Janine Carnet a exposé ses tableaux au château de Brou-sur-Chantereine, dimanche 16 septembre. L’artiste fêtait aussi, ce jour-là, ses 86 ans.
« Une exposition dans le cadre des journées du patrimoine, dans un château du XVIIe siècle, le jour de mes 86 ans et avec toute ma famille autour de moi… que demander de plus ? » s’exclame Janine Carnet. L’artiste latignacienne a trois enfants, quatre petits-enfants et trois arrière-petits-enfants. Elle exposait cinquante-et-une œuvres de style abstrait dans les salles du rez-de-chaussée du château.
Venue de Chevreuse (Yvelines) en 2000, Janine peint depuis trente ans et a travaillé l’huile avant de passer à l’acrylique. Elle reconnaît que sa peinture est en relation directe avec ses émotions et ses passions. « Avant, j’étais gérante d’un théâtre à Paris. Mon envie de peindre est peut-être partie de là parce que le théâtre, c’est l’imaginaire, on y joue, et avec la peinture, on joue aussi. C’est une peinture du ressenti, j’y mets mes émotions. A chaque fois qu’il m’est arrivé quelque chose dans la vie, j’ai réagi par la peinture ; par exemple la mort de mon mari, avec la douleur, le chagrin, le manque de l’autre… ».
Carole, 45 ans, a visité l’expo avec sa fille, Jade, 16 ans, qui est en classe de première et se destine à des études dans l’art : « Nous venons de Montmagny, dans le Val-d’Oise et sommes hébergées chez une amie à Vaires-sur-Marne. J’aime beaucoup la période rouge de l’artiste ». Jade préférait quant à elle la période bleue : « J’y vois l’océan, des bateaux, des oiseaux, l’Antarctique aussi ».
Marc Thiébaut, l’un des propriétaires du château, explique : « Cela fait plus de vingt-cinq ans que nous ouvrons pour les journées du patrimoine. Le thème retenu pour cette année, toujours avec le concours de la municipalité, est la détente et le bien-être. L’an dernier, c’était le street art ». Dans la grande allée, une dizaine de stands accueillaient les visiteurs pour leur proposer de la réflexologie plantaire, du tai-chi-chuan, du yoga, des massages… Les écuries du poney d’or proposaient aux enfants des balades à dos de poney dans le parc. La restauration était au profit de l’association Le refuge, qui lutte contre l’homophobie et l’isolement des jeunes.
Claude, 59 ans, est venu de Chelles avec son épouse. « Nous ne connaissions pas cet endroit. C’est calme et magnifique. Nous avons pris le petit train et visité d’abord la glacière » confie-t-il.
Dans le parc du prieuré Saint-Joseph, la glacière, dont l’origine remonterait à 1640, était destinée à conserver les denrées périssables au frais, l’ancêtre du réfrigérateur en quelque sorte. Cavité empierrée d’un diamètre de dix mètres et d’une profondeur de vingt mètres, surmontée d’arbres pour garder la fraîcheur, elle servait aussi à conserver la neige recueillie durant l’hiver et à préparer les sorbets dont on raffolait à l’époque. D’abord dépendance du château, elle a ensuite été cédée en 1933 au prieuré Saint-Joseph.
On ignore la date exacte de sa construction car les archives ont en partie été détruites par les Prussiens en 1870. Situé juste au-dessus du fruitier, le pigeonnier, privilège seigneurial, daterait de 1548 mais le château a été édifié vers le milieu du XVIIe siècle par Paul-Esprit Feydau, intendant du roi. Il a subi des travaux tout au long du 18e siècle avant de devenir en 1844 propriété de Charles-Floréal Thiébaut, fondeur en bronze d’art à Paris. Classé monument historique en 1984, il appartient aujourd’hui à Béatrice du Pradel, ainsi qu’aux deux frères de cette dernière. Le château trône au milieu d’un parc arboré de douze hectares et sert de décor pour le tournage de films et de clips publicitaires. Claude Chabrol y avait tourné une réalisation pour la télévision, juste avant sa mort en septembre 2010.