Serris ► [Vidéo] « Pas d’assistanat » : les réfugiés ukrainiens accueillis par Val d’Europe agglomération veulent travailler

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Les familles ukrainiennes clament qu’elles veulent travailler. Elles ont été accueillies par Val d’Europe agglomération qui coordonne l’aide aux réfugiés, et ont été conviées à une réunion d’information, mercredi 13 avril, à Serris.

Une dizaine de familles, dont deux originaires de Marioupol, sont accueillies sur le territoire valeuropéen, à Coupvray, Serris, Saint-Germain-sur-Morin, Magny-le-Hongre, Esbly et Montry. Trente-huit réfugiés ukrainiens, dont quatorze enfants, résident aujourd’hui sur l’intercommunalité. La première famille est arrivée le 25 février. Il s’agit de regroupements familiaux ou de personnes arrivées par connaissances. La plupart sont logées chez l’habitant, mais certaines occupent des logements mis à disposition en urgence par les collectivités. La Ville de Serris a, par exemple, refait et aménagé deux logements municipaux pour les accueillir. Un troisième sera bientôt prêt.

Philippe Descrouet, maire de Serris et président de Val d’Europe Agglomération, accompagné d’un traducteur bénévole, Volodimir Butryn, qui travaille à la Vallée Village, a rencontré les réfugiés pour leur présenter les interlocuteurs dont ils pourraient avoir besoin : mairies, Protection civile, épicerie sociale, CCAS… Le maire a expliqué que l’agglomération, par le biais de la Maison valeuropéenne, centre social intercommunal, allait centraliser toutes les informations pour coordonner et faciliter l’action locale, comme pour le recensement des besoins des familles en matière de scolarisation des enfants, de l’accueil occasionnel pour les moins de 3 ans, des classes allophones pour les collégiens, les papiers, les demandes de pass pour les transports dont la gratuité leur est donnée par la Région, les besoins alimentaires, ou encore d’activités associatives… Toutes les familles ont été reçues une par une dès jeudi 14 avril pour un inventaire complet de leurs besoins. La semaine suivante auront lieu, cette fois, des entretiens pour la question de l’emploi. Philippe Descrouet explique : « Il est important d’individualiser le rapport avec chaque famille. Ce n’est pas de l’assistanat, c’est une aide pour que progressivement on puisse arriver à de l’autonomie. Il ne faut pas avoir honte de demander. » Philippe Descrouet est direct : il ne souhaite « laisser personne sur le carreau ».

Dans la salle des questions ont porté sur l’aide alimentaire : une réfugiée, en France depuis un mois, a expliqué qu’elle n’avait plus d’argent aujourd’hui, « même pas pour acheter à manger ». Elle pourra bénéficier de l’épicerie solidaire pour subvenir à ses besoins, avec une prise en charge de la collectivité pour les 10% restant à payer. La Protection civile, qui a reçu et acheminé des dons pour l’Ukraine, a aussi une réserve en boîtes de conserve, céréales, produits d’hygiène ou encore vêtements, qui peuvent être mis à leur disposition à Magny-le-Hongre.

Dans la salle a retenti, en ukrainien, un « Nous voulons travailler ! » La priorité qui est ressortie des échanges était le travail. Les réfugiés le disent clairement : ils ne veulent pas « profiter du système ». La barrière à l’employabilité ici est linguistique. Philippe Descrouet explique qu’il y aura la mise en place d’un partenariat avec les entreprises et Pôle emploi pour faciliter leur insertion dans le monde professionnel local et que des ateliers de langue leur seront proposés. Le président de Val d’Europe Agglomération ajoute : « Le fait qu’ils parlent ukrainien n’est gênant pour personne, puisqu’on a quatre-vingts nationalités qui vivent en permanence sur notre territoire. Donc, cela ne pose pas de problème de voir arriver des étrangers chez nous. Statistiquement, cela veut dire aussi qu’il y a déjà beaucoup de gens qui parlent ukrainien ou qui sont Ukrainiens qui vivent sur le Val d’Europe… qui ne s’appelle pas Val d’Europe pour rien. »

Philippe Descrouet poursuit : « On ne pourra pas changer ce qui se passe là-bas, nous, à notre niveau, mais ce que l’on veut, c’est de vous permettre, à vous, ici, d’être le mieux possible. » La volonté des élus valeuropéens est que les Ukrainiens arrivent à vivre aux mieux leur exil forcé, qu’il y ait quand même du « positif » dans leur séjour en France, dont personne ne sait combien de temps il durera. Ils souhaitent aussi favoriser les rencontres entre réfugiés pour qu’ils puissent échanger de façon régulière, se retrouver. Les communes vont également les associer à des événements, comme pour la chasse aux œufs du dimanche de Pâques.

Les enfants écoutaient sagement les échanges dans la salle. Youri*, 6 ans, a expliqué qu’il allait à l’école et commençait à apprendre le français. Il a prononcé les quelques mots qu’il connaît, « merci, bonjour, de rien, on y va »… Sa sœur, Lilia*, 8 ans, a raconté que « diédouchka et babouchka », son grand-père et sa grand-mère, étaient restés en Ukraine et qu’eux sont venus « à cause de la guerre »… Une femme a exprimé sa gratitude, les larmes aux yeux, à Philippe Descrouet, pour l’accueil qui leur est fait et pour tout ce qui est mis en place pour eux dans cette période si difficile de leur vie. Elle continue, de façon plus générale : « Merci pour l’Ukraine. Merci beaucoup, cela fait chaud au coeur. »

Le coup d’envoi de la finale du tournoi international de handball Tiby qui a eu lieu à Serris samedi 16 avril, a été donné par un jeune ukrainien, qui a participé à la réunion, afin de mettre un coup de projecteur sur la question de l’Ukraine et des réfugiés. Les familles ont aussi été invitées à assister aux matchs pour les changer d’un quotidien chahuté.

*Les prénoms ont été changés.