Les tensions géopolitiques dans le sud-est asiatique se sont invitées au conseil municipal de Bussy-Saint-Georges, mardi 6 novembre, où des membres de la communauté vietnamienne ont exprimé leur inquiétude face à un projet d’installation d’une « nation Kinh » dans la zone de la Rucherie.
Le public venu assister au conseil municipal, mardi 6 novembre, comportait de nombreux membres de la communauté vietnamienne de Bussy.
L’affluence a fait suite à la publication sur Youtube d’une vidéo d’une heure, tournée fin mai, montrant le maire, Yann Dubosc, et plusieurs membres du conseil municipal recevant des représentants chinois et vietnamiens de l’ethnie Kinh. Ces derniers venaient négocier l’achat d’une parcelle de trente-cinq hectares dans la Zac de la Rucherie, de l’autre côté de l’autoroute A4, pour la création de divers équipements et services (arts martiaux, culture, école de formation des élites, administration du peuple Kinh) et, selon un membre de la délégation, pour la « renaissance » du peuple Kinh.
Un échange tendu a opposé le maire, Yann Dubosc, et Chantal Brunel, conseillère municipale d’opposition, qui a déposé une question orale, discutée après la clôture de l’ordre du jour du conseil. Chantal Brunel interpelle le maire : « Qui est le groupe financeur ? Quelles garanties présente-t-il ? Quels sont les rôles et les rémunérations des intermédiaires, apparemment vos amis, que l’on voit dans la vidéo ? Vous les embrassez et vous les tutoyez. Est-ce le rôle de la mairie de Bussy d’intervenir dans le rassemblement d’une « nation Kinh » ? Comment et surtout est-il possible que sur un sujet de cette importance, le conseil municipal n’ait pas été consulté ni même informé et bien sur à aucun moment la communauté buxangeorgienne d’origine vietnamienne ? Je trouve cette attitude totalement méprisante à l’égard des Buxangeorgiens et de leurs représentants. Par cette cérémonie, vous manifestez un total mépris vis-à-vis des représentants des associations de Buxangeorgiens d’origine asiatique ».
Chantal Brunel précise que le terrain appartient à Epamarne et non à Bussy Saint Georges. Yann Dubosc lui répond : « Vous ne connaissez pas le dossier. Comment se passe une vente de terrain à un investisseur privé, Madame Brunel ? Une délégation vient à Bussy avec un projet à l’origine totalement économique. Le maire demande une lettre d’intention et des garanties financières. Ensuite le projet est présenté à Marne et Gondoire. Aucune lettre d’intention ni garantie financière n’a été présentée. Il n’y a donc aucun projet d’installation sur la Zac de la Rucherie. La cérémonie que l’on voit dans la vidéo n’engage pas la ville de Bussy-Saint-Georges. Il s’agit d’une cérémonie comme il s’en fait pour la réception de toute délégation ».
Les Buxangeorgiens d’origine vietnamienne venus assister au conseil ont vivement et bruyamment exprimé leur opposition au projet à l’issue du conseil en criant « A bas les Chinois ». Le maire a dû faire éteindre les lumières et évacuer la salle.
Nguyen Gia-Hien, un des manifestants originaire de Torcy, explique : « L’ethnie Kinh est une fable propagée par la République populaire de Chine au service de sa politique expansionniste. Cette tentative d’installation à Bussy-Saint-Georges vise à contrôler l’économie de l’Europe en injectant des fonds puis en menaçant de les retirer, piégeant ainsi les occidentaux ».
Pour les représentants de la communauté, un tel projet, s’il se réalisait, équivaudrait à l’installation « d’un Etat chinois dans l’Etat français, à 30 km de Paris ». Un des manifestants précise : « Ils veulent établir une micro nation Kinh (Viet) à Bussy qui serait chapeautée par la Chine ! Les Kinh ne seraient plus qu’une minorité ethnique chinoise qui reviendraient vers leur mère-patrie ».
Nguyen Hoai-Thanh, président de l’amicale des Vietnamiens de Bussy (AVB) indique dans un communiqué que son association « s’oppose à la désignation du peuple vietnamien par le terme « ethnie Kinh » car dans l’histoire du Vietnam, le peuple ou l’ethnie Kinh n’existe pas « . Pour l’AVB, il s’agit d’une « perversion de l’histoire par les organisateurs de la cérémonie dans un but politique bien précis ».