Plusieurs centaines de personnes ont défilé, dimanche 7 février, à Chauconin-Neufmontiers, aux côtés des proches de Jimony Rousseau, incarcéré au centre pénitentiaire et décédé, cinq jours avant, d’un arrêt cardiaque.
Les manifestants ont marché en silence depuis le centre commercial « Les Saisons de Meaux » jusqu’au centre pénitentiaire de Chauconin pour réclamer la vérité sur la mort de Jimony. Vêtus d’un T-shirt siglé « justice pour Jimony », les manifestants ont scandé les slogans « justice pour Jimony », « on veut la vérité » et « pas de justice, pas de paix ».
Des membres de la famille de Jimony ainsi que des amis et des représentants de victimes de violences policières et pénitentiaires ont pris la parole devant le centre pénitentiaire. Koura Sissoko, la petite sœur de Jimony, a déclaré : « Mon frère était en bonne santé. On nous dit qu’il a fait une crise cardiaque. Il avait fait une demande pour changer de cellule, on lui a refusé. Du coup, il a refusé de rentrer dans sa cellule. On l’a emmené de force à sa cellule, c’est là-bas que ça s’est passé. Il a été transporté à l’hôpital de Jossigny le 25 janvier et il est décédé le 2 février. Je décide aujourd’hui de lancer un appel à témoins aux surveillants, aux directeurs, aux surveillants, afin de savoir la vérité. »
La déclaration d’Assa Traoré, militante antirasciste à la tête du collectif La Vérité pour Adama – son frère décédé dans la cour de la gendarmerie à Beaumont-sur-Oise en 2016 – a été reprise par la tante de Jimony : « Assa Traoré a dit que les Noirs et les arabes n’étaient pas en sécurité dans ce pays, on en a la preuve ». Elle a ajouté : « Jimony est rentré en prison pour être puni, pas pour être tué. On veut savoir ce qui s’est passé. On nous a dit qu’il a fait une crise cardiaque. Comment il a pu faire une crise cardiaque à l’âge de 28 ans ? Pour quel motif il a fait une crise cardiaque ? On veut avoir accès au bilan médical, on veut avoir accès à son dossier, on veut avoir accès à tout. »
Des manifestants s’étant mis à frapper sur les portes du centre pénitentiaire, les organisateurs les ont rapidement fait cesser, rappelant : « Nous sommes venus pour la mémoire de Jimony, pas pour casser. »
Jimony Rousseau était écroué, en attente de comparution devant le tribunal de Meaux pour « des faits de violences habituelles par conjoint », et « rébellion ». Selon l’administration pénitentiaire, il aurait refusé, le 25 janvier, de réintégrer sa cellule après la promenade et aurait adopté un comportement « très agité et agressif ». Il a été réintégré de force en cellule et les surveillants ont constaté qu’il était devenu subitement calme. L’unité médicale est intervenue et le jeune homme a été transporté à l’hôpital de Jossigny en arrêt cardiaque. L’autopsie pratiquée mercredi a conclu à l’existence d’un œdème cérébral dû à un arrêt cardiaque prolongé. Le procureur de Meaux a déclaré que « les causes plus précises du décès seront à rechercher dans des examens complémentaires approfondis qui vont être effectués très prochainement ».
Ses amis et les membres de la famille décrivent Jimony comme « un jeune homme calme et opposé à la violence ». Originaire de Thorigny-sur-Marne, il serait souvent intervenu, selon un de ses amis, pour éviter les bagarres entre des jeunes de Thorigny et de Lagny.
Dans l’après-midi de la manifestation, une soixantaine de détenus, sur les huit cents que compte l’établissement, ont refusé de regagner leurs cellules après la promenade.