Arnaud Devise, éducateur et comportementaliste pour chiens, a accompagné Nesta, Noname, Lizy, Niska et Elixir pour une séance de mantrailing dans le parc du Pâtis à Meaux, dimanche 21 juillet.
Arnaud Devise a fait du mantrailing (recherche de personne) sa spécialité. Il explique : « Je propose ce jeu à des chiens, même ayant des comportements asociaux, pour les aider à mieux intégrer qu’ils peuvent avoir confiance en l’être humain. Pour cela, il faut rappeler d’abord que le chien possède un odorat beaucoup plus développé que le notre ». Les humains ont cinq millions de récepteurs olfactifs, alors que le chien en a 225 millions. Arnaud précise : « De façon plus imagée, vous prenez une plage de 500 mètres de long, 50 mètres de large et 50 cm de profondeur, le chien est capable de vous trouver deux grains de sable identiques. Tous les chiens aiment ce jeu, certaines races sont plus ou moins adaptées, mais il s’agit surtout de s’amuser avec son chien ». Ainsi, le whippet est plutôt un chasseur à vue, cela sera donc un peu plus compliqué pour lui. L’odeur que va suivre l’animal est portée par les cellules mortes que nous perdons tout au long de notre vie et qui sont détériorées par les micro-organismes dès qu’elles touchent le sol, cela va créer la trace odorante.
Les chiens ont travaillé un par un pour rester bien concentrés sur leur objectif. A chacun d’eux, après avoir enfilé leur harnais de travail et attaché à la longue longe, Arnaud a fait sentir un objet appartenant à la victime (tee-shirt, casquette) préalablement emballé dans un sac. La victime s’est cachée plus ou moins loin selon le niveau de difficulté que le chien peut supporter. Avant de partir se disparaitre, elle a présenté au chien, en guise de future récompense, une boîte hermétique contenant le mets préféré de l’animal : du thon ou des raviolis au bœuf en sauce…
Arnaud explique : « Il ne faut pas donner un produit sec, comme des croquettes. Il faut de l’humide, mieux encore, du collant pour que le chien apprécie sa récompense. On ne commande pas le chien : ici, pas d’ordres, de ‘couché’ ou ‘assis’, juste le jeu et de la stimulation positive ‘cherche’, ‘bravo’, ‘c’est bien’. En ce qui concerne le harnais de travail, plus l’attache se fait sur l’arrière du chien, mieux c’est. Il faut un harnais qui englobe le poitrail et qui n’empêche pas les mouvements des antérieurs, ce qui procurerait des échauffements désagréables pour l’animal ».
Pour Noname, le débutant, dimanche, la piste a été facile à suivre. La victime est partie le long des chemins tandis que le cane corso la suivait du regard. Après quelques fausses routes, le grand chien noir a fini par trouver l’homme qui lui a tendu la boîte pleine des friandises, sans le regarder et sous les félicitations sonores du groupe. Arnaud souligne : « Le regard peut-être mal interpprété par le chien ».
Pour Nesta, plus expérimenté, et Marie, la piste s’est compliquée. Le alte deutsche schäferhund (ancienne race de berger allemand) de quatre ans n’a pas eu droit de voir la victime se cacher. Celle-ci est allée plus loin. Le second exercice s’est fait en partie sur milieu urbain.
Arnaud indique : « La trace odorante est plus ou moins compliquée à suivre suivant le substrat, le taux d’humidité et le vent. Actuellement, c’est idéal pour les chiens : vent léger, taux d’humidité ni trop sec, ni trop humide, pas de pluie. Le jeu se fait selon l’envie du chien et sa capacité à se concentrer sur le jeu. S’il n’a pas envie, nous le remettons dans les véhicules, mais nous finissons toujours par une séance facile et gratifiante pour qu’il soit heureux d’avoir joué ».
Pour Elixir, le whippet âgé de dix ans, la piste s’est faite essentiellement en milieu urbain. Il s’agit d’un mâle, celui-ci a effectué des aller-retours à des endroits stratégiques afin d’y laisser sa propre odeur. Le comportementaliste intervient : « Le chien ne suit pas à proprement parler une trace. Il peut, grâce à son flair, couper directement et retrouver la personne recherchée plus vite. Si cela se trouve, il sait déjà où elle est et préfère laisser des pipis partout ».
Arnaud Devise exerce son activité depuis quatre ans. Il a été formé par Sandrine Otsmane et adhère aux observations des éthologues, David Mechet, Raymond et Lorna Coppinger. Il insiste : « Il faut arrêter de dire qu’on est le maître du chien. Il n’y a pas de rapport de servitude dans les relations homme/chien. Nous ne sommes pas non plus dans de l’anthropomorphisme : le chien voit comme un chien et l’homme comme un homme, chacun son point de vue. Le chien ne se cache pas quand il ressent quelque chose alors que l’être humain est moins dans la gestuelle et plus dans la parole. Quand on me parle de rapport aux loups, je réponds que la meute est une famille. Un chien ne reproduit pas ce qu’il fait en famille à un groupe de chiens. S’il attaque, c’est que le plus souvent, il a peur d’être attaqué ou volé, donc il anticipe le geste de l’autre ».