Monsieur le maire, mes chers collègues,
Après le débat d’orientation budgétaire du 22 mars dernier, nous devons ce soir voter le budget 2018 de notre ville. Vous nous proposez une nouvelle fois, monsieur le maire, de nous prononcer sur un budget primitif avec la reprise anticipée des résultats de l’année précédente sans même avoir voté le compte administratif et le compte de gestion.
Pour commencer, je vais réitérer mes propos du débat d’orientation budgétaire sur le résultat de fonctionnement catastrophique de 2017, estimé à 210 281,71 euros. 400 000 euros de moins qu’en 2016 après une baisse de plus de 330 000 euros par rapport à 2015 ! Depuis votre élection vous avez divisé le résultat de fonctionnement par 6 ! En 2013, notre dernière année en responsabilité, le résultat de fonctionnement était de 1 167 025 euros. Je parle bien du résultat et pas de la gestion de la trésorerie, monsieur le maire. C’est le résultat de fonctionnement qui permet de dégager des marges de manœuvre en investissement, de s’endetter et de pouvoir rembourser les emprunts.
Nous dénonçons, depuis le compte administratif et les résultats de 2014, le laisser-aller des dépenses de fonctionnement qui pénalise les finances de notre ville. En quatre ans, vous avez augmenté les charges à caractère général et autres charges de gestion courante de 706 575 euros (+20 %) et la masse salariale de 1 315 807 euros (+29 %). C’est cette gestion calamiteuse des ressources humaines et des charges qui a dégradé les résultats de fonctionnement alors que les recettes ont augmenté de plus 1 000 000 d’euros malgré la baisse des dotations, grâce à l’augmentation de la population et à la dotation de solidarité de la communauté d’agglomération.
Monsieur le maire, la situation est grave. Vous avez certainement dû être réprimandé par la sous-préfecture pour que cette année, après quatre années de laisser-aller et de gestion qualifiée « à la petite semaine » par votre ancien premier adjoint lors de sa démission, vous vous attaquiez enfin à la réduction des dépenses de fonctionnement. Vous virez 600 000 euros à la section des investissements grâce à ces économies. Nous saluons cet effort mais il est insuffisant et nous désapprouvons vos arbitrages budgétaires qui en disent long sur vos priorités.
En effet, vous baissez la subvention du centre communal d’action sociale (CCAS) de 20 000 euros, sacrifiant ainsi l’accompagnement des Dammartinois victimes des difficultés du quotidien face aux accidents de la vie. Je salue d’ailleurs madame Rivet et je lui souhaite bon courage. Elle, qui est l’une des seules de votre équipe, monsieur le maire, à servir l’intérêt général et non à se servir.
Vous baissez les subventions aux associations de 44 000 euros, prouvant une nouvelle fois votre désintérêt pour le mouvement associatif, facteur de cohésion sociale, alors que notre ville est riche de la présence d’un tissu associatif dense qui témoigne de son dynamisme. Vous baissez le budget des fournitures scolaires de 10 000 euros alors qu’il y aura certainement plus d’enfants scolarisés dans nos écoles publiques à la rentrée 2018. Vous baissez les budgets de maintenance, d’entretien des voiries, des réseaux et des bâtiments publics de 110 293 euros alors que vous n’avez de cesse depuis quelques mois de dénoncer l’état des bâtiments publics… Faites ce que je dis, pas ce que je fais !
Le vrai problème, monsieur le maire, c’est votre gestion des ressources humaines. Malgré la baisse de la masse salariale de 200 000 euros prévue cette année, le ratio masse salariale/dépenses de fonctionnement est mauvais : 57 %. Comment peut-on avoir un tel ratio alors que les effectifs des policiers municipaux sont incomplets, qu’il y a moins d’animateurs dans les écoles après l’abandon de la réforme des rythmes scolaires et que certains travaux d’entretien sont externalisés ? Telle est la question.
Passons au budget d’investissement.
Pour les recettes, elles sont trop faibles à cause des résultats désastreux de 2017, malgré les 600 000 euros de virement de la section de fonctionnement et le transfert de 800 000 euros des 3 671 000 euros empruntés prématurément en 2016 pour le budget du pôle de santé. Cet emprunt était une erreur de gestion alors que le début des travaux du pôle de santé est encore repoussé. Nous en reparlerons lors du vote du budget du pôle de santé lors d’un prochain conseil.
