Serris ► [Vidéo] Les journées de la BD : des rencontres passionnées entre fans et auteurs

Le gymnase Éric-Tabarly, à Serris, s’est transformé en temple du 9e art, samedi 12 février. Les afficionados de la bande dessinée ont pu y rencontrer leurs auteurs favoris pour des dédicaces inédites.

Une trentaine de dessinateurs, auteurs de bandes dessinées, ont participé à coup de dédicaces à un week-end consacré à leur art.

Les visiteurs des Journées de la BD étaient de véritables afficionados, certains parés pour les deux jours avec tabourets pliants et grande patience. Nombreux se connaissaient déjà à force de fréquenter les mêmes salons. Jean-François, 59 ans, est venu de Rouen pour le week-end. Parti à 3 heures du matin, il était déjà sur Serris à 6 h 30. Il est venu avec l’objectif de faire dédicacer à Willem ses six albums de retard à cause du covid… Il a toute la série et fera donc six fois la queue (ndr : les auteurs ne dédicacent qu’un seul livre à la fois, pour que l’attente soit raisonnable pour tous les lecteurs). Un de ses amis, de Dunkerque, le rappelle : « Quand on aime, on ne compte pas ! » Les deux autres auteurs dont Jean-François souhaitait les dédicaces sont aussi à succès : Turf et Trichet. Il explique au sujet des fans : « On se connait quasiment tous. Deux ans de manque, cela fait beaucoup : on a tout très très faim ! ».

Philippe Descrouet, le maire, explique : « Chaque année, depuis douze ans, dans la continuité du festival d’Angoulême, Serris est le point de rencontre des passionnés de BD, auteurs, libraires, dessinateurs… C’est avant tout un grand moment d’échanges et de partages. A Serris, nous aimons la BD parce qu’elle est en dialogue constant avec le monde qui l’entoure. Elle est faite de transgression, de blasphème, de critique, d’insolence, de réflexion, d’histoire, de dialogue interculturel, au moment où dans notre pays tout est bousculé par  des débats qui sont parfois vifs, par des violences qui sont inexcusables. Il nous faut donc les combattre par l’intelligence, par la création, par le dialogue, par, justement, cette capacité à éduquer, à créer, à célébrer les artistes. » 

Steven Bescond, président de l’association « Des Bulles dans la Marne », qui coorganisait l’évènement, ajoute : « Je pense que Serris est un festival dans lequel les auteurs veulent venir. Je n’ai pas eu de problème à le remplir. »

Crayon, stylo, feutres, peinture… La dédicace prend une forme particulière avec les auteurs de BD. Elle revêt un aspect particulier : elle représente un dessin de plus à la bande dessinée sur la page de garde. Dix minutes à un quart d’heure sont nécessaires par fan pour que le livre devienne unique : Abolin, l’auteur de « Totale Maîtrise » explique qu’il fait d’abord un dessin au crayon, qu’il repasse au stylo, puis utilise un feutre pour les déliés… Le tout en discutant de son métier, de ses personnages, de l’évolution de ses histoires avec les lecteurs.

Louis-Antoine 28 ans, BD dédicacée par Philippe Luguy à la main, raconte : « Je suis venu rencontrer des auteurs, parler culture et littérature. Avoir la dédicace unique est émouvant. Je connais Percevan depuis mes neuf ans. Jamais je n’aurais pensé que j’aurais pu rencontrer l’auteur. Quand j’étais petit, je croyais que quand les auteurs publiaient un livre, ils n’étaient plus de ce monde… Je suis impressionné de les rencontrer, de pouvoir les voir en vrai, de leur parler. C’est quelque chose de précieux. »

Frédéric, 43 ans, est fan des Profs, de Pierre Tranchant, dit pica. La bande dessinée dédicacée ouverte, il confie : « Avoir l’album particulier me fait quelque chose. Cela sort de l’ordinaire, et j’ai une BD différente des autres. Chacun a son dessin. C’est sympa. Comme la rencontre qui permet de parler avec les auteurs. »

Maxime, 9 ans, est sur son premier évènement BD. Il est attentif, face à l’auteur qui lui dédicace son livre : « Je suis venu pour acheter une BD et qu’elle soit dédicacée. C’est un cadeau et ça fait des souvenirs avec celui qui l’a écrite. C’est impressionnant de le rencontrer. J’ai choisi Sherlock Holmes parce que j’aime bien les romans policiers. »

Les enfants n’étaient pas les derniers à témoigner d’une passion pour le livre à bulles. En effet, le conseil municipal des jeunes et celui des enfants ont fait leur choix dans l’aréopage d’auteurs : ils ont décerné deux coups de cœur. L’illustratrice Rachel Zimra a reçu le premier prix avec le tome 13 des « Mythics », et Arnaud Poitevin, qui a fait l’affiche de la douzième édition des Journées de la BD, a reçu le deuxième prix pour le tome 1 du « Cabaret des ombres ».