L’inquiétude des riverains grandit face au squat de Roms dans la rue Joffre, à Thorigny-sur-Marne. Une réunion de quartier s’est transformée en réunion publique, mercredi 13 juin. Le maire a confirmé le départ des squatteurs avant le 30 juin mais n’a pas réussi à rassurer ses concitoyens, particulièrement sur « l’après expulsion ».
« A ce jour, mercredi 13 juin, l’expulsion du groupe de roms rue du Maréchal Joffre a été garantie par la sous-préfecture. La date n’est pas encore connue et elle ne sera pas communiquée publiquement » : c’est par une annonce qu’a débuté la réunion publique initiée par le maire, Thibault Guillemet, dans le préau de l’école Gambetta, devant près de quatre-vingts Thorigniens. Parmi eux, on comptait des riverains de la rue Joffre, qui ont vu s’installer illégalement, le 20 mai, une vingtaine de Roms dans la maison inoccupée. Avaient également fait le déplacement des résidents de la rue Paul Doumer, du parc des Samoreaux et de la rue du Haut-soleil.
Des participants ont demandé : « Comment les squatteurs sont-ils arrivés là ? » Le maire a répondu : « Quelqu’un a vendu l’information selon laquelle la maison était inoccupée. Ce genre d’adresse – il y en aurait une trentaine sur la commune – se monnaye dans le milieu du grand banditisme. Des squats sauvages, il y en a eu entre un et trois par an sur les dix dernières années, mais à chaque fois ils ont été résolus dans un délai raisonnable ».
Thibault Guillemet s’est voulu rassurant en exposant pendant une demi-heure, devant une assemblée attentive, toutes les mesures prises pour solutionner le problème avant le 30 juin. Une expulsion administrative a été demandée en urgence au préfet au motif de troubles à l’ordre public (insalubrité, insécurité, nuisances), un arrêté d’évacuation d’urgence a été signé par la municipalité et une procédure de « bien sans maître » a été lancée. Tous les acteurs ont été mobilisés : le commissariat de Lagny-sur-Marne, la sous-préfecture de Torcy, le notaire chargé du bien, les conseillers juridiques, les associations humanitaires, l’intercommunalité et le député, Jean-Michel Fauvergues.
Le guet du haut des arbres du parc
Cependant depuis le 20 mai, la situation s’envenime, comme en témoignent Christian et Isabelle* : « J’en ai vu grimper en haut de la cime des arbres du parc pour guetter les pavillons. Il était 5 heures du matin. Nous, on vit les volets fermés. On ne leur veut pas de mal, et on ne veut pas qu’ils nous en fassent ». Assise à côté, une cinquantenaire raconte : « Moi, je me suis fait toiser pendant trois quarts d’heure, alors que j’étais dans ma chambre et eux dans un arbre à quatre mètres ». Plus loin, une autre manifeste son ras-le-bol : « J’en ai marre d’être observée du matin au soir, dès que je rentre ou que je sors de chez moi ».
En retour, Thibault Guillemet s’est montré compatissant : « Je comprends que la situation soit de plus en plus difficile à supporter, mais il faut éviter les tensions de façon à ce que l’expulsion se fasse de manière claire et efficace. Ne vous exposez pas ».
Et après ?
Si expulsion il y a, la maison sera nettoyée, totalement murée et les accès condamnés, promet la municipalité. Les arbres seront coupés, l’électricité sécurisée et les rats éliminés. Il est conseillé aux habitants de se faire connaître auprès du dispositif Opération tranquillité vacances. La loi prévoit ensuite que les communes engagent un processus de relogement temporaire pour les squatteurs en ouvrant un lieu d’accueil. A Thorigny, ce sera le gymnase. Thibault Guillemet poursuit : « Il faudra toutefois envisager une sédentarisation via un logement passerelle pour ceux qui veulent s’intégrer. C’est un problème qui touche aussi les communes voisines et plus largement l’Ile-de-France. Il faut ensemble trouver une solution en matière de prévention et de relogement ».
Réunion politique
A la sortie, Evelyne, retraitée, ne semblait guère convaincue : « On n’a pas avancé depuis la dernière réunion du 4 juin. Je pars samedi en vacances et je ne suis pas rassurée pour autant, même avec une alarme ». Danielle, sa voisine d’en face, a tenu le même discours : « C’est pas la peur du cambriolage quand ils sont là. Le problème, c’est quand ils vont partir. Le maire s’est montré plutôt administratif et un peu trop politique aujourd’hui. Le 4 juin, on s’était dit qu’il avait compris, qu’il allait nous aider. Mais là, il a assuré ses arrières, sauf que moi je me fiche de ce qui va se passer dans deux ans pour les élections. C’est la protection que l’on cherche. Si en plus il les met dans le gymnase, alors c’est une opération blanche. On les aura toujours dans nos rues ».
Une seconde réunion publique sur le thème de la sécurité, à laquelle le député Jean-Michel Fauvergue sera convié, se tiendra dans quelques jours. Selon le maire, « le sujet doit être porté à l’Assemblée nationale pour permettre aux collectivités locales d’agir plus rapidement et plus efficacement ».