Enfant de Thorigny-sur-Marne, Pascal Da Silva n’a ni les deux pieds dans le même sabot ni la tête dans le sable. En éleveur qui déploie ses ailes, il s’est lancé il y a un an dans l’autruche. Sur ses terres, à la jonction de la rue des Pointes et de la rue Carnot, il mise sur les fêtes de Pâques pour booster ses ventes de viande et se donne dix-huit mois pour faire décoller l’activité. Rencontre samedi 30 mars.
« Sages les filles ! Qu’elles sont coquines ! En ce moment, elles sont amoureuses, alors il faut faire particulièrement attention ». C’est ainsi que Pascal Da Silva, 57 ans, parle de ses autruches qui vivent en plein air dans sa ferme.
Il y a cinq reproducteurs et sept femelles venus de l’Autruche Rieuse, le seul élevage de Seine-et-Marne, basé à Montmachoux. C’est d’ailleurs là que tout a commencé pour Pascal qui a grandi dans une famille d’exploitants agricoles installée depuis trois générations à Thorigny : « J’ai eu un coup de cœur pour l’animal lors d’une balade dominicale chez mon confrère de Montmachoux. J’ai pris quelques renseignements, puis j’y suis retourné une demi-journée et il m’a tout expliqué. Je voulais attendre la retraite pour me lancer, mais je me suis retrouvé au chômage, donc j’ai commencé à bâtir mes enclos. Je suis ensuite parti en formation à Angoulême avant d’obtenir de la préfecture le droit de détenir des animaux et d’ouvrir le parc. Ça a été long et compliqué ».
L’objectif de l’éleveur : vendre de la viande. Il explique : « Sur une carcasse, je sors trente kilos de viande, vendue entre 35 et 45 euros le kilo. Il faut douze à quatorze mois pour ‘faire une bête’ et savoir jouer avec le calendrier pour avoir du stock à Noël. Je les nourris moi-même aux céréales. Au retour de l’abattoir, je les prépare en pavé, steak, rôti. Les saucissons seront prêts jeudi, et, avec les beaux jours, je vous recommande les brochettes d’autruche en grillade, un régal ! »
Dans l’autruche, il paraît que c’est comme dans le cochon, tout est bon : la viande, mais aussi les plumes utilisées dans les ateliers de couture parisiens, l’œuf et la graisse transformée en crème de jour par les laboratoires cosmétiques. Sans oublier le cuir : « Je fournis depuis peu la sellerie Tatare de Thorigny qui fabrique des ceintures, des sacs et des portefeuilles ».
Prudent, Pascal Da Silva préfère ne pas exploiter « tout le filon » car cela demande beaucoup d’investissement et il craint d’y laisser… des plumes. Il n’empêche, les projets couvent : une place sur le marché de Lagny-sur-Marne, et d’ici quelques mois, une boutique juste à côté de la ferme. Le permis de construire a été déposé. Propriétaire des parcelles, l’éleveur reconnaît que la communauté de communes de Marne et Gondoire l’a beaucoup soutenu, particulièrement financièrement pour qu’il puisse avoir l’arrivée d’eau et d’électricité sur le site.
L’accès se fait à pied par des chemins communaux depuis le bas de la rue Carnot ou de la rue des Guayes, ou bien en voiture par un chemin rue des Pointes. Pour le moment, les commandes se font par téléphone et via la page Facebook.
L’autruche des Pointes se prépare aussi pour la journée découverte de l’agriculture en Marne-et-Gondoire, samedi 11 mai, avec des animations et un atelier de dégustation à partir de 14 heures.