Pomponne ► Conseil municipal : l’opposition quitte la salle, deux conseillers arrivent et sauvent le quorum

Le dialogue semble bel et bien rompu entre l’opposition et le maire de Pomponne. Le conseil, vendredi 14 décembre, a encore failli tourner court. Voyant que la majorité municipale était minoritaire, les élus de l’opposition ont quitté la séance en réclamant son annulation. Mais le maire a fait appeler deux élus qui sont effectivement venus, provoquant un tollé dans la salle.

Le nombre d’élus est de vingt-sept et il en faut au minimum la moitié plus un pour qu’une assemblée puisse légalement délibérer. Or, il n’était plus que douze, vendredi soir, lorsque les cinq élus de l’opposition ont quitté la salle. Arnaud Brunet, du groupe Ensemble initiatives Pomponne, explique : « Déjà, lors du dernier conseil [Ndlr : mercredi 28 novembre], l’équipe de la majorité ne totalisait que dix membres et le quorum n’aurait pu être atteint si nous n’étions pas restés. Nous sommes désolés vis-à-vis du public, mais cela ne peut se reproduire à nouveau car c’est un manque de respect ».

« On vous demande d’annuler le conseil »

Christophe Prudhomme s’est adressé à son tour au maire : « Nous étions officiellement convoqués à 20 heures et il est 20 h 25. Vous fixez des règles que vous-même ne respectez pas. Vous n’avez pas le quorum et on ne va pas attendre jusqu’à minuit pour que vous l’obteniez. On vous demande donc d’annuler le conseil et de le reporter ».

« Vous faites ce que vous voulez »

Cependant, le maire, Roland Harlé, a pris l’option de le maintenir en appelant à la rescousse deux conseillers : « Vous êtes des élus de la République, vous avez le droit d’assister au conseil municipal, mais ce n’est pas une obligation. Vous faites ce que vous voulez et je suis assez grand pour savoir ce que j’ai à faire. Bonne soirée ».

Christophe Prudhomme renchérit : « Ce conseil est illégal et nous enverrons une lettre au préfet dès lundi matin ». Carlos Fernandez, élu de Bien vivre à Pomponne, le second groupe d’opposition, est intervenu à son tour : « C’est tout simplement une grosse mascarade. Et un mépris de l’opposition, comme vous le faites depuis quatre ans. Il n’y a que vous, que vous… Il faut que le public l’entende. Vivement 2020 ! »

« Vous voulez que j’appelle la police ? »

Entre-temps, Anne-Laure Guillaume et Franck Paris, les deux conseillers, sont arrivés. Ce dernier a indiqué être retard suite à des problèmes de circulation. Le maire procédait à l’appel lorsque, dans le public, Catherine, une habitante a élevé la voix : « Bien sûr qu’il est atteint votre quorum puisque vous avez appelé quelqu’un. C’est inadmissible, bravo à tous les conseillers ! » Le maire l’a immédiatement prévenue : « Si vous perturbez le conseil, je vais être obligé d’appeler la police. C’est ce que vous voulez ? »

Des explications sur le projet du pont en X

Les questions écrites du groupe Ensemble initiatives Pomponne ont été lues en fin de séance. Afin de comprendre pourquoi le projet de la Sem de Montévrain met en péril l’étude du pont en X, le groupe demandait au maire les incompatibilités entre les deux programmes. Il souhaitait également un compte rendu de l’entrevue du lundi 26 novembre, entre Roland Harlé et Christophe Noël, le directeur de la Semm.

Le maire a répondu que la modification apportée au PLU, approuvé en juin 2017, portait sur la création d’un emplacement réservé pour permettre l’élargissement de la rue de la Gare en prévision des travaux sur le pont en X. « Soit un élargissement de 866 m² et sachant que la rue fait 170 mètres linéaires, cela fait exactement cinq mètres. Cet emplacement réservé n’a tout simplement pas été respecté. C’est l’une des non-conformités au PLU et qui impacte en particulier les projets de travaux du pont en X » a-t-il précisé.

Une nouvelle rencontre avec la Semm

En ce qui concerne l’issue de sa réunion avec Christophe Noël, Roland Harlé a déclaré : « Aucune décision n’a été prise. Je peux vous annoncer que nous nous rencontrerons à nouveau prochainement. Compte tenu du contexte, je ne vais pas m’étendre sur le sujet parce que je n’ai pas à rendre compte au conseil de toutes les discussions que j’ai dans le cadre de mes fonctions ».

Or, la veille, jeudi 13 décembre, le tribunal administratif donnait une seconde fois tort à la commune : le maire avait en effet préempté une parcelle de terrain sur lequel se trouvait le projet immobilier de la Semm.

Lire également notre article publié ce jour / Commune contre Sem de Montévrain : le tribunal déboute à nouveau le maire. La Semm chiffre son préjudice à 3,8 millions d’euros.