A l’invitation du collectif Meaux-bilisé.es, l’économiste Pierre-Yves Chanu est venu à Meaux, mardi 10 mars, salle Jacques-Rapin, pour expliquer la réforme des retraites et faire le point sur son état d’avancement.
Pierre-Yves Chanu est depuis plus de vingt ans spécialiste des questions économiques et plus particulièrement financières, des retraites et de la protection sociale à la confédération CGT. Il est membre du conseil d’orientation des retraites et vice-président de l’agence centrale des organismes de sécurité sociale, dont la déclinaison locale plus connue du public est l’Urssaf.
Il a tout d’abord rappelé que le projet de loi sur la réforme des retraites a entraîné une des plus longue bataille sociale qu’a connue la France depuis 1968 et qu’il reste minoritaire dans l’opinion. Le dernier épisode marquant est le recours par le gouvernement à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. Des modifications ont été apportées au projet auparavant, mais ses bases n’ont changé en rien : il instaure un système par points dans lequel c’est l’ensemble de la carrière qui compterait pour la retraite. Il subsiste cependant beaucoup de zones d’ombre et d’incertitudes et Pierre-Yves Chanu reprend l’expression : « De la retraite par points, il ne reste que des points d’interrogation ».
Il explique que la réforme a deux objectifs. Le premier est de bloquer la part du revenu national consacré au financement des retraites. Aujourd’hui, les prestations de retraites représentent 13,8% du produit intérieur brut. L’étude d’impact montre qu’en 2050 cette part sera de 12,9%. Le conférencier déclare : « Pas besoin de sortir de Polytechnique pour comprendre que si on a dans les années à venir une augmentation de 25% du nombre des retraités et si on bloque la part du revenu national consacré aux retraites, ceci ne peut conduire qu’à une réduction du pouvoir d’achat des retraités. » Le deuxième objectif est l’ajustement autour des mesures d’âge. C’est le fameux débat sur l’âge pivot, qui deviendra l’âge d’équilibre en 2027. SI on part en retraite avant cet âge, on subit une décote importante, de l’ordre de 5% par an.
Pierre-Yves Chanu propose de solutionner le problème de l’équilibre du régime des retraites au moyen de trois mesures : l’augmentation des salaires, le retour au plein-emploi – qui n’est pas un taux de chômage de 7% dont se félicite le gouvernement – et la renonciation aux exonérations de cotisations qui ont explosé.
Le collectif Meaux-bilisé.es a été créé pour lutter contre le projet de réforme des retraites. Il est composé des unions locales des organisations syndicales, comme l’union locale CGT de Meaux qui regroupe les syndicats CGT de soixante-dix-huit communes, dans toutes les branches professionnelles. Il en va de même pour les autres syndicats qui font partie du collectif, comme la FSU, FO, SUD, Solidaire…
Le collectif rappelle que le combat contre le projet de loi n’est pas fini et qu’il reste l’étape importante du Sénat. Il invite à participer à la prochaine journée d’action nationale, mardi 31 mars. Malgré le recours au « 49.3 », son objectif reste le retrait du projet.