Pour les dépenses, vous prévoyez 700 000 euros pour la voirie. Comme je l’ai dit lors du débat d’orientation budgétaire, non seulement ce n’est pas assez, mais surtout cela ne compense pas le manque d’investissement dans les voiries depuis le début de votre mandat. Chacun peut en témoigner. Il suffit de se promener dans notre ville. Vous budgétez enfin la première tranche du nouveau cimetière en face du complexe sportif Roland Moriceau. Nous avions acheté les terrains lorsque nous étions en responsabilité et comme je l’ai dit également lors du débat d’orientation budgétaire, c’était déjà une urgence en 2014, il n’est jamais trop tard.
La seule autre opération d’équipement conséquente à plus de 300 000 euros est édifiante. Ce sont les 553 081,84 euros consacrés à l’aménagement du bâtiment Louis-Lumière. Cet investissement en dit long sur votre gestion de la commune et votre manque de vision et de cohérence sur le développement de notre ville… Depuis votre élection, vous naviguez à vue sur la gestion des services municipaux, de déménagement en déménagement… Vous allez enfin fermer l’annexe au 103 de la rue du Général de Gaulle. Il n’aurait jamais fallu l’ouvrir alors qu’il y avait de la place aux services techniques, rue Ganneval, de la place à la mairie centrale, de la place dans le bâtiment Louis-Lumière et maintenant de la place à l’ancienne trésorerie. Nous avions contesté cette installation. Nous n’avions pas été entendus. Cet épisode malheureux aura coûté au moins 400 000 euros d’argent public ! Monsieur le maire, vous avez le devoir d’optimiser l’utilisation des bâtiments publics. Vous avez fait le choix de reporter sine die la construction de la nouvelle mairie à cause de la dégradation de la situation financière de notre ville depuis que vous êtes en responsabilité.
Les Dammartinois méritent une nouvelle mairie moderne, fonctionnelle, accessible aux personnes à mobilité réduite et adaptée au fonctionnement d’une commune de plus de 10 000 habitants. Les installations actuelles des services municipaux ne peuvent être que provisoires. Je veux rappeler ici que nous avions prévu la construction d’une nouvelle mairie dans le parc de la Corbie, en partie financée par la vente des bâtiments des services techniques de la rue Ganneval. Monsieur le maire, l’étude est dans vos tiroirs. Il suffit de la ressortir et de la réactualiser. Vous avez annoncé, monsieur le maire, lors de la commission urbanisme, la semaine dernière, que non seulement vous allez transférer des services municipaux au premier et au second étage du bâtiment Louis-Lumière mais également au rez-de-chaussée. J’ai cru à une blague, et j’ai demandé à Romain Legras qui était présent à cette commission de répéter pour être sûr d’avoir bien compris. Comment, monsieur le maire, pouvez-vous prendre une telle décision après avoir abandonné la salle de spectacle et de cinéma et l’espace commercial à côté de l’école Henry-Dunant ? Cette absence de vision et cet immobilisme seront les marqueurs de votre mandat.
Je vous demande solennellement au nom de notre groupe, de ne pas fermer la salle Louis-Lumière et d’optimiser l’utilisation des bâtiments actuels pour faire des économies en attendant la construction d’une nouvelle mairie.
Pour finir sur les investissements, nous n’avons définitivement pas les mêmes priorités. Il ne suffit pas de proclamer, de claironner, il faut budgéter ! Vous proposez zéro euro pour les bâtiments « enfance », zéro euro pour le développement durable, zéro euro pour le complexe sportif Jesse-Owens, 5 500 euros pour les bâtiments socio-culturels, 13 000 euros pour les espaces verts et seulement 110 450 euros pour les bâtiments scolaires, soi-disant votre priorité des priorités !
Dans ces conditions, vous comprendrez, monsieur le maire, que notre groupe votera contre ce budget qui sacrifie à cause des résultats désastreux de 2017 le centre communal d’action sociale, les associations, la culture, les écoles et l’entretien du patrimoine public pour des investissements insuffisants, incohérents et indignes d’une ville de plus de 10 000 habitants.
Stéphane Jabut, conseiller d’opposition à Dammartin-en-Goële