Saint-Soupplets ► [Vidéo] Parents d’élèves en colère : « C’est la mort annoncée du collège rural »

 

L’association des parents d’élèves du collège Nicolas-Tronchon, à Saint-Soupplets, est en colère : une classe de trente élèves a été fermée en début d’année scolaire et la même chose risque de se produire l’année prochaine. Rencontre avec les représentantes, Séverine Dubois et Nadège Moriousef, mercredi 10 mars.


 

Depuis cinq ans, selon les parents d’élèves, le budget horaire a « fortement diminué ». Nadège Moriousef déclare : « Cette année tout particulièrement, nous avons une baisse de 36 heures. Par conséquent, une classe de troisième a fermé. Ça représente à peu près 26 heures hors options. Cette baisse d’heures a de grosses conséquences pour le collège. Les professeurs ne pourront pas faire toutes leurs heures à Saint-Soupplets. L’Education nationale va leur demander d’aller dans d’autres collèges. Du coup, ça veut dire qu’ils seront moins investis dans leurs projets à Nicolas-Tronchon. Pour contrer ça, on a donné au professeur menant principalement les projets des heures d’accompagnement personnalisé pour les enfants. Il va accompagner un autre professeur. Ils seront à deux sur des demi-groupes. Mais si lui accompagne les enfants, il faudra forcément prendre les heures autre part. Ça signifie que l’année prochaine, en mathématiques, les élèves de troisième n’auront pas d’accompagnement personnalisé. » 

Les effets du premier confinement se font encore sentir et les enseignants ont remarqué un manque d’autonomie des élèves. L’Education nationale aurait fait le choix d’enlever des heures au collège pour les reporter en primaire. « Les enseignants en primaire vont plutôt être pour la décision de l‘Education nationale, mais il faut bien réaliser que quand les enfants vont arriver en sixième, il n’y aura plus de moyens… On a manifesté notre mécontentement au conseil d’administration. On a voté une motion, mais il n’y a pas de nouvelles », ajoute Nadège Moriousef.

Les parents ont alors contacté le député, Jean-François Parigi, ainsi que le vice-président du Conseil départemental, Olivier Morin, et le maire, Stéphane Devauchelle : « Tous les trois sont investis, comprennent notre mouvement et le soutiennent. » 

Les parents s’inquiètent d’autant plus qu’à la prochaine rentrée, plus d’élèves vont arriver en sixième que vont en partir de troisième, et que donc le nombre d’élèves total va augmenter. L’Education nationale aurait indiqué aux parents d’élèves que les classes du collège « ne seraient pas assez chargées », avec 24,5 élèves par classe. 

« Les enfants arrivés en sixième 
sont très en retard »

Séverine Dubois commente : « On voit bien que les enfants arrivés en sixième, en septembre, sont très en retard après le confinement. Les profs sont obligés de leur faire revoir le programme du CM2. Et là on nous annonce une fermeture de classe. C’est là qu’on n‘est pas d’accord. On ne ferme pas une classe alors que les élèves sont déjà à la ramasse… »

Selon Nadège Moriousef, le compte-rendu des évaluations nationales en sixième et en CP a montré que les enfants avaient d’énormes difficultés en français : « Certains ne savent pratiquement pas lire. Les professeurs de collège ne peuvent pas réapprendre à lire aux enfants car ils ont un programme à suivre… et là, on leur dit, ‘vous allez faire mieux, et avec moins…’ A un moment donné, ça ne fonctionne plus. » 

Séverine Dubois raconte : « Ça fait une quinzaine d’années que je suis parent délégué. J’ai vu la frustration s’installer chez les professeurs les plus investis. Plus ça va et moins leurs conditions de travail leur permettent de suivre les enfants. On fait des économies sur le dos de nos enfants, c’est anormal. »

Les multiples courriers au rectorat sont restés sans réponse, tout comme les lettres envoyées au ministère.