Une réunion publique s’est tenue, vendredi 9 novembre, salle Jean-Vilar, à Mitry-Mory. Malgré le rejet par Conseil d’Etat du recours contre le projet (Revoir notre article), la Ville et l’association Non au CDG Express veulent « continuer le combat ». Elles appellent les habitants à s’exprimer en nombre lors de l’enquête environnementale qui se déroule jusqu’au 20 novembre.
Vendredi soir, devant quatre-vingts habitants, le maire de Mitry-Mory, Charlotte Blandiot-Faride, a tenu à faire le distinguo entre le Grand Paris Express et le CDG Express, « deux projets qui ne servent pas les mêmes intérêts ». Elle ajoute : « Mitry-Mory est la ville qui va subir le plus de nuisances avec l’arrivée du CDG Express et, pourtant, elle a encore été écartée pour recevoir une réunion publique avec les porteurs du projet. Je trouve cela assez scandaleux ».
Didier Le Reste, président de l’association Non au CDG Express, élu à la Ville de Paris, a exposé les grandes phases du dossier. Avec un temps de trajet de vingt minutes, le trafic du CDG Express sera assuré sept jours sur sept, la mise en service étant prévue pour fin 2023. L’ancien secrétaire national CGT des cheminots déclare : « Dès 2002, je me suis opposé à ce projet parce qu’il était présenté en PPP (Partenariat public privé). Or, on sait que c’est toujours le public qui finance et le privé qui encaisse les profits. On accélère le dossier en vue d’une future privatisation d’ADP (Ndlr : Aéroport de Paris) pour plaire à une clientèle de touristes et de privilégiés. Or, il y a cinq-cents chantiers ferroviaires programmés et les acteurs concernés s’accordent à dire qu’ils ne seront pas à même de les mener tous à bien ».
Le maire renchérit : « Le coût est évalué à 2,5 milliards. Avec un ticket à 29 euros, on ne peut plus parler d’usager mais plutôt de client. Il y aura un train toutes les quinze minutes dans les deux sens, soit 152 trains par jour. Au niveau des nuisances sonores, 115 habitations seront impactées, mais seulement treize recevront une aide à la sonorisation ».
Un mur anti-bruit de 430 mètres de long et de 2 mètres de haut, est prévu entre le 2 avenue de la Libération et le 14 rue Augustin-Pilardeau. « Pourquoi n’est-il pas prolongé ? » s’inquiète une habitante. La Ville demande que la SNCF finance les travaux d’isolation de façade de toutes les maisons concernées, ainsi que le prolongement du mur anti-bruit. Elle réclame également, au même titre que les autres communes, des mesures compensatoires pour la faune et la flore.
Entre 2019 et 2023, les RER B et les lignes K et TER Laon emprunteront des tronçons communs durant cinq semaines pendant l’été, soit une circulation sur deux voies au lieu de quatre. Durant cette période, le trafic sera interrompu quinze week-ends par an. « Nous demandons la réalisation en urgence de travaux pour rendre fiable la ligne du RER B, ainsi que l’amélioration de la ligne K » martèle Didier Le Reste. Les opposants proposent de doubler le tunnel entre la gare du Nord et la station Châtelet, de disposer de trains à deux étages pour le RER B, de boucler les deux branches de la ligne B du RER et le respect du calendrier de réalisation de la ligne 17.
« Pour sensibiliser nos instances dirigeantes, pourquoi ne pas les amener aux heures de pointe dans le RER B ? Vis ma vie, en quelque sorte » suggère une habitante de Mitry-le Neuf. « Je retiens votre idée d’inviter les principaux décideurs à Mity-Mory et, aussi, de leur faire faire un petit tour de voiture pour leur montrer combien, après la galère du RER B, il est difficile de rentrer chez soi » a répondu Charlotte Blandiot-Faride.
Le même soir, le conseil municipal de Villeparisis approuvait, avec des réserves cependant, l’autorisation environnementale relevant de la loi sur l’eau et la dérogation pour atteinte à des espèces protégées dans le dossier CDG Express. La question figure également à l’ordre du jour du conseil de Mitry-Mory, qui se tiendra mardi 13 novembre.