La peur de l’épidémie du coronavirus a créé un sentiment de défiance à l’égard des habitants de Seine-et-Marne d’origine asiatique, en particulier à Marne-la-Vallée, depuis l’apparition des premiers cas en France, vendredi 24 janvier.
La défiance envers la communauté asiatique est particulièrement ressentie dans les communes de Marne-la-Vallée où celle-ci est fortement implantée.
A Bussy-Saint-Georges, Nicole, d’origine chinoise, a constaté une baisse de moitié du chiffre d’affaires de son salon de coiffure. Elle confie : « Ceux qui viennent nous témoignent leur soutien envers la communauté asiatique, et se disent scandalisés contre ce racisme anti-asiatique, à savoir qu’un asiatique est obligatoirement atteint du Coronavirus. Moi, qui suis née et ai grandi en France, je trouve la comparaison aberrante. Toutefois, je comprends qu’on puisse avoir peur car il s’agit de la santé. Mais étant en France et voyant comment le ministère de la Santé se démène, on ne peut être que confiant. » La mère de famille dont une partie des proches réside à Wuhan, la ville chinoise au centre de l’épidémie, poursuit : « J’ai vraiment deux sentiments différents : celui dicté par les chaînes de télévision chinoises que je regarde à la maison qui relatent de plus en plus de morts et de contaminés et les ruptures de stock de masques, de lunettes et de combinaisons de protection, et celui que j’ai au salon en écoutant le ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui gère la situation disant qu’il n’y a rien à craindre et qu’il n’y a pas besoin de masque. » Comme pour mieux démontrer le sentiment de malaise, certains coiffeurs et clients du salon portent des masques et d’autres n’en portent pas.
Frédéric, pharmacien à Bussy-Saint-Georges, est en rupture de stock de masques :« Il y a une réelle psychose. Presque tout le monde nous demande s’il reste des masques à vendre, alors même que le personnel de la pharmacie continue de servir sans protection autre que la distance hygiénique règlementaire d’un mètre à respecter en période de grippe et de gastro. » Il conseille : « Il faut avoir une bonne hygiène, se laver les mains régulièrement et prendre les mêmes précautions que pour la grippe et la gastro. »
Des comportements haineux ont été rapportés comme des crachats sur des Asiatiques ou leur bannissement d’un wagon du RER. Catherine, d’origine vietnamienne, déplore les amalgames : « On est tous Chinois aux yeux de certains. » Cadre dans une multinationale, elle relate : « Je travaille dans un open space. La collègue assise à côté de moi a demandé de changer de poste. »
A Torcy, deux collégiens d’origine asiatique sont victimes de moquerie depuis une dizaine de jours. Dany, un habitant de Lognes, ose parler de « racisme » et regrette « le peu de message d’indignation des responsables politiques ». Le hashtag #JeNeSuisPasUnVirus a pourtant été relayé par des milliers d’internautes et par des élus du territoire.
Situation en Chine
En Chine, le port d’un masque, à minima chirurgical, est devenu obligatoire partout et pour tout le monde, y compris dans des zones où aucun cas de coronavirus n’a été décelé. En France, les autorités précisent que le port d’un masque chirurgical ne protège pas, il sert juste pour les personnes malades à réduire la transmission à leur entourage.
En Chine, les contrôles sanitaires, en particulier les prises de température et les questionnaires de traçabilité des déplacements, sont obligatoires dans les aéroports tant à l’arrivée qu’au départ. En France, un simple flyer sur la conduite à tenir en cas de symptômes est distribué aux passagers qui arrivent à Roissy-Charles de Gaulle par des vols commerciaux directs en provenance des aéroports chinois encore desservis, sans aucun contrôle sanitaire.
Certains pays ont fermé leurs frontières aux voyageurs ayant séjourné en Chine dans les quatorze jours précédant leur arrivée. D’autres pays, dont la France, continuent à maintenir des vols commerciaux avec la Chine, opérés essentiellement par des compagnies chinoises. Des pays placent tous les arrivants en quarantaine et d’autres, comme la France, ne placent en quarantaine que les voyageurs en provenance de Wuhan, à l’exemple des rapatriés qui ont été mis en quarantaine à Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône).