Après son refus de voir démarrer le chantier CDG Express à Mitry-Mory, la municipalité s’oppose à la privatisation d’ADP (Aéroports de Paris). Le maire, Charlotte Blandiot-Faride, en a expliqué les raisons, mardi 19 février, lors du conseil municipal.
Pour le maire, si le gouvernement« s’entête » à réaliser le CDG Express, c’est pour « servir la privatisation du groupe ADP afin d’augmenter sa valeur financière par un moyen de transport dédié et privé ».
Mardi soir, elle a développé plus avant : « Le groupe exploite les aéroports de Paris-Orly, Paris-CDG et Paris-Le Bourget. Troisième acteur aéroportuaire mondial et premier au niveau européen pour le transport du fret et du courrier, le groupe gère vingt-six aéroports dans le monde avec un trafic de deux cent vingt-huit millions de passagers sur l’ensemble de ses aéroports, dont plus de cent millions sur Paris-Orly et Roissy-CDG. L’Etat est actionnaire majoritaire d’ADP à hauteur de 50,63 % des parts. Le projet de la loi Pacte sur la croissance des entreprises ouvre la voie à sa privatisation sur la base d’une concession de soixante-dix ans ».
Selon Charlotte Blandiot-Faride, une fois le texte adopté « le gouvernement pourra procéder à la vente au privé de tout ou partie des actifs qu’il détient », soit 9,5 milliards d’euros. Elle a rappelé que le projet de privatisation suscitait de « très fortes inquiétudes » parmi les élus et jusqu’au Sénat qui, lors de son examen le 5 février, l’a rejeté à une large majorité.
Le maire met en garde sur les enjeux environnementaux et sanitaires, « relégués au second plan malgré qu’ils soient primordiaux ». Elle complète : « La privatisation va porter un grave préjudice au développement des plateformes aéroportuaires, avec des conséquences pour l’emploi, le statut, les conditions de travail et le risque d’externalisation d’un certain nombre de secteur d’activités ».
Elle pointe aussi « la sécurité nationale », avec le contrôle des entrées et sorties des passagers, ainsi que celui des marchandises sur le territoire : « Il est donc indispensable d’agir pour que ADP demeure dans le giron public, à l’image du choix réalisés par d’autres puissances mondiales comme l’Allemagne et les Etats-Unis ». Elle a taclé la politique du gouvernement qui considère que « l’État est un mauvais actionnaire », rappelant la construction du nouveau terminal T4, prévu pour accueillir quarante millions de passagers supplémentaires (relire notre article).
L’opposition municipale a déclaré pour sa part « attendre des précisions sur le projet de privation » et s’est donc abstenue de voter. Laurent Prugneau (UDI) explique : « Paris-CDG est le cœur battant de notre intercommunalité. Chaque mois, nous comprenons mieux les enjeux économiques incontournables d’une plateforme qui représente 8,3 % de l’emploi salarié de la région Ile-de-France et génère 10 % des richesses franciliennes. L’objectif prioritaire est d’atteindre le même niveau de développement économique que la Défense et le plateau d’Orsay ».
Laurent Prugneau