Eric Leblacher est le sportif emblématique du Pays de Meaux. L’ancien cycliste professionnel, victime d’une grave chute à Melun en juin 2008 s’aligne du 13 au 16 juin sur les 300 km du Raid de l’Archange. Flash back sur un retour d’enfer.
Comment l’accident est-il arrivé et quelles en ont été les conséquences physiques ?
Nous sommes le 3 juin 2008, je participe à une épreuve cycliste à Melun et sur la ligne droite d’arrivée, entre les deux ponts du centre ville, je suis victime d’un accrochage entre deux cyclistes et je ne peux pas éviter la chute. Je frappe le sol et reste allongé. Résultat : quintuple fracture ouverte tibia péroné. Un cas rare d’après le corps médical qui juge très grave la blessure.
Le corps médical qui avait émis de sérieux doutes sur votre reprise du sport ?
Le corps médical avait jugé le faible la possibilité de refaire du sport. J’ai été reçu en tête a tête pour me l’annoncer en présence de ma femme Stéphanie. Ça a été en vérité le moteur de ma rééducation. Il était impossible que cela se passe comme cela et j’ai pris appui sur ce constat pour me battre durant neuf mois, jour et nuit.
Je dois un peu de mes forces au docteur Christian Allard qui a favorisé mon rapatriement immédiat sur Meaux, au docteur Cédric Laporte qui m’a opéré et a considéré mon cas comme une expérience et enfin je dois beaucoup au cabinet de kinésithérapie du Luxembourg à Meaux. J’y ai suivi une rééducation quotidienne alors que je devais aller au centre sportif de Capbreton. Ils m’ont dit « si tu veux, on peut faire nous aussi ».
Et vous avez réussi à remonter sur un vélo et gagner à Coulommiers pour votre reprise ?
J’ai repris la compétition 239 jours plus tard et j’ai remporté l’épreuve Nationale de Coulommiers. J’ai pensé à cela dès que j’ai pu reprendre le sport. J’ai tout guidé en ce sens, j’en ai rêvé très fort je crois. C’est la seule fois où j’étais sûr de gagner au départ car l’histoire ne pouvait être belle que comme cela. J’étais là pour gagner et appeler aussitôt tout le corps médical pour leur dire merci.
Une incapacité évaluée à 15%, un déficit de force sur la jambe gauche de 20% d’après les tests, une cicatrice toute jolie. En vérité, je suis plus fort que la terre entière désormais car j’ai une arme suprême, un pouvoir magique : j’ai récupéré ma jambe gauche C’est la partie de mon corps que je préfère. Nous sommes fusionnels tous les deux, même quand elle m’occasionne des gênes ou de petites douleurs.
Sur tes terrains de jeux où trouvez-vous maintenant votre plaisir ?
Je suis guidé par le dépassement de soi, la nature, l’ inconnu, la performance et le bonheur de partager….de vivre tout simplement.
On sent une grande diversité dans vos choix de courses ?
Oui je m’ouvre à tout avec par exemple 4 tours du Mont-Blanc à vélo, 1 à pied, 2 marathons des Sables, 15 marathons, 11 ultra trails, 3 fois les 24h du Mans cycliste, les 24h du Castellet, 1 raid de l’Archange, 3 titres de champion de France duathlon GA, 59 victoires depuis mon accident, le record de 14 ascensions de l’Alpe d’Huez en 24h et que sais-je encore…
Avec la bagatelle de 173 podiums depuis l’accident ?
Pas le plus important. J’ai surtout choisi de distribuer du bonheur et du savoir en organisant des épreuves à pied ou en collaborant fortement à des organisations à titre professionnel grâce à mon emploi à la direction des Sports de Meaux. Je m’investis dans des projets humanitaires pour les Resto du Coeur, ELA, les maladies rares, la lutte contre le cancer. Je m’investis aussi dans des écoles ou à la prison de Réau.
Quel est votre ressenti au-delà de cette vie trépidante ?
Par dessus tout, je m’enrichis de rencontres, de sourires et de projets partagés avec des personnes de tous horizons. La vie est simple non ?