Le musée Archéa, sur le territoire de la communuauté d’agglomération Roissy Pays de France, présente une formidable exposition sur les mammouths. Les amateurs de préhistoire et curieux d’en savoir un peu plus sur l’animal mythique aujourd’hui disparu peuvent la découvrir jusqu’au 20 décembre. Visite commentée en exclusivité avec Magjournal, vendredi 11 septembre.
Emmanuel Lefeuvre, responsable des publics au musée Archéa, à Louvres (Val-d’Oise) et Antoinette Hubert, directrice du musée, ont raconté les mammouths et l’exposition présentée jusqu’au 20 décembre. L’histoire des grands animaux mythiques est bien réelle et les terres de la région livrent parfois leurs restes, souvent au détour de fouilles préventives de constructions.
Ainsi, les ossements de deux mammouths ont été découverts à Changis-sur-Marne en 2012. C’est la première fois qu’une découverte était faite avec les moyens de l’archéologie contemporaine. Emmanuel Lefeuvre explique : « On a pu établir tous les processus de recherche scientifique les plus poussés sur les nouveaux mammouths découverts en Ile-de-France. On a aussi pu retrouver grâce à ça des traces d’occupation humaine. Ça ne veut pas dire que les animaux ont été tués par des hommes, mais bien qu’à la même époque il y avait des hommes qui vivaient au même endroit. »
Quant à savoir si les hommes chassaient le mammouth, le sujet fait l’objet de controverses chez les scientifiques. Certains affirment que les humains, toutefois de petite taille, assez isolés en petits groupes, munis d’armes en bois, en os et en pierre, n’étaient pas vraiment à même de chasser l’animal d’une taille considérable et impressionnante, et réussir à transpercer une peau particulièrement épaisse avec une couche de graisse pouvant atteindre dix centimètres. Il serait vraisemblable que les humains aient pratiqué davantage le « charognage », autrement dit qu’ils récupéraient la viande du mammouth tandis que celui-ci était déjà mort.
Emmanuel souligne : « Les analyses ont montré que ça pouvait être une viande assez consommée dans certaines régions d’Europe. On sculptait aussi ses os, fabriquait des objets de la vie quotidienne, et aussi des objets d’art. Par exemple, la tête de la vénus de Brassempouy est en os de mammouth, la vénus de Lespugue, également. »
Le responsable indique encore: « Il ne faut pas s’imaginer qu’on arrive à trouver des restes de mammouths facilement. Ils ne sont certainement pas facile d’accès en creusant sur quelques centimètres. Il faut descendre au moins à une profondeur de quatre mètres. Ce sont les niveaux de sols sur lesquels vivaient les mammouths. Par exemple, par rapport à l’homme de Néanderthal, le mammouth est beaucoup plus ancien… On trouve des traces bien plus importantes là où les mammouths ont vécu plus longtemps, comme en Sibérie actuelle. C’est le cas de Dima, le bébé mammouth qui était emprisonné dans la glace. Evidemment dans ce cas, on a pu retrouver des restes particulièrement intéressants comme le lait maternel qu’il venait de téter quelques heures avant de mourir, sans doute en tombant dans l’eau. »
Grâce aux études des archéologues, les chercheurs ont pu savoir avec précision de quels types de plantes se nourrissait le mammouth, et ont conclu que même si on arrivait à faire revivre l’animal de manière naturelle, à l’état sauvage, il ne pourrait pas survivre. En effet, son alimentation était constituée presque exclusivement de « stipa », une sorte de grande plante fourragère que l’on trouve encore parfois dans la toundra sibérienne, mais qui a disparu des autres régions. Il fallait à un animal adulte une moyenne de 180 kilos par jour. Emmanuel ajoute : « Le biotope, l’environnement même du mammouth, n’existe quasiment plus sur terre, et ça explique en partie pourquoi il a disparu. »
Dents, ossements, reconstitutions d’animaux… l’exposition en dit long sur la vie du géant fascinant.
https://www.youtube.com/watch?v=uUJtq56OCgU?list=PLp9wyFJ8Gk-hAlpKq-zrqyQgw0odfMn1o
https://www.youtube.com/watch?v=uUJtq56OCgU?list=PLp9wyFJ8Gk-hAlpKq-zrqyQgw0odfMn1o