Le confinement a été scrupuleusement respecté à Villiers-sur-Morin, y compris par les musiciens, tous réduits à faire des vidéos individuelles qu’ils ont partagées pour soutenir les soignants, les malades et les autres confinés, au cœur de l’épreuve de la maladie et de ses conséquences.
La toute nouvelle autorisation de se réunir en privé a libéré les énergies et les envies de jouer ensemble. La musique renaît. Elle ressort toujours, quelques soient les contraintes qui pèsent sur ses adeptes, quels que soient le style ou la forme qu’elle prend.
C’est ce qui s’est passé dimanche 17 mai au soir, sur les hauteurs de Villiers-sur-Morin, où, tout en respectant les règles du nombre de participants autorisés, des musiciens, enfin libérés, ont joué avec un plaisir impossible à dissimuler, dehors, à la tombée du jour. Au programme, du swing et rien que du swing, la musique de Django. Wendy, hôte d’un soir, avait convié Noé Reinhardt, un des meilleurs guitaristes français de sa génération, dans une discipline improprement appelée jazz manouche et dont le vrai nom est « swing des années 30/40 ».
Les musiciens se sont senti pousser des ailes et ont commenté : « Faisons tous en sorte, avec la stricte poursuite du respect des consignes, de permettre à la musique de renaitre et avec elle… la liberté. »
Une distance réglementaire séparait les musiciens d’un quartet improvisé : Hervé Pouliquen à la contrebasse, Griffith, guitariste gaucher jouant sur une guitare de droitier à l’accompagnement, Noé Reinhardt et Marc Rousseaux aux guitares. C’est aussi là que réside toute la magie du jazz, réunissant juste pour le plaisir de la musique, une formation d’un soir éphémère comme un papillon. Et pour citer Véronique Sanson, ils fêtaient à leur manière la fin (prudente) d’une « drôle de vie » qui a duré deux mois et qu’aucun d’entre eux n’a aimé.