Une marche blanche en hommage à Julie Douib, tuée par son ex-compagnon le 3 mars en Corse, a rassemblé plus de mille personnes à Vaires-sur-Marne, samedi 9 mars. La comédienne Muriel Robin était en tête de cortège.
Parti de la place du Marché, le cortège silencieux a rejoint le parc des Pêcheurs où Julie s’amusait étant enfant. Muriel Robin, dont l’engagement dans la lutte contre les violences faites aux femmes est bien connu, a marché en tête. La comédienne déclare : « Les artistes peuvent faire bouger les choses car ils ont une parole, une tribune. Ils peuvent apporter un pierre à l’édifice de la lutte contre les violences faites aux femmes. Il faut se battre parce que ce qui s’est passé là… c’est inconcevable ! »
Julie Douib, âgée de 34 ans, a été tuée par son ex-compagnon, dimanche 3 mars, à l’Ile Rousse (Haute-Corse) où elle résidait depuis une dizaine d’année. Elle a grandi à Vaires-sur-Marne et y a passé toute son adolescence. Ses parents y vivent toujours.
Daniel Wathlé, adjoint au maire, indique : « Les amis et la famille de Julie ont préparé la marche blanche. La mairie a mis à disposition les moyens logistiques. Il faut lutter contre les violences faites aux femmes. J’ai deux grandes filles. Tout le monde peut être touché ».
Le souvenir de Julie est vivace à Vaires. Céline, une de ses amies, déclare : « Nous nous sommes connues au collège. Nous sommes parties ensemble en colonie de vacances organisée par la mairie. Julie, c’était vraiment une fille pétillante, toujours positive, vraiment une belle personne, quelqu’un de doux, bienveillante, gentille. C’est horrible, je n’ai pas d’autres mots, c’est horrible ».
Hélène, Delphine et Séverine, venues des Bouches-du-Rhône, de l’Hérault et des Yvelines, ont connu Julie sur un forum en ligne où elles avaient constitué, au moment de leur grossesse, un groupe nommé « les Décembrettes ». Elles continuaient à correspondre régulièrement et étaient inquiètes pour leur amie qui se confiait à elles et racontait son quotidien. Toutes parlent d’un drame prévisible. Son compagnon était violent et détenait une arme à feu. Julie avait déposé cinq plaintes pour violences conjugales. Suite à une enquête sociale, la garde provisoire des deux enfants, âgés de huit et dix ans, avait été confiée… au père.
Julie a été tuée de deux balles de 9 mm tirées à bout portant par son ex-compagnon. Le drame aurait-il pu être évité si elle avait été mieux écoutée et prise en charge ? Muriel Robin s’indigne : « On est en 2019, on ne peut pas tolérer ça. Il faut des moyens supplémentaires. Je sais que tous les dossiers sont urgents, qu’il faut de l’argent pour tout. Moi, je suis là pour dire que ce dossier-là, il va falloir qu’il soit prioritaire. Des hommes assassinent des femmes. Que faut-il pour qu’on se bouge ? Trente femmes ont été tuées depuis le début de l’année, victimes de violences conjugales « .
Marie Cervetti, qui dirige un centre d’hébergement et de réinsertion sociale pour femmes victimes de violences, explique : « On demande des places d’hébergement, mais pas dans des centres pour les sans-abri, où les femmes victimes de violences ne sont pas en sécurité. Il faut des places de mise en sécurité où elles peuvent être accompagnées par des personnes formées aux violences. Il n’y a en France qu’un seul centre de ce type pour les femmes sans enfants. On croit rêver. Ça vaut combien la vie d’une femme ? Ce n’est pas facile de dire à une femme victime de violences, ‘quitte-le, va t’en’… S’en aller pour aller où ? Et il faut arrêter de penser que, quand une femme va au commissariat, elle est une menteuse. Ça aurait sauvé la vie de Julie si, quand elle est allée trouver les gendarmes, ils l’avaient crue. On est quasiment en situation de flagrant délit, alors on y va ».
Une cagnotte en ligne a été ouverte sur le site Leetchi pour aider les enfants de Julie et subvenir aux frais de justice.