Boutigny se défend contre les dépôts illégaux de déchets. Caméras et habitants vigilants font la chasse aux actes de pollution. Des barrières ont été posées mardi 14 septembre à l’entrée d’une route « à problèmes ».
Le village est loin d’être épargné par les dépôts illégaux de déchets. Pour passer à Boutigny, il faut vouloir y aller. Ainsi, les pollueurs qui viennent décharger leurs déchets se sentent plutôt tranquilles, à tel point que l’un d’eux, fin juin, a même déchargé directement sur la route qui mène au château de Bélou : il s’agissait, comme fréquemment, d’un professionnel du bâtiment. Le maire, Marc Robin, raconte : « Une conseillère municipale est passée en voiture juste après. Notre employé technique, dont la journée était terminée, a accepté de venir nous aider à dégager la route qui était complètement bloquée ; les agriculteurs sont aussi venus nous donner un coup de main et nous avons pu rouvrir la route aussitôt. Le mode de déchargement est une nouvelle technique utilisée par les pollueurs. Ils vont dans une zone discrète, ralentissent, lèvent la benne du camion sans même s’arrêter, vident leur chargement sur la route et repartent très vite. En général, les entreprises malveillantes facturent les frais de décharge à leurs clients et empochent ce qu’ils ne dépenseront pas en déchetterie, ou bien ça leur permet de baisser le prix pour convaincre un client hésitant. »
Ainsi, le maire compte sur ses administrés pour donner l’alerte mais également sur d’autres moyens, comme des pièges photographiques qui ont été installées ici et là, aux abords des routes et chemins du village. Les moyens mis en place pour lutter contre le fléau comprennent aussi la pose de barrières, comme à l’entrée de la Pajotte, la route à proximité du rond point de Quincy-Voisins qui rejoint le hameau de Magny-Saint-Loup. C’est là que nombre de dépôts sauvages ont été régulièrement constatés, même tout proches de la bretelle de l’A140. La zone est sensible car elle est moins empruntée qu’auparavant du fait de la bretelle. Un peu plus loin sur la voie de campagne, à l’orée du bois, les services de ramassage ont dû retirer pas moins de cent tonnes de déchets. Marc Robin explique : « Imaginez une petite montagne de déchets, accumulés au fil du temps… Il a fallu deux jours à la communauté d’agglomération du Pays de Meaux, avec un va-et-vient de camions, pour totu évacuer, et l’opération a coûté 30 000 euros. »
Mardi 14 septembre, la pose des barrières pour empêcher l’accès à la Pajotte, à ses deux entrées, a été finalisée. Elles laissent dorénavant passer les deux-roues et les vélos. L’opération a été réalisée en partenariat avec Quincy, la commune limitrophe. Le maire souligne : « Si ça pouvait empêcher totalement les dépôts, ça serait l’idéal, mais au moins on va limiter en gagnant du temps. Il s’agit d’en faire perdre aux pollueurs. »
Au Pays de Meaux (CAPM), les chiffres sont éloquents : 730 tonnes ramassées en 2020 et 460 tonnes à la mi-juin 2021, Boutigny comptabilisant à lui seul 27 tonnes en 2020 en 124 tonnes à la mi-juin 2021.
La communauté d’agglomération de son côté a établi un plan de défense avec une série de mesures : mise en place d’un groupe de travail de lutte contre les dépôts sauvages ; fermeture des chemins sensibles ; mise en place de pièges photographiques fournis par le Smitom Nord Seine-et-Marne ; mise en place de panneaux de sensibilisation, « Ceci est un délit, nous recherchons l’auteur » ; mise en place de panneaux d’information, « zone surveillée, dépôt interdit » ; travail avec le SIG pour une procédure informatisée de déclaration de dépôts sauvages pour les communes ; établissement d’une fiche réflexe sur la verbalisation.
Maeva Schidlower, de la direction de la collecte des déchets ménagers au Pays de Meaux, indique : « Nous avons évacué en début d’année 2021 des anciens dépôts, comme pour Boutigny qui en avait déjà un avant d’intégrer la CAPM en janvier 2020. Il semble vraiment que la mise en place de pièges photographiques dissuade. Concernant la verbalisation, certaines ont pu aboutir mais la procédure de verbalisation pénale reste longue. »
A Boutigny, depuis que la surveillance s’est accrue, des auteurs ont été identifiés et verbalisés. L’un d’eux venait de Bouleurs…
Le coût du ramassage et de traitement des déchets sauvages sur le Pays de Meaux s’élève à 150 000 euros pour une année.