Saint-Thibault-des-Vignes / Pomponne ► Berges de la Marne et camp rom : vingt tonnes de déchets évacuées

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Une trentaine de bénévoles se sont mobilisés, dimanche 4 mars, pour nettoyer les berges de la Marne qui longent la décharge de Saint-Thibault-des-Vignes, ainsi que le camp rom de Pomponne, installé près de l’autoroute A104.

Edouard Feinstein, 50 ans, président-fondateur de l’association Ose (Organe de sauvetage écologique) explique : « C’est une opération qui mobilise beaucoup de moyens car nous intervenons sur trois chantiers : l’ancien camp rom de Saint-Thibault, en bord de Marne, la décharge proprement dite et le camp rom de Pomponne ».

Aider les Roms à nettoyer leur camp

Installé depuis fin septembre, près d’un virage de l’A104, le camp rom comprend une trentaine d’occupants, dont pour moitié des enfants. Après la distribution de gants et de sacs, les écologistes les ont aidés à nettoyer leur camp, remplissant quatre camionnettes-plateaux qui ont déchargé leurs déchets dans quatre bennes de 20 m3, mises à disposition par la communauté d’agglomération de Marne-et-Gondoire, près de la déchetterie du Sietrem de Saint-Thibault. « Il faut aussi de les sensibiliser aux règles élémentaires de l’hygiène, leur dire que les enfants ne doivent pas traverser l’autoroute » ajoute Edouard, en distribuant bonbons, livres et jouets aux enfants agglutinés autour de lui.

« Je veux changer l’image des Roms »

Madalina Marin, 21 ans, sert de traductrice et incarne l’intégration réussie. Elle travaille en mission civique aux Enfants du canal, une association parisienne d’aide aux sans-abris. « Avant, je vivais comme eux et puis, à l’âge de 9 ans et demi, j’ai rencontré Edouard lors d’un nettoyage des berges de la Seine. Aujourd’hui, je veux changer l’image que les Français ont des Roms : des voleurs et des pollueurs. Je veux que mon exemple leur serve pour qu’ils s’en sortent également car si on veut, on le peut » confie la jeune Roumaine.

Les berges de la Marne : un endroit sensible

L’autre grand chantier se déroulait en face, sur la grande décharge de Saint-Thibault. Pour la première fois, un bateau du SIAAP (Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne) intervenait sur le site. « Les crues de la Marne ont déjà emporté de nombreux détritus et nous avons rasé les cabanes de l’ancien camp rom pour ne plus qu’ils s’y réinstallent car c’est trop dangereux » indique Edouard. Au cours de la matinée, le bateau a rempli ses quatre bennes avec dix tonnes de déchets, avant de regagner son port d’attache à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

« L’amiante, on n’y touche pas »

Quatre jeunes de l’association Espoir-CFDJ (Centres familiaux de jeunes) sont venus du Val-de-Marne. « Je n’ai jamais vu une décharge aussi grande. Je me suis levé à 7 heures, un dimanche matin, pour venir aider Ose » s’exclame, hilare, Marwane, 13 ans. « Notre association intervient depuis plus de dix ans auprès des mineurs non accompagnés et des populations roms » précise Abder, éducateur de rue. « Ne ramassez pas ces plaques : il y a de l’amiante dedans » les prévient Denis Moulin, l’un des dirigeants de Ose. « La plupart des gravats entreposés ici proviennent d’entreprises du BTP qui ne veulent pas payer la déchetterie. C’est un problème récurrent » glisse Juliette Leroux, dirigeante également.

Noémie intervenait pour la deuxième fois sur la décharge théobaldienne : « Je viens de Paris et fais partie de l’association depuis 2008. Je préfère ramasser les déchets plutôt qu’ils ne finissent au fond des océans ».

Un combat de longue haleine

Au total, vingt tonnes de détritus hétéroclites ont été évacuées. Ose intervient depuis quinze ans sur Saint-Thibault et, grâce à elle, la décharge sauvage a diminué de moitié. « Une opération de cette ampleur n’aurait pu être possible sans l’aide de Marne-et-Gondoire, la préfecture de Région, du SIAAP, Conseil départemental de Seine-et-Marne, de Voies navigables de France, Port autonome de Paris, l’Agence de l’eau et Disney. Ce dernier nous reverse en effet 15 centimes d’euro par sac vendu sur son parc d’attraction » souligne encore Edouard, qui promet de revenir en juin.

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