Cent vingt-cinq migrants ont emménagé dans l’ex-hôtel Villa Bellagio, devenu résidence de tourisme, à Bussy-Saint-Georges. Mis devant le fait accompli, le maire, Yann Dubosc, a tenu une réunion, lundi 4 février, à la salle Maurice Koehl. Son intention était d’informer les habitants sur « la manière dont la municipalité va pouvoir gérer la situation ».
Ce sont des hommes de 28 à 29 ans, venus de pays en guerre : Soudan, Somalie, Éthiopie, Érythrée et Afghanistan. Arrivés mardi 22 janvier, ils ont été logés au Bellagio, à raison de trois par chambre de 24 m². Ils sont accompagnés par la Rose des Vents, une association mandatée par les préfets de région et du département. Cette dernière était donc habilitée pour contracter avec la société Résidis, opérateur privé qui gère la résidence pour le compte de ses cent dix copropriétaires.
Sur le site, cinq travailleurs sociaux, une coordonnatrice, un agent d’accueil et un vigile encadrent les réfugiés. La Rose des vents a une mission de trois ans pour les aider à s’intégrer, l’État lui versant 35 euros par jour et par migrant. Le maire a déclaré, lundi soir : « Je suis un maire humaniste. Aujourd’hui, ces personnes sont là et je ne les jetterai pas dehors. Si sur le fond, ça mérite des discussions, sur la forme, c’est un vrai scandale ».
Un habitant se lève : « Je suis allé au Bellagio. On y entre comme dans un moulin. Que comptez-vous faire pour la sécurité de nos enfants car il y a une école, un collège et un lycée à côté ? » Le maire a annoncé des mesures de sécurité sur le boulevard de Lagny, avec de la vidéoprotection et un renfort de policiers municipaux au moment des entrées et sorties des élèves. En parallèle, il a demandé aux habitants de ne pas « tomber dans la caricature ».
Excédé, Sébastien demande justement le micro : « Sous-entendre les Français d’abord, les étrangers après, c’est une nullité absolue. Quand vous parlez de vidéoprotection, vous sous-entendez qu’il y aura plus d’insécurité parce qu’ils sont là ? »
Dominique Fontaine, curé de la paroisse, a rencontré une douzaine de migrants la semaine dernière : « La première chose qu’ils demandent, ce sont des cours de français. Ils voudraient aussi se rendre utile, faire du bénévolat car ils ont beaucoup de choses à nous apporter. Nous allons nous organiser avec le Secours catholique pour les aider ».
Sur décision préfectorale, l’hôtel a été déclassé de son statut ERP (Établissement recevant du public) pour recevoir celui de résidence touristique. Or, le maire a rappelé qu’il avait décidé, en juillet 2017, de fermer le Bellagio « sur demande du SDIS » (Service départemental d’incendie et de secours) car « il y avait un risque majeur d’incendie au sein du bâtiment et qu’il subsiste encore aujourd’hui ». Olivier Pérez, représentant de Résidis, s’insurge : « Les ascenseurs et les fuites ont été réparés, les deux chaudières ont été changées et je vous invite, ainsi que les Buxangeorgiens, à venir vérifier que les mesures de sécurité incendie ont bien été prises ».
A une habitante lui reprochant d’avoir été au courant de la situation, Yann Dubosc réplique : « J’ai reçu, le 25 septembre, un courrier de Résidis évoquant une résidence de tourisme, en aucun cas un centre de migrants. Ce n’est pas tout à fait pareil ». Quand l’élu a appris « avec stupeur » l’information par la Rose des vents, il a interrogé le sous-préfet « qui n’était pas informé, pas plus que le directeur d’EpaMarne ». Le 3 janvier, il a finalement reçu un courrier officiel du préfet, Béatrice Abollivier. « L’opacité du dossier a été extraordinaire. Je n’admets pas cette suspicion de l’État vis-à-vis des maires. Que les services décentralisés de l’État et le maire ne soient pas informés d’un sujet aussi important que celui d’un centre d’hébergement de demandeurs d’asile, m’a mis dans une colère noire » a-t-il expliqué.
De gauche à droite, Olivier Perez, Hervé Cauchard (Rose des vents), Alain Bleton et Yann Dubosc