Les centres de vaccination contre le Covid-19 ont été pris d’assaut après les annonces télévisées du président Macron, lundi 12 juillet. La plateforme Doctolib a enregistré un record absolu, soit 926 000 prises de rendez-vous pour les demandeurs d’une première dose, le soir même. Le Colisée, à Meaux, n’a pas échappé à la ruée. Aujourd’hui vendredi 16 juillet, 2 300 personnes supplémentaires se sont faites vacciner.
Le chef de l’État a décidé d’imposer le pass sanitaire à l’entrée de la plupart des lieux publics et rendu la vaccination obligatoire pour les soignants et ceux au contact des personnes fragiles, sanctions à la clef. À partir du 21 juillet, le pass sanitaire sera nécessaire pour pénétrer dans des « lieux de loisirs et de culture » comme les cinémas. Dès le début août, le pass sanitaire deviendra obligatoire pour entrer dans les cafés, les restaurants, les centres commerciaux, y compris pour le personnel, mais aussi dans les avions, trains ou autocars de longs trajets, ainsi que pour les établissements médicaux. Il est déjà en vigueur pour les lieux accueillant plus de mille personnes, comme les stades et les discothèques recevant plus de 50 personnes. À l’automne, les tests PCR « de confort » seront payants, sauf prescription médicale, alors qu’ils sont actuellement gratuits. Les mesures radicales ont été annoncées par Emmanuel Macron lors de la huitième allocution télévisée depuis le début de la crise.
A Meaux, le centre de vaccination du Colisée a, comme les autres, été pris d’assaut après les annonces des mesures gouvernementales concernant la vaccination. Au Colisée, le phénomène a fait grimper les chiffres de fréquentation de manière vertigineuse. Dès le lendemain des annonces présidentielles, en une seule journée, trois mille personnes sont passées se faire vacciner, faisant franchir la barre des 110 000 injections enregistrées depuis le 11 janvier. Le docteur Christian Allard, adjoint au maire à la santé, responsable du centre, explique : « Nous avons vacciné un maximum de personnes mardi, et ça a continué avec plus de deux mille personnes, jeudi. Aujourd’hui, vendredi, c’est pareil. »
La queue à l’extérieur du Colisée est impressionnante et le grand hall qui sert de salle d’attente ne désemplit qu’à la fin de la journée, à la fermeture du centre.
Pour une première dose ou bien pour la seconde, les futurs vaccinés viennent après avoir pris rendez-vous ou bien sans rendez-vous, puisque c’est possible. Pour un choix comme pour l’autre, il faudra compter deux bonnes heures en tout, le temps de faire la queue, de se faire inscrire, d’attendre son tour, puis de patienter un quart d’heure après l’injection, histoire d’être certain que tout va bien. Finalement, ce qui prend le moins de temps, c’est la piqûre, qui, d’ailleurs, est pour ainsi dire indolore.
Christian Allard indique : « Tout le monde se précipite maintenant en raison des annonces du président. Les gens avaient pourtant la possibilité de venir tranquillement depuis des mois, mais il vaut mieux ça et que tout le monde soit vacciné rapidement… L’engouement n’est pas franchement en raison de la prise de conscience de l’aspect médical, sanitaire et utile du principe de la vaccination au Covid-19. C’est surtout la crainte de ne pas pouvoir partir en vacances, d’aller au cinéma, dans des lieux de culture ,salles de sport, restaurant… mais encore, soyons concrets et positifs. Peu importe les motivations, l’essentiel est que les gens se fassent vacciner. Ça veut dire que lundi soir, beaucoup de gens ont regardé la télévision… On peut dire que l’opération est à ce jour bénéfique. Le Colisée est un des centres en Seine-et-Marne qui a la plus grosse activité. Hier, jeudi 15 juillet, on a fait 2 100 injections, et aujourd’hui vendredi, entre les gens qui ont pris un rendez-vous et ceux, très majoritaires, qui viennent sans rendez-vous, on termine à 2 300 injections. Quand on atteint ces chiffres-là, c’est beaucoup plus de travail pour toutes les équipes. »
Témoignages
Vincent, de Magny-le-Hongre, et son amie, Océane, de Pontcarré, tous deux étudiants âgés de 20 ans, ont pris rendez-vous sur Doctolib pour leur première injection dès la fin des annonces télévisées d’Emmanuel Macron. Vincent raconte : « J’ai d’abord essayé de prendre rendez-vous au centre de Chessy mais c’était déjà plein. Nous avons pu avoir un rendez-vous à Meaux… Nous comptions nous faire vacciner mais nous voulions attendre un peu. On va partir en vacances en août. Ça nous a juste mis un coup de pression. Sinon on se serait fait vacciner fin juillet, et de toute façon ça va être obligatoire pour rentrer à l’école et poursuivre nos études. »
Claude, habitant d’Esbly, est venu, comme il dit « à la prise de connaissance des effets de l’annonce du président. » Il a pris rendez-vous mercredi et a obtenu un rendez-vous vendredi. Il déclare : « Dans quelques semaines ou mois, si on n’est pas vacciné, on ne pourra aller nulle part. Ça veut même dire ne pas pouvoir se nourrir. On nous dit qu’on est libre de ne pas se faire vacciner, le mot ‘obligation’ n’a jamais été prononcé mais en fait tout est orchestré par derrière de manière très hypocrite, pour empêcher les gens de vivre s’ils veulent faire jouer leur droit à la liberté de ne pas se faire vacciner. Je suis retraité et j’ai le droit de vivre, d’aller au restaurant, au cinéma, de faire mes courses et je me sens contraint et je suis très en colère. J’étais totalement contre l’idée de me faire vacciner. J’ai toujours fait attention, je me suis toujours protégé. C’eût été beaucoup plus simple et plus sincère si on avait dit aux Français que la vaccination était obligatoire. Alors que là, on joue les contours et les détours, c’est très hypocrite. Mon bulletin de vote aux élections présidentielles va aussi changer. Par contre, l’organisation au centre du Colisée est parfaite. On est reçu par des gens d’une gentillesse extraordinaire… Franchement, chapeau ! »
Un délai de trois semaines doit être observé entre la première et la seconde injection. En août, le Colisée ne sera ouvert que l’après-midi.