Moussy-le-Neuf ► Vingt-cinq sépultures de l’époque mérovingienne et des vestiges du haut Moyen Age retrouvés : visite en exclusivité

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Les archéologues s’activent à Moussy-le-Neuf. Ils travaillent sur le futur chantier de construction dont l’entrée se situe rue de Lamaze et qui doit accueillir un programme de logements par Kaufman & Broad Homes SAS. Les plus anciens vestiges retrouvés lors des fouilles datent de l’époque mérovingienne et sont à l’origine du village actuel. Deux points de vue sur le site seront ouverts au public dimanche 17 juin.

Les fouilles préventives menées par l’Inrap sur prescription de l’État (Drac Île-de-france), comme c’est toujours le cas avant d’échafauder une construction, ont été coordonnées avec le calendrier de l’aménageur des logements qui vont sortir de terre. Huit chercheurs ont ainsi investi les lieux pour effectuer les recherches et les couches successives de vestiges ont montré que l’endroit avait été habité du VIe siècle sans discontinuer jusqu’à la fin du Moyen Âge. Eddy Sethian, archéologue et chargé d’études sur le secteur de Seine-et-Marne, explique : « Le site est dense en vestiges archéologiques avec près de trois mille structures. Les fouilles sur la partie la plus ancienne sont presque terminées. Elles ont révélé un site datant de la période Mérovingienne. Nos recherches ont permis également de trouver des traces de greniers, d’un pressoir, de métiers à tisser ou encore de fours à pain ou à céramique et de silos à grains. Nous avons aussi vingt-cinq sépultures dont 75% d’enfants ». Qu’il s’agisse d’ossements humains ou animaux, de sédiments ou de graines, chaque élément déterré est scrupuleusement étiqueté, numéroté, répertorié et conditionné dans un sachet en plastique ou une boîte.

L’histoire de Moussy-le-Neuf au VIe siècle

La couleur de la terre, les vestiges et leur positionnement, tout est sujet à étude. François Gentili, docteur en archéologie médiévale, raconte : « Nos fouilles vont permettre de comprendre l’évolution du village au travers les siècles. C’est intéressant surtout pour les habitants qui ont toujours vécu à Moussy-le-Neuf, d’autant que nous savons que le village découvert sur le terrain a été habité du VIe au XIXe siècle. Nous avons une mission de service public et de médiation auprès de la municipalité, de l’aménageur et des habitants pour qu’ils comprennent l’importance de nos recherches. Nos fouilles vont permettre une reconstitution du village enterré. Chaque découverte nous renseigne sur la vie au quotidien des ancêtres moussignols ».  Pour étudier les couches de terre et sédiments, les archéologues ont utilisé la géomorphologie ou l’étude des reliefs et paysages pour reconstituer l’environnement de l’époque et expliquer son évolution.

Habitat à quatre ou six poteaux

Le terrain de la rue Pasteur a été quadrillé, numéroté, creusé et étudié. Eddy Sethian complète : « La plupart des vestiges étaient à moins d’un mètre de profondeur. Nous avons mis au jour des fonds de cabane à quatre poteaux, d’autres à six poteaux : il va falloir maintenant réaliser tout un travail d’interprétation pour visualiser les ensembles en hauteur. Quand on découvre des vestiges des poteaux qui soutenaient une maison, leur emplacement détermine l’orientation de l’habitat ou son altitude ». Les archéologues ont effectué des relevés aériens et topographiques pour déterminer la position des vestiges dans l’espace, les localiser et les dimensionner.

Méthode de datation

Les archéologues utilisent différentes méthodes de datation. Eddy Sethian précise : « Nous allons utiliser le carbone 14 mais aussi l’archéomagnétisme pour les fours, c’est-à-dire l’étude des empreintes du champ magnétique terrestre enregistré dans la dernière cuisson. Enfin les tessons de céramique retrouvés dans le terrain et les objets permettent de dater grâce à leurs formes qui évoluent dans le temps ».

L’Inrap

L’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) est un service de l’Etat qui réalise des diagnostics archéologiques (détections de sites) et la fouille archéologique est financée par l’aménageur.

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