La gérante de la brasserie Le Cercle à Montévrain a confié à Magjournal 77, mercredi 21 octobre, son désarroi face aux difficultés administratives alors que le couvre-feu est mis en place dans l’ensemble de la région.
Delphine Mairiaux dort mal depuis des semaines. Son établissement fonctionne un peu mieux que d’autres mais doit face à différents « blocages administratifs ». Elle déclare : « Je suis en colère. J’attends encore qu’on me rembourse trois mois de chômage partiel de mes salariés. » La Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi ( Directe ) a bloqué son dossier d’indemnisation pour une anomalie dans les déclarations de 6,30 euros et de 37,80 euros sur un total de huit mille quarante-trois euros. La situation est inextricable. « Leur logiciel ne permet pas de régulariser », tempête la restauratrice qui risque, selon la loi, d’être condamnée à deux ans de prison et trente mille euros d’amende. « On va frauder pour 45 euros ? Cette situation est insupportable. On est contrôlé, matraqué et maintenant abandonné par l’Etat. » A toutes ces difficultés s’ajoute le fait que des salariés ne veulent pas venir travailler par crainte d’être contaminés.
La propriétaire du restaurant doit également faire face à des règles sanitaires de plus en plus contraignantes : fermeture avant 19 heures, distanciation sociale et collecte des coordonnés des clients. « On se substitue à la police pour vérifier si tout le monde à son masque. » Le restaurant a toujours prêts à l’emploi une boîte de paracétamol et un thermomètre. Pourtant, Delphine estime avoir joué le jeu et respecté toutes les préconisations dès l’annonce du déconfinement : « On a investi plus de six mille euros, acheté des sets de table, du gel payé au prix fort, des cloisons pour protéger les clients. » L’Etat doit lui en rembourser la moitié. Delphine attend toujours le virement.
Depuis l’instauration du couvre-feu, Delphine propose un service continu de 11 heures à 20 h 30. Les clients arrivent à 17 h 30 pour diner. Elle estime les textes réglementaires pas suffisamment clairs et raconte : « J’ai un autre établissement à Lagny-sur-Marne. Les policiers municipaux sont venus nous obliger à fermer car nous avions un bar. Ça m’a pris plusieurs minutes pour leur expliquer que les restaurants pouvaient rester ouverts tant qu’ils ne servaient pas uniquement des boissons. » Comme tous les professionnels du secteur, Delphine redoute un nouveau confinement.