L’ancien président de la République, François Hollande, s’est rendu à l’Atalante, à Mitry-Mory, pour échanger sur le sujet de la radicalisation avec les cent cinquante élèves de troisième du collège Erik-Satie, lundi 20 mai.
L’équipe enseignante du collège Erik-Satie a travaillé avec les élèves sur le sujet de la radicalisation. Les travaux ont suivi une pièce de théâtre. François Hollande, qui n’avait pu se déplacer le jour de la représentation, avait promis de venir discuter avec eux « un peu plus tard ». Le rendez-vous a eu lieu lundi.
Charlotte Blandiot-Faride, le maire de la ville, a salué le travail fait par l’équipe du collège Erik-Satie : « C’est une bonne chose de pouvoir libérer la parole, que les questions puissent être posées, qu’on puisse librement discuter de ce que l’on a pu vivre ces dernières années ». S’adressant à François Hollande : » Et qui de mieux que vous qui étiez président de la République à cette époque-là pour nous dire comment vous avez vécu la période ? »
François Hollande a ensuite pris la parole : « Je suis venu à Mitry-Mory parce qu’il y avait un projet pédagogique qui m’a paru être un exemple de ce qu’un établissement scolaire peut faire pour éveiller les consciences… S’il y a un but que l’on peut retrouver chez tous les terroristes, c’est que lorsqu’ils portent une attaque c’est pour blesser mais surtout pour diviser… Il faut apprendre à corriger toutes les mauvaises informations, faire tomber tout ce qui est de l’ordre du mensonge, du détournement, de la manipulation, du complot ».
Lilian Delmas et Julien Mercier, professeurs au collège Satie, ont expliqué le projet : « Les élèves étaient intéressés par le sujet. Au début, ils avaient un peu d’appréhension mais ils avaient envie de comprendre le processus de la radicalisation. Le meilleur moyen de la combattre, c’est de donner foi dans les valeurs de la République, d’aider à identifier la propagande en aiguisant l’esprit critique… A travers le projet d’histoire, on a parlé de la propagande de la seconde guerre mondiale et les élèves ont appris à reconnaître la radicalisation ».
Liens entre organisation et acte terroriste
Le débat a pu ensuite commencer avec une question d’Eric, un collégien, sur la gestion des attentats. François Hollande a déclaré : « Pendant la campagne électorale de 2012, il y a eu des attentats à Toulouse et à Montauban où un terroriste a tué des soldats et des enfants dans une école juive… Donc, je savais, avant même d’être président, que le terrorisme d’inspiration islamiste était là… A cette époque, il était commun de dire que c’était le fait d’un individu isolé qui avait disjoncté, pris des armes et était passé à l’attaque sans lien avec une organisation. L’expérience prouvera qu’il est rare qu’il n’y ait aucun lien entre une organisation et un acte terroriste… L’attentat qui a été le plus emblématique de la période que j’ai traversée, le plus lourd, a été l’attaque contre Charlie Hebdo et ensuite contre l’hyper-kacher à Paris… »
L’attentat de Charlie Hebdo a été abordé avec les élèves. L’ancien président se souvient : « J’étais informé par les services de renseignement. Je savais combien de personnes étaient parties en Syrie ou en Irak. Je savais que l’on avait démantelé des groupes. Je savais que des individus pouvaient être radicalisés. Mais comment savoir qu’il allait y avoir, le 7 janvier 2015, une attaque contre Charlie Hebdo ? »
François Hollande raconte qu’il a parlé aux professeurs qui avaient encadré au collège les frères Kouachi [Ndlr : auteurs de l’attentat] quand ils avaient entre dix et quatorze ans. Ils ont été décrits comme des ados troublés, déstabilisés parce qu’ils étaient orphelins. Mais ils avaient été « remis dans le cadre ». L’un des deux jouait au football et espérait devenir professionnel.
Il poursuit : » Il faut comprendre que le terrorisme se fait avec des gens qui pensent et qui organisent des groupes, et puis avec des jeunes gens qui peuvent basculer rapidement… Cela a été ma première expérience réelle. Après, il y en a eu d’autres… »
L’ancien président a répondu à toutes les questions posées par les collégiens. Le débat a duré une heure et demie.