le secteur tant par la qualité de sa production que par son apport d’emplois. Rencontre avec le maire et vide-président du Smitom, et la directrice du syndicat, mercredi 11 mai.
La ferme de gambas, qui va voir le jour, apportera une quarantaine d’emplois. Ces derniers seront en premier lieu ouverts aux habitants du secteur et seront diversifiés, allant des employés agricoles dans les bassins d’élevage eux-mêmes, à des emplois plus techniques ou encore commerciaux. Les offres d’emploi ne sont pas encore ouvertes puisque les travaux d’implantation ne démarreront qu’en 2024. Le projet n’en est qu’à sa phase d’étude et son entrée en fonctionnement est prévue pour 2025
L’installation sera implantée sur les dix-sept hectares actuellement loués par l’entreprise propriétaire, Véolia, à un agriculteur et qui sont cultivés. Cette année, c’est du blé qui occupe la parcelle. Lisaqua, la société qui exploitera la ferme, s’appuiera sur la récupération de la chaleur résiduelle issue de l’UVE (Unité de valorisation énergétique) opérée par Veolia pour maintenir ses eaux d’élevage à la bonne température sans avoir recours aux énergies fossiles et ainsi réduire l’impact environnemental. (Voir notre précédent article ici)
La ferme occupera une dizaine d’hectares, du moins pour débuter. Claude Decuypère, le maire du village et vice-président du Smitom chargé des grands projets, explique : « Les serres sous lesquelles se trouveront les bassins d’élevage s’étendront sur huit hectares. Les bassins seront remplis d’eau…Toutes les gambas, jusqu’à présent, étaient importées d’Afrique ou d’Amérique du sud. Nous avons vu un imporrtant intérêt écologique et environnemental avec le triple zéro, zéro kilomètres . Les kilomètres ne sont pas tout à fait à zéro mais on est quand même tout près de Paris et de Rungis, les principaux lieux d’approvisionnement des professionnels, ce qui signifie pas de transport par avion ni par bateau, par conséquent une empreinte carbone considérablement réduite. Il y a aussi le zéro pour la pollution car la production ne génère aucun rejet grâce à un système de recyclage. Par exemple les déjections des gambas sont digérées par des micro-organismes qui après serviront à la nourriture d’autres animaux d’élevage. Le troisième zéro concerne le fait que les gambas sont élevées sans antibiotiques. »
Michelle Brun, directrice générale des services au Smitom, souligne : « Le projet a mûri de longue date. Quand nous avons renouvelé notre contrat de concession, le projet de valorisation de notre UVE était déjà inscrit dans le contrat, mais il était difficile de trouver des partenaires à même de venir s’installer sur dix-sept hectares. Il fallait aussi que le postulant réponde à notre production d’énergie, qu’il soit suffisamment énergivore pour absorber l’énergie engendrée par l’UVE. A la suite de notre appel à projet, nous avons eu plusieus candidats qui allaient de l’agriculture avec des tomates, à l’aquaponie, et à la permaculture avec les gambas. Le jury s’est réuni en septembre 2021 et la ferme de gambas a été retenue car elle représentait le projet le plus énergivore, vertueux, dans une boucle d’économie circulaire et avec de bonnes prévisions d’emplois. On est dans du local et de la protection environnementale. Les gambas qui nous arrivent actuellement d’outremer sont issus de bassins construits à la aplace de la mangrove. Celle-ci a été détruite pour faire place aux fermes d’élevage. »
L’installation de Lisaqua, à côté de Nantes (Loire-Atlantique), doit produire une dizaine de tonnes de gambas par an. Le projet de Monthyon prévoit cent tonnes dans un premier temps, avec un développement qui s’élèverait à cinq cents tonnes et sera amené à durer plusieurs dizaines d’années.
La gambas va ainsi devenir un animal local. Claude Decuypère commente : « Ça peut faire sourire mais c’est sérieux. »
Les achats de gambas passeront pas des grossistes. Il est aussi prévu, sur place, une boutique de vente de gambas et les dérivés style « tartinables ». Le Smitom ne recule pas devant l’idée d’une possibilité de dégustation. Les amateurs pourraient apprécier « un bar à gambas ».
Gambas, pourquoi pas ?
Pourquoi pas des gambas ? Après tout, les nouvelles productions alimentaires sont dans l’air du temps. Des recherches sont menées quant à la nourriture, remplacer, par exemple, la viande, soit l’apport de protéines animales, minéraux, acides aminés, omégas… par des insectes. Il existe déjà des farines d’insectes, ou encore sous forme de steak. Une chaîne de magasins de la grande distribution serait en passe de commercialiser des poulets nourris aux insectes, autrement-dit en « feed », un terme pour désigner le circuit dans lequel les animaux d’élevage destinés à finir dans nos assiettes sont nourris aux insectes. La « food », elle, est destinée directement aux humains. Dans ce cas, ce sont eux qui consomment directement les insectes, sous des formes différentes : farines et barres de céréales aux larves séchées, pâtes aux vers buffalos, grillons entiers grillés et aromatisés…
Le Smitom est un syndicat de communes qui a délégué sa gestion à l’entreprise Véolia et à sa filiale Somoval