Le comédien Philippe Torreton, le batteur Richard Kolinka et le claviériste Aristide Rosier ont exécuté leur spectacle à la gloire de la Terre, au jardin Bossuet de Meaux, samedi 4 juillet. Magjournal a assisté aux répétitions. Entretien en coulisses, en exclu.
Philippe Torreton, sociétaire de la Comédie française qu’on a l’habitude d’écouter sans musique, s’est fait accompagner cette fois par le batteur Richard Kolinka et le claviériste Aristide Rosier. Dans les textes et les notes dont l’assemblage a pris naissance pendant le confinement, tandis que les artistes n’avaient guère d’autre choix que de préparer leurs futures interprétations, le comédien « entend le monde ». A travers leur spectacle intitulé « Nous y voilà ! », les trois interprètes veulent en effet apporter leur pierre à l’édifice de la sauvegarde de la planète : « Je suis enceinte de déserts… Nous y sommes, dans le mur, au bord du gouffre… »
Le comédien mime et s’exprime. Egal à lui-même, il fascine, force l’admiration et l’attrait pour sa diction avec les mots qu’elle porte. Le spectacle est un appel musical au respect de la nature. Il souligne : « L’idée est de parler de la nature et de réveiller l’humanité qui court à sa perte. » Le thème est loin des considérations du XVIIe siècle mais c’est le même comédien, membre de la maison de Molière, qui a, sur les planches, donné un corps à Scapin, à Tartuffe, des personnages sortis du génie de leur auteur, Jean-Baptiste Poquelin. Le génie serait ainsi une affaire d’imprégnation… et s’est transmis chez Torreton. Dans le spectacle qu’il a conçu avec ses deux amis, il embarque le public dans son monde, et alliant parole et gestuelle (discrète), portant le verbe dans son corps. Il absorbe et convainc : c’est ça le génie.
« C’est un drôle de spectacle »
Hors scène, au jardin Bossuet, juste avant la répétition, Philippe Torreton était détendu. Installé dans un fauteuil, bras croisés derrière la tête, ses amis musiciens à ses côtés, l’homme est simple et explique : « C’est un drôle de spectacle qu’on n’arrive pas à définir. Je pense qu’on est à la croisée de pleins de chemins. Le fait de dire des textes mais aussi de faire de la musique, ce n’est pas une soirée poésie, pas non plus un concert, ça chante sans chanter… Mais on aime bien le fait de ne pas être capable de le définir. C’est difficile d’en parler, c’est plus facile à écouter qu’à décrire… On a eu l’idée de parler de la nature, du rapport à la nature, des poètes, et de tresser tous les textes que l’on avait avec des paroles indiennes, passées et présentes. Ce qui nous a sauté aux yeux, c’est ce rapport à la nature entre les poètes de chez nous, ou même d’autres civilisations, et les indiens d’Amérique du nord, qui sont proches de la nature… Les paroles indiennes ont une charge poétique forte. je trouvais ça chouette de faire entendre ces textes qui se répondent, et puis de mettre de la musique dessus. » Pour lui, l’avenir est sombre et « les Indiens nous avaient tout dit déjà ».
Richard Kolinka ajoute : « On devait monter le spectacle à la Comédie des Champs Elysées. A cause du confinement, nous avons dû répéter chez nous deux à trois fois par semaine. » Les prestations ont été filmées et diffusées sur les réseaux sociaux.
Pour assurer la performance, les artistes ont fait appel à un ancien ingénieur du son du groupe Téléphone. Deux cent cinquante personnes ont assisté au spectacle, samedi.