Jossigny ► Le restaurant bar-tabac « L’Escale » craint un confinement prolongé qui pourrait compromettre son activité

 

Les commerçants de Seine-et-Marne, à l’instar de Jean-Christophe Bui, propriétaire du bar-tabac restaurant L’Escale, à Jossigny, sont inquiets des répercussions de la crise sanitaire du Covid-19 sur leur activité. Le restaurateur et buraliste a confié sa situation, vendredi 20 mars. 

Les rues de Jossigny étaient désertes, vendredi. Le confinement de la population semble bien respecté dans le village de moins de sept cents habitants. Sur la rue de Lagny, seuls deux commerces sont ouverts : l’épicerie-alimentation générale et la partie tabac du bar-brasserie-restaurant, L’Escale.

Jean-Christophe Buis, le patron de l’établissement, décrit : « Il y a eu un engouement lundi, les gens ont paniqué, ils ont acheté des cartouches de cigarettes pour faire du stock. Ensuite, ça s’est calmé et maintenant, il faut compter un client toutes les demi-heures. Nous sommes très restreints en terme de chiffre d’affaires. Au niveau des consignes de sécurité, je dirai que 70% des gens qui viennent les respectent. Les autres ne comprennent pas qu’ils mettent en péril non seulement la santé mais aussi l’économie. »

Jean-Christophe maintient son tabac ouvert davantage pour rendre service que pour vraiment vendre : « Un fumeur reste un fumeur, malgré l’augmentation du prix du paquet à dix euros. Nous faisons un peu d’emporté (livraison de plats à domicile) pour les personnes âgées, mais ça ne représente pas grand-chose. La fermeture du restaurant est pour nous une grosse perte, nous vivons grâce au restaurant et à la boisson. »

Du fait de la fermeture, il a dû mettre son personnel en chômage technique et a fait l’avance de 84% des salaires : « On va être remboursé, mais quand ? De même pour les charges, il y a un report mais il faudra quand même les payer… avec quoi ? Nous n’avons pour ainsi dire plus de rentrées. C’est une question de trésorerie. »

Il se souvient des travaux dans la rue qui ont duré sept mois et avaient déjà entraîné une perte de chiffre d’affaire de 40% : « J’avais encore le crédit à payer et ma priorité a été de payer le personnel. On parle souvent des nantis de patrons, mais je n’ai pas pu me payer pendant plusieurs mois. Maintenant c’est pareil : ma priorité, c’est de payer mes collaborateurs et sauver l’entreprise, sinon ce ne sera pas le chômage partiel, mais le chômage complet. » 

Jean-Christophe s’interroge :« Comment vais-je tenir jusqu’à la fin de la crise sans mettre la clé sous la porte ? On sait très bien que le confinement va durer plus de quinze jours. Le président de la République a fait de la communication pour ne pas effrayer les gens ». Il indique : « En Chine, les gens sont plus disciplinés. Ils ont respecté les consignes pendant deux mois et on commence seulement à voir les premiers résultats positifs. En France, on n’a pas cette culture de la discipline, on a une mentalité trop égoïste. Si on continue comme ça, ce ne sera pas un mois ni deux mois, mais plus, avec des pertes humaines importantes et des pertes économiques insurmontables. »