Chandara et Phounsavath Boulom, les propriétaires de la boulangerie située place de l’Eglise, à Nanteuil-lès-Meaux, veulent partir à la retraite. Le couple s’est confié à Magjournal, jeudi 10 janvier, et a retracé son parcours depuis les rives du Mékong, au Laos, jusqu’à l’ouverture de la boutique.
Le couple Boulom a mis en vente la boulangerie qu’il a reprise en 2013. L’annonce de la retraite a attristé de nombreux habitués. L’un d’eux, qui vient tous les jours prendre sa baguette tradition, affirme : « Ils font du bon pain ». Chandara Boulom a monté son affaire, après avoir été licencié d’une boulangerie semi-industrielle, avec son fils, titulaire d’un CAP en pâtisserie, et son épouse Phounsavath, qui venait juste de prendre sa retraite d’infirmière à l’hôpital Tenon (Paris), à 55 ans. Le boulanger raconte : « Je me suis retrouvé au chômage après 55 ans et je pouvais attendre tranquillement ma retraite en touchant des indemnités mais il n’était pas question que je reste à ne rien faire. Nous avons eu l’opportunité d’ouvrir notre premier magasin et d’aider en même temps notre fils qui venait de terminer sa formation ».
Au fil du temps, le couple a dû s’adapter aux attentes des clients et s’est efforcé de fabriquer du « pain de qualité ». Phounsavath explique : « Je veux que les gens mangent bien et qu’ils soient en bonne santé ». L’ancienne infirmière a choisi elle-même la farine, « label rouge des Moulins de Paris » et a encouragé son mari à fabriquer des pains à base de sésame, au quinoa ou au blé complet. La boulangerie propose également un « pain avec le moins de gluten possible ». Phousavath indique : « Pour que ce soit un pain zéro gluten, il aurait fallu prendre un autre four et installer un autre laboratoire pour n’avoir aucun résidu ». Annick, de Fublaines, une cliente qui assimile mal le gluten, y vient exprès chercher son pain.
Les Boulom sont des artisans estimés par la population qui apprécie même « la voix porteuse de la boulangère ». Peu connaissent l’histoire exceptionnelle du couple. Chandara, le boulanger, se souvient de son arrivée en France, il y a quarante ans, le 8 février 1979. Ancien militaire, dont la famille a été accusée d’être « proche des Occidentaux », il s’est échappé d’un camp de rééducation dans son pays, le Laos, en traversant le fleuve Mékong à la nage pour rejoindre la frontière thaïlandaise. Il raconte : « J’ai dû nager deux kilomètres, la nuit, à deux heures du matin pour ne pas me faire repérer par les soldats communistes ». Chandara est resté trois ans au camp de réfugiés de Nong Khai, en Thaïlande, avant d’être accueilli en France : « Il fallait que je travaille rapidement pour aider mon frère qui faisait encore ses études. J’ai commencé par faire la plonge pendant neuf mois en suivant en même temps des cours de français. Puis, mon professeur m’a conseillé d’apprendre la boulangerie ».
Chandara et Phounsavath se sont rencontrés au Mans (Sarthe). « Nous habitions dans la même ville au Laos et nous nous étions jamais croisés. Il a fallu que notre rencontre se fasse ici « . Ils se sont mariés en 1981 et se sont installés dans un premier temps à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), puis à Paris, avant de poser leurs bagages en Seine-et-Marne.
Chandara et Phounsavath, une fois la boulangerie cédée, voudront profiter de la maison qu’ils ont achetée à Saint-Pathus et surtout aller voir leur famille installée un peu partout dans le monde. Leur fils ne souhaite pas reprendre l’affaire et rêve de partir s’installer en Grande-Bretagne ou en Australie.
Histoire extraordinaire de la famille Boulom, personnes de très grandes qualités humaines. Je souhaite apporter mon témoignage, car j’ai connu la famille et plus précisément Phounsavath, que tout le monde monde, ses patients, ses collègues infirmièr(e)s et les médecins, appelaient Vath. Elle était infirmière spécialisée en néphrologie et surtout en dialyse à l’hôpital Tenon à Paris. Elle a de très grandes qualités professionnelles. Elle a formé un très grand nombre de ses jeunes collègues et les machines de dialyse n’avaient aucun secret pour elle. Elle était une référente pour toutes, qu’on appelait toujours au secours quand cela devenait compliqué . Je lui souhaite et à Chandara une excellente retraite très largement méritée et le meilleur pour la suite .
Hafedh