Des gens du voyage ont installé leurs caravanes dans la zone industrielle de Compans depuis un mois, sur le parking situé à côté d’une entreprise classée Seveso, rue Copernic. Mardi 26 novembre, Magjournal a rencontré le maire qui alerte l’Etat du danger encouru par les gens du voyage et la population du village.
Les caravanes se sont placées dans l’enceinte d’un parking appartenant à Prologis, situé juste devant l’entreprise Trapil, rue Copernic. Ce n’est pas la première fois que les gens du voyage s’installent à quelques dizaines de mètres du site classé Seveso seuil haut. Le maire de la commune, Joël Marion, tente de les faire évacuer mais rien n’y fait. « Tout le monde s’en fiche », clame-t-il. « A maintes reprises, nous avons essayé de les faire partir mais c’est impossible… Personne ne semble être conscient du danger que ça représente. Les entreprises ont fait ce qu’il fallait pour sécuriser leurs installations mais si jamais, par exemple, les gens du voyage allument un feu, pour faire leurs grillades, et que celui-ci se propage aux cuves de l’entreprise, ça engendre un risque d’explosion… Et alors là, il faudra appliquer le plan d’évacuation de la commune, le PPRT (ndla : plan de prévention des risques technologiques) ».
L’entreprise Trapil gère du transport d’hydrocarbures par pipeline et stocke les produits dans plusieurs grandes cuves. Les gens du voyage ont stationné voitures et caravanes juste devant celles-ci.
Joël Marion souligne : « J’ai fait une demande d’expulsion en bonne et due forme. La semaine dernière, j’ai adressé un courrier au procureur de la République l’informant que dorénavant je dégageais toute responsabilité pénale. Pas de retour. A la préfecture, on ne sait pas où en est le dossier… Quoi qu’il arrive, je ne veux même plus en entendre parler. Il y a tout de même plusieurs arrivées d’hydrocarbures, certaines venant du Havre… Il y a tout le carburant pour l’aéroport… C’est aussi l’une des trois grandes entreprises qui alimentent les camions de toutes les grandes surfaces de la région parisienne… C’est considérable. Pourtant quand on appelle la préfecture, on n’obtient aucune réponse alors que du fait que le site est en Seveso seuil haut, normalement la loi doit être appliquée en moins de 24 heures. Là, ils sont installés depuis un mois. S’il y avait le feu à cet endroit, par effet domino, la température monterait à 1 300°. On a aussi tenté d’expliquer les choses aux gens du voyage mais il répondent qu’ils ne sont là que pour cinq jours… et ils restent. Ils n’ont aucune conscience du danger… Tout le monde, y compris l’Etat se dit qu’il n’y a pas de problème et qu’il n’y en aura jamais… qu’il n’y a qu’à Rouen ou à Toulouse qu’il peut se passer quelque chose ».
Le danger Seveso :
« Encore faut-il pouvoir évacuer la population »
Avec trois entreprises Seveso seuil haut dans la zone industrielle, Gazechime, Trapil, Gerep qui a démoli sa cheminée et qui ne brûle plus de produits mais en stocke encore, le rayonnement de la zone dangereuse est important. S’ajoutent les sites Seveso seuil bas, pour des raisons tout simplement de stockage de produits. Il en existe huit dans la zone de Compans.
Le maire souligne : « Imaginez qu’un jour il y ait un problème. Une des questions dominante va être la gare de Mitry et l’aéroport. A vol d’oiseau, on est à trois mille mètres du premier terminal et la gare RER est dans le périmètre de danger des seuils Seveso. Demain si ici il y a le feu, on ne passe plus sur les routes alentours. Donc pour évacuer, ça va être impossible à cause des bouchons. En ce moment, il y a beaucoup de travaux sur les routes. Les études qui ont été faites sur le sujet ont établi qu’à un kilomètre de l’incendie il ferait 1 100°… Les gens du voyage implantés là vont être réduits en cendre les premiers, mais le personnel qui est autour, dans les entreprises du secteur, par où peut-il partir ? Nous avons des travaux partout, c’est bouché, et même quand il n’y a pas de travaux… La Francilienne est bouchée donc tout le reste est bouché… Or on nous dit, à nous, les maires, qu’en cas de danger, il faut évacuer les villages, le bourg et la périphérie ».
Pour Joël Marion, le risque est augmenté par le personnel dernièrement en grève de Kuhne et Nagel. L’entreprise a annoncé sa fermeture prochaine et les manifestants s’expriment fortement et occupent les locaux. Ils sont juste en face du site Trapil et des gens du voyage. « Les entreprises autour sont inquiètes et je leur ai dit qu’elles avaient raison parce que d’un côté on a le fort mécontentement des salariés et de l’autre l’implantation illicite de gens du voyage qui sont là depuis un mois et dont on se fout complètement. Comme tout le monde se fout de tout, on a une nouvelle occupation qui date de ce matin (ndla : mardi 26 novembre), dans une autre entreprise qui est fermée et en cours de vente. Ils sont entrés comme ça, à quelques dizaines de mètres des premiers. Et j’ai appris qu’il y avait une installation illicite aussi à Claye-Souilly ».
Le manque de réponse de la préfecture concernant l’expulsion des gens du voyage indigne le maire qui trouve ça « lamentable ».