Le torchon brûle à Crécy-la-Chapelle. Après avoir rejeté le budget, mardi 12 avril, une majorité d’élus du conseil municipal a demandé le retrait des délégations du maire, Bernard Carouge. Le courrier a été déposé en mairie mercredi 11 mai.
Seize élus sur vingt-sept ont signé le courrier de demande du retrait des délégations du maire et la décision devra être votée en conseil municipal. Les opposants à Bernard Carouge estiment que sa gestion « met les finances de la ville en péril ». Sébastien Chimot, qui s’était présenté aux élections municipales face à Bernard Carouge et qui siège au conseil parmi les opposants, explique : « Le budget proposé au vote était démesuré en matière d’investissements et totalement dépourvu de mesures d’économie et d’anticipation… Il semble évident que le maire reste totalement sourd aux arguments des élus qui ne veulent pas cautionner des décisions budgétaires. La demande du retrait des délégations d’un maire n’est pas une procédure courante, d’autant que nous ne sommes que deux ans après les élections municipales. Concrètement, avec le retrait de ses délégations, le maire ne pourra plus prendre de décisions importantes sans l’avis du conseil. En outre, ses indemnités seront réduites et passeront de 1 800 à 77 euros. Je ne vois pas comment il pourrait faire autrement que démissionner. »
Le rassemblement d’opposants au maire s’est constitué avec les quatre membres du groupe de l’ancien candidat à la mairie, Sébastien Chimot, des trois membres du groupe de l’ancienne concurrente à la mairie, Marie-Noëlle Témoin-Hadey, de plusieurs adjoints au maire et de conseillers municipaux. Les adjoints concernés sont Vanessa Buzonie, 7e adjointe ; Christophe Poux, 6e adjoint ; Dominique Doutrelant, 5e adjointe ; Fabrice Laborde, 2e adjoint ; Christine Autenzio, 1re adjointe.
En avril, deux jours après le conseil municipal, le maire a retiré leur délégations à la première adjointe, au deuxième adjoint et à la septième adjointe. Le vote du budget ayant eu lieu à bulletin secret, il n’avait pas pu connaître les autres frondeurs parmi ses adjoints.
Christine Autenzio souligne : « On a pas su s’entendre, le maire n’a pas laissé de champ de dialogue. C’est le budget qui nous a fait prendre le choix de lui retirer ses délégations. Nous voulons stopper les dépenses excessives pour Crécy. On aura davantage de conseils municipaux puisqu’aucune décision ne pourra être prise sans cela. Nous voulons redémarrer les projets qui peuvent l’être et avancer pour la ville. »
Marie-Noëlle Témoin-Hadey rappelle le recours qu’elle et son groupe ont gagné contre le maire : « Il s’agissait de la maison médicale. Le maire a pris des décisions sans en informer le conseil. Il avait demandé une subvention et dans la délibération il était écrit que le conseil avait accepté alors qu’il n’avait jamais présenté le sujet. Le préfet lui a fait retirer la délibération… Par ailleurs, la pression foncière est un enjeu primordial, avec l’arrivée importante de nouveaux habitants. Il n’y a déjà plus de place à l’accueil périscolaire et rien n’est prévu pour l’école. Le plan local d’urbanisme est mal fait. On ne devait pas dépasser cinq mille habitants en 2030 et on est déjà à 5 200… Le plus lourd est cette gestion à la petite semaine. Maintenant, on est dans une coalition et c’est bien. Nous mettons l’amateurisme du maire en évidence et nous pensons qu’il doit démissionner. »
Les délégations de Bernard Carouge lui avaient été accordées le 3 juillet 2020, à la suite de son élection. Parmi celles-ci figurent, à titre d’exemple : arrêter et modifier l’affectation des propriétés communales utilisées par les services municipaux… fixer les tarifs des droits de voirie, de stationnement, de dépôt temporaire sur les voies et autres lieux publics… procéder à la réalisation des emprunts destinés au financement des investissements prévus par le budget et aux opérations financières utiles à la gestion des emprunts… prendre toute décision concernant la préparation, la passation, l’exécution et le règlement des marchés et des accords-cadres ainsi que toute décision concernant leurs avenants qui n’entrainent pas une augmentation du montant du contrat initial supérieur à 5%, lorsque les crédits sont inscrits au budget… décider la création de classes dans les établissements d’enseignement… fixer les reprises d’alignement en application d’un document d’urbanisme… exercer, au nom de la commune, les droits de préemption définis par le Code de l’urbanisme… réaliser les lignes de trésorerie sur la base d’un montant maximum autorisé de 150 000 euros… autoriser, au nom de la commune, le renouvellement de l’adhésion aux associations dont elle est membre…
Le prochain conseil municipal devait avoir lieu mardi 14 juin ; cependant, le délai entre le dépôt du courrier de l’opposition et le conseil municipal au cours duquel la demande de retrait des délégations du maire sera mise au vote, ne peut excéder trente jours. Ainsi, Crécy va devoir prévoir un conseil au plus tard le 11 juin.
En attendant, la chambre régionale des comptes a entamé un audit et vérifie les finances de la Ville. Elle validera alors, ou pas, le budget pour l’année d’ici quelques semaines.
Le maire, Bernard Carouge, n’a pas répondu aux sollicitations de Magjournal.
